SAINT-GILLES “Trois mois sans eau chaude, on en peut plus”
Les habitants d’une résidence de logements sociaux à Saint-Gilles n’ont plus accès à l’eau chaude depuis le 14 juin dernier. Enfants en bas-âge, personnes malades et âgées… Les résidents souffrent et Habitat du Gard les fait patienter depuis plus de trois mois.
Depuis le 14 juin 2024, 16 logements sociaux ont été privés d’eau chaude dans une résidence à Saint-Gilles. Cet événement vient s'ajouter aux nombreux problèmes que rencontrent les habitants depuis six mois. La vitre de la porte d’entrée est cassée, des fuites d’eau potable sont constatées au sous-sol et les lumières ne s'éteignent plus, ce qui se répercute sur les factures des locataires. De plus, la pompe de relevage du sous-sol est défectueuse par manque d’entretien, les pompiers ont dû intervenir le 26 juillet 2024. Et, depuis que les garages sont loués à des non-résidents, de nombreux vols et cambriolages ont été commis. “À chaque problème que l’on constate, nous contactons Habitat du Gard. On nous dit qu’ils vont venir regarder et réparer, mais rien ne change et les soucis s'accumulent”, témoignent les habitants.
“L’eau chaude est prélevée alors qu’on n'en a même pas”
Mehdi est père de famille, il habite dans cette résidence depuis une dizaine d'années. Depuis la coupure d’eau chaude, il contacte chaque semaine Habitat du Gard, son bailleur social. “Ils nous disent que la pièce qu’ils ont commandée met du temps à arriver, mais ça fait plus de trois mois. C’est très compliqué, car j’ai deux enfants en bas âge. Mes filles ont trois mois et deux ans. Il commence à faire de plus en plus frais dehors. Puis, nous continuons à payer nos charges, l’eau chaude est prélevée alors qu’on n'en a même pas”, assure Mehdi.
Monsieur Benelhaddad, résident du premier étage, témoigne : “Ma femme de 56 est atteinte de la maladie de Behçet, liée à l’inflammation des vaisseaux sanguins. Elle craint beaucoup le froid en général donc se laver à l’eau froide, c’est très difficile pour elle. Nous ne sommes pas en Afrique ici pour ne pas avoir accès à l’eau chaude.” Les habitants ne se sentent ni écoutés ni pris en considération. “On nous dit chaque fois « la semaine prochaine, c'est réparé » mais rien n'est fait. Trois mois sans eau chaude, on en peut plus ! Je suis obligée d’aller me laver les cheveux chez des amis”, explique une habitante.
Le bailleur social assume ces responsabilités
“La panne est essentiellement due au ballon collectif d’eau chaude qui fuit et un certain nombre de pièces devront être changées en même temps, notamment le ballon de 2500 litres, un circulateur primaire, un échangeur coaxial, deux anodes et trois appoints électriques. Les temps de commande-réception de la pièce principale est très long”, informe un expert d’Habitat du Gard. Dans le cas présent, l’entreprise chargée de l’entretien n’avait pas les compétences techniques pour réparer l’installation. Titulaire d’un marché public, Habitat du Gard est soumis à la juridiction publique. Le bailleur social a donc été obligé de faire appel à une autre société en respectant les procédures du code des marchés publics, et les délais sont très longs.
“Nous n’avons pas vocation à faire du profit, mais à loger des familles aux revenus modestes, pour des loyers très bas. Les seules ressources d’Habitat du Gard sont les loyers des locataires qui servent à entretenir le patrimoine, à faire des travaux d’amélioration de nos résidences, à rembourser les emprunts lorsqu’on construit une résidence, à payer les salaires de nos agents et les taxes”, soutient le bailleur social. Habitat du Gard assume toutes ces responsabilités sur la panne du ballon d’eau chaude. Face au désagrément subi par leurs locataires, la direction a décidé de procéder à un dédommagement de 100 € par mois sans eau chaude et par famille. Cette somme sera déduite des prochains loyers des locataires.
“Ça nous est égal d’être indemnisé, nous souhaitons juste avoir de l’eau chaude ! Et qu’ils arrêtent de nous donner des délais qui ne tiennent pas”, soutiennent les résidents. Habitat du Gard leur a transmis différents courriers officiels qui assurent la mise en place du ballon d’eau chaude collectif, avec chaque fois une nouvelle date. “D’après le fournisseur, la réception et la réparation sont prévues ces prochains jours", assure le bailleur à Objectif Gard. En espérant que l’eau chaude revienne au plus vite pour ces habitants qui attendent depuis plus de trois mois.