RHÔNE En images : au cœur d’une écluse de grand gabarit
14 mètres de large sur 200 mètres de long et 16 de profondeur : l’écluse de Caderousse, en face de l’Ardoise, fait dans le grand gabarit.
« Il y passe des bateaux de tous types, des bateaux de commerce, des porte conteneurs et de plus en plus des bateaux de passagers », explique Emmanuelle Fourey, directrice déléguée industrie à la direction régionale d’Avignon de la Compagnie Nationale du Rhône (CNR).
95 000 éclusages par an
Et l’écluse est actuellement en pleine opération annuelle de maintenance, depuis dimanche soir et jusqu’à lundi matin. « Cette période est commune à toutes les écluses entre Lyon et la mer », note Emmanuelle Fourey. La CNR gère 14 écluses de grand gabarit sur ce tronçon, qui pratiquent 95 000 éclusages chaque année.
Alors la décision de couper le trafic fluvial sur le Rhône durant une semaine ne se prend pas à la légère et le choix de la date ne doit rien au hasard, affirme Emmanuelle Fourey : « la date de la maintenance est discutée avec les différents navigants deux ans en amont, pour leur laisser le temps de s’organiser pour planifier leurs propres opérations de maintenance, par exemple. »
400 personnes en tout, de la CNR et de ses sous-traitants, sont mobilisées toute la semaine sur toutes les écluses, dont une quarantaine sur celle de Caderousse.
Ici, il est notamment question de changer les rails de l’immense porte aval de l’écluse, qui fait environ 15 mètres de large par 15 mètres de haut sur un gros mètre d’épaisseur, ou encore de remplacer les galets de la porte.
Pas question de prendre du retard
L’ensemble de l’écluse est minutieusement inspecté, y compris toutes les galeries qui la parcourent et dans lesquelles se trouvent entre autres les vérins qui commandent les vannes d’évacuation de l’eau de la cale.
Et pour tout vérifier il faut d’abord vider complètement la cale, ce qui n’est pas une mince affaire quand on doit garder les portes ouvertes… Il faut donc poser des batardeaux à l’aide d’une grue aux deux extrémités de la cale.
Le fait de vider la cale « permet également de faire de la maintenance approfondie de parties qui ne sont pas visibles le reste de l’année lors des passages de bateaux », détaille Emmanuelle Fourey. « Par exemple, on a évacué 10 mètres cube de vase dans et autour de la porte aval », complète Pascal Moniot, cadre maintenance chargé de la coordination de l’arrêt de navigation.
Des travaux de maintenance tributaires aussi en partie de la météo : « on a un service météo interne à la CNR, et on peut prendre la décision d’écourter une journée de chantier si les conditions météo ne sont pas bonnes, précise Emmanuelle Fourey. Par exemple, si le vent est trop fort, ça pose problème pour la pose des batardeaux. » Pas question pour autant de prendre du retard : « le trafic doit reprendre lundi matin, quoi qu’il arrive. »
Et aussi :
Comment ça marche ? : tout d’abord, précisons qu’il y a un différentiel de 10 mètres entre l’amont et l’aval de l’écluse. L’écluse fonctionne dans les deux sens, et ressemble à une sorte d’ascenseur naturel. Quand un bateau descend le Rhône et arrive dans la cale, les portes se ferment et des pompes évacuent des milliers de mètres cube d’eau de l’autre côté de l’écluse pour faire baisser le niveau de 10 mètres. Ceci fait, la porte aval s’ouvre, permettant le passage du bateau.
C’est presque pareil dans l’autre sens : la porte aval s’ouvre, le bateau rentre dans la cale et des vannes situés en bas tout le long de la cale, s’ouvrent. L’eau pénètre dans la cale et fait automatiquement monter le bateau de 10 mètres. Durant toute l’opération, le bateau peut s’amarrer sur des points d’ancrage qui suivent le niveau de l’eau, afin de limiter le tangage.
Dans un sens comme dans l’autre, l’opération dure une vingtaine de minutes et elle est entièrement pilotée depuis Châteauneuf-du-Rhône, dans la Drôme, mais chaque écluse dispose d’un poste de pilotage lui permettant de prendre le contrôle si nécessaire. Précisons enfin que le passage est gratuit pour les navigants.
L’usine de production d’électricité : l’écluse est mitoyenne d’une usine de production d’électricité. 6 turbines sont disposées le long du barrage et produisent en moyenne 840 millions de kWh par an. Les grands portiques qui surplombent le barrage et la route servent aux opérations de maintenance de l’usine.
Thierry ALLARD