SAINT-ÉTIENNE-DES-SORTS Ambiance délétère au conseil municipal
Depuis juin dernier, la maire de Saint-Étienne-des-Sorts, Patricia Garnero, n’est plus majoritaire, suite à une élection municipale partielle. C’est dans ce contexte que l’ancienne opposition, désormais majoritaire, a fait organiser un conseil municipal extraordinaire ce vendredi, qui a été surtout l’occasion de régler des comptes dans une ambiance digne du far-west.
Les pas loin de 600 habitants de Saint-Étienne-des-Sorts n’étaient pas dans le public du conseil municipal ce vendredi, de toute façon ils ne seraient pas tous rentrés dans la petite salle de la mairie, mais il n’y avait plus une chaise de libre. Il faut dire que l’ordre du jour promettait, puisqu’il s’agissait à la fois de reparler de la convention du parc médiéval, pour l’instant au point mort, mais aussi de retirer un certain nombre de ses délégations à la maire, de revoir la composition des commissions ou encore de lancer un audit financier.
Bref, il y avait matière à constater l’ambiance délétère qui règne au sein d’un conseil municipal plus divisé que jamais, perclus de rancœurs, comme les attaques personnelles qui ont ponctué la séance l’ont démontré. Les débats ont commencé par un retrait, celui de la délibération portant sur le terrain du parc médiéval. Un avenant a été signé par Patricia Garnero, et la nouvelle majorité estime ne pas avoir tous les éléments en sa possession. « Désolé pour les non-Stéphanois venus pour cette délibération, merci d’avoir pris de votre temps », lancera, goguenard, le premier-adjoint Didier Bonneaud au public.
Ça ressemblait à une balle perdue, mais ce n’était rien en rapport à ce que ce sont envoyé les élus. La nouvelle majorité a ensuite voté le retrait d’un certain nombre de délégations du maire, entre autres sur les marchés publics, la création de régies comptables, les concessions au cimetière, l’exercice du droit de préemption, la création de classes à l’école ou encore la possibilité d’intenter des actions en justice au nom de la mairie.
« La conséquence de cette décision sera de multiplier par deux ou par tous le nombre de conseils municipaux, elle expose la commune à un risque de blocage », tentera Patricia Garnero. « La finalité est simplement de repasser par le conseil municipal », répondra sèchement Didier Bonneaud, qui invitera le conseil à « trouver une méthode de convergence ».
Vu la tournure des événements, ce n’est pas gagné. Didier Bonneaud estimera qu’il est « regrettable d’arriver à une situation où on force la main », avant que les deux camps ne s’écharpent sur les horaires des différentes réunions. On vous passe les détails, la délibération passera avec les huit voix ''pour'' de la nouvelle majorité, et les sept voix ''contre'' de l’ancienne.
« Vous avez mal compris le message des Stéphanois »
Vient ensuite l’audit financier, demandé donc par la nouvelle majorité pour la période commençant en 2020, histoire d’avoir « un point zéro », selon Didier Bonneaud. « Je n’ai rien à cacher, par contre je demande à ce qu'on fasse cet audit à partir de 2014 », répondra la maire. Refus catégorique du premier adjoint : « Tu aurais dû le faire en début de mandat. » « Je le ferai sur mon argent personnel », répondra la maire, « tu peux, tu es la seule à être rémunérée ici », lui lancera Didier Bonneaud. Huit contre sept itou.
Puis les commissions communales, dont la nouvelle majorité veut revoir les compositions, ce qui serait illégal d’après la maire. Une maire qui soupçonnera la nouvelle majorité de viser une élue en particulier : « Si tu veux enlever Emmanuelle Stoppani de la commission école, dis-le franchement », lancera-t-elle à Didier Bonneaud. « Nous verrons bien », glissera l’intéressé. Et lorsqu’il s’agira de voter pour ladite commission, la nouvelle majorité dira vouloir effectivement en sortir Emmanuelle Stoppani, lui reprochant « son attitude ».
« Un délit de faciès » pour l’intéressée, qui dénonce « une décision arbitraire et autoritaire » d’une nouvelle majorité qui « met des couteaux sous la gorge ». « Vous avez mal compris le message des Stéphanois le 19 juin, avec zéro élu de votre liste, le conseil municipal est souverain », rétorquera Didier Bonneaud dans une ambiance électrique, marquée aussi par des interventions d’un public divisé. Finalement, on ne comprendra pas vraiment si l’élue en question fait finalement toujours partie de la commission. D’après Patricia Garnero, oui.
Les autres commissions ne feront pas débat, et l’une d’entre elles, la commission culture, sera supprimée faute de candidat. Enfin, le conseil s’achèvera par le vote de deux motions adressées à l’Agglo du Gard rhodanien. Une pour que la digue du village soit prioritaire sur le budget 2023, et une pour que la priorité soit aussi mise sur la troisième tranche des travaux d’assainissement. Là encore les débats seront âpres, et tourneront rapidement aux attaques personnelles venues des deux camps, accusations de manigances et propos pas menaçants mais loin d’être amicaux.
De quoi faire dire à l’élue de la nouvelle majorité Maguy Combin que « un conseil municipal comme ça, je n’en ai jamais vu ». Une chose est sûre : ce n’est pas la meilleure publicité ni pour le village, ni pour la démocratie représentative.
Thierry ALLARD