RING POLITIQUE Patrick Malavieille (PCF) : "Je suis un peu roublard"
Le maire PCF de la Grand-Combe et vice-président du Département passe sur le ring d'Objectif Gard ! Chaque mois, votre journal vous propose une interview complète d'une personnalité politique autour de trois thématiques : personnalité, thématique politique et quiz sur le Gard. Premier numéro, ce matin 7h. Deux prochains rendez-vous sont au programme : à 13h et 16h. Restez connectés !
Objectif Gard : Vous n'êtes pas un communiste comme les autres…
Patrick Malavieille sourit : On me le dit souvent. Des citoyens ou institutionnels me disent que s'il y avait plus de communistes comme moi, notre parti aurait davantage d'adhésion.
Cependant, ce n'est pas l'opinion de tous vos camarades.
C'est vrai qu'il y a quelques tensions avec certains communistes qui pensent, peut-être, que je suis plus social-libéral que communiste. Mais je suis communiste ! Je suis pour un changement de système alors que le Parti Socialiste, lui, reste une formation politique qui veut accompagner ce système.
Parlez-nous de votre engagement, quand et comment avez-vous adhéré au PCF ?
Je suis venu à la politique par l’éducation populaire. Quand j'étais jeune, j’étais responsable associatif du quartier de Trescol à la Grand-Combe. À l'époque, le PCF était la première force politique sur le territoire. Il y avait eu les grandes grèves des mineurs en 81 et les premiers résultats obtenus : 300 embauches à la mine. C'était le résultat d'une action politique, syndicale mais surtout collective. Et puis, j'ai rencontré des personnes formidables comme l'ancien secrétaire de section de la Grand-Combe Edon Arcangioli. Ils font partie de deux qui m’ont demandé d’être candidat à 20 ans. J'ai été élu pour la première fois conseiller municipal à 33 ans.
Finalement, votre adhésion s'est faite plus par amitié que par philosophie ?
Oui, voilà. Vous savez, moi, j’ai eu une éducation religieuse. Mes parents étaient très croyants, j'aillais au catéchisme et j'étais même enfant de coeur. Pour moi, Jésus est le premier des communistes… Ce que je dis là pourrait en faire bondir quelques-uns !
En revanche, il y a quelque chose de pas très catholique dans vos positions au Département : la suppression de 70 postes par an et la hausse de l'abonnement de la carte de transport scolaire... Ce n'est pas très communiste !
Lorsque l'on est en situation de gestion, et encore plus aujourd'hui au Département où nous sommes en Majorité relative, nous devons faire des compromis et des concessions. Des concessions à la droite, parce que nous n'avons pas la majorité. Des compromis, avec nos partenaires de gauche, parce que nous ne sommes pas les seuls à être aux affaires.
Sur la question des transports, la carte passe de 30 à 70 €. Je rappelle que la droite avait demandé 110 € ! Nous ne l'avons pas fait. Par ailleurs, en plus de cette hausse nous avons développé un nouveau service : les jeunes qui empruntent le réseau Edgard pourront le faire en dehors des périodes scolaires. Vous savez, je dis souvent que je suis pour la politique des petits pas, en se fixant des objectifs et en avançant.
Quelles sont vos relations avec la frange dure du PCF Gardois ?
Je dois beaucoup au PCF, à ses militants, à la structure. Ceci étant, il vient des périodes d'émancipation. On évolue en fonction aussi de l'évolution de la société. Avec certains de ces communistes, on peut avoir des points de désaccords. Vous savez, au PCF, on a la culture du débat, mais quand les débats ne vont que dans un seul sens… Alors, c'est bien de vouloir changer le système, mais on ne peut pas le faire en dehors de la société.
Finalement, vos ennemis politiques sont au sein de votre propre camp ?
Je n'ai pas d'ennemis. Je n'aime pas ce terme. J'ai des adversaires politiques à l'extérieur et des incompris à l'intérieur…
Citez-nous une de vos qualités et un de vos défauts ?
J'ai le soucis du travail bien fait et je suis un peu roublard.
Roublard ?
Il prend une minute et répond : les petites joutes avec Bouix (conseil municipal d'opposition UDI à la Grand-Combe) ne me déplaisent pas. Parfois, j'aime bien la mise en scène...
Vous êtes également têtu. Pour les Départementales, vous avez tout fait pour que Martine Gayraud, ancienne secrétaire départementale PCF, ne soit pas votre binôme… Pourquoi ?
La fédération a voulu m'imposer une nîmoise dans le canton de Grand-Combe (…) Moi, j'ai préféré travailler avec Isabelle Fardoux-Jouve, pour des raisons d'orientation politique. Nous sommes sur la même longueur d'onde concernant la nécessité du rassemblement de la gauche, qui comprend le Parti Socialiste. Martine Gayraud, c'est différent.
C'est-à-dire ?
Ce n'est pas une personne facile. Quand elle était secrétaire départementale, Martine Gayraud avait critiqué la participation des communistes à l'exécutif. Elle avait également appelé à ne pas voter le budget.
Reconnaissez que vous avez une poigne de fer ?
Poigne de fer, je ne sais pas. Mais il faut exercer l'autorité. Si vous voulez être respecté par vos pairs et institutions, ça ne va pas sans l'autorité.
Enfin, vous courrez votre dernier mandat à la Grand-Combe. Comment envisagez-vous la suite ?
Il y a un début et une fin à l'engagement public. Je ne suis pas vieux, mais quand j'aurais terminé, j'aurai fait 40 années de mandats électoraux. Il est temps de passer la main.
Coralie Mollaret