TOP DE L'ANNÉE Nîmes, Alès, Bagnols : le triomphe des maires sortants aux municipales
En ce dernier jour de l’année, il est plus que temps de dresser le bilan. Objectif Gard vous propose sa sélection de celles et ceux qui ont marqué 2014 pour le meilleur, et pour le pire.
Ils ont été réélus, et avec la manière : Jean-Paul Fournier (UMP, Nîmes), Max Roustan (UMP, Alès) et Jean-Christian Rey (PS, Bagnols) ont triomphé lors des dernières élections municipales.
Jean-Paul Fournier, gagnant sur tous les tableaux
« C’est inadmissible, la république est foulée au pied » : devant les grilles de la préfecture en ce 25 mars au soir, le maire sortant UMP de Nîmes et candidat à sa propre succession Jean-Paul Fournier est en colère. A l’intérieur du bâtiment, les candidates PS Françoise Dumas et Front de Gauche Sylvette Fayet tentent de déposer leur liste d’union pour le second tour, sans succès.
Il y a fort à parier que très vite la colère du maire sortant s’est transformée en sourire : le coup de théâtre inédit qui vient de frapper la gauche nîmoise lui offre un boulevard vers un troisième mandat. Déjà largement en tête au premier tour (37,18 % des voix), il ne laisse pas passer une si belle occasion et écrase le second tour avec 46,80 % des voix.
Pour la gauche nîmoise, la défaite est très amère : au vaudeville de la préfecture s’ajoute le fait de voir le candidat FN Yoann Gillet finir devant avec 24,41 %. Coup de grâce pour la députée Françoise Dumas, elle est doublée par Sylvette Fayet à l’issue du second tour (13,94 % contre 14,83 % pour la candidate Front de Gauche).
A 69 ans, Jean-Paul Fournier sort renforcé d’une élection qu’il n’a jamais semblé en mesure de perdre, et qui laissera des traces à gauche.
Max Roustan, habitué des victoires au premier tour
Pour Max Roustan, les dernières municipales n’auront été qu’une formalité. Un petit tour et c’est gagné, une habitude pour le maire d’Alès, 70 ans. Elu en 1995 de justesse, il a depuis été toujours réélu dès le premier tour, cette fois-ci avec 54,13 % des voix, un score quasi identique à celui de 2008.
De quoi être satisfait, d’autant que les opposants de gauche, que ce soit Jean-Michel Suau (Front de Gauche) ou Benjamin Mathéaud (PS) sont relégués largement derrière, avec respectivement 16,77 et 12,29 % des voix. Quant au FN, il frôle les 12 %, mais n’a pas été en mesure de jouer le rôle d’arbitre.
Alors Max Roustan savoure et lance sur le ton de la plaisanterie : « On repart comme en 40 ! Il faut que l’on soit prêt pour 2020. »
Jean-Christian Rey, la victoire malgré l’union de trois listes d’opposition
Les choses sont bien différentes à Bagnols. Le maire d’abord : Jean-Christian Rey est de l’autre bord politique que ses deux homologues nîmois et alésien, et il a l’âge d’être leur fils (44 ans). La situation ensuite : la campagne a été marquée par une alliance baroque entre trois de ses opposants.
Serge Rouquairol (UMP), Christian Roux (dissident de gauche) et Claude Jacquelin (sans étiquette) ont en effet décidé de faire une liste d’union entre les deux tours. Un véritable coup de poker à l’arrière-goût de « tout sauf Rey » qui surprend. Jean-Christian Rey accuse ses adversaires d’opportunisme et de faire le jeu du FN, crédité de 24 % des voix au premier tour : « Quand les électeurs voient que les hommes politiques sont prêts à tout pour se placer, cela renforce évidemment le FN. »
En fait, l’alliance semble avoir été le fruit d’un simple calcul plus mathématique que politique : en additionnant les voix des trois candidats à l’issue du premier tour, on atteint 37,1 %, là où Jean-Christian Rey fait 33,59 %. Mais la politique n’étant pas une science exacte, l’alliance contre-nature ne fonctionnera pas. Elle suffira certes à doubler un FN en stagnation (30, 07 % contre 25,72 %), mais pas à faire vaciller le maire sortant, confortablement réélu avec 44,20 % des voix. Pire, elle a sans doute remobilisé l’électorat de Jean-Christian Rey, qui a gagné plus de 10 % entre les deux tours là où les trois candidats en perdent 7. La victoire n’en sera que plus belle pour le socialiste : « C’est un soulagement après une campagne vraiment difficile. C’est important d’avoir une victoire si large avec près d’un électeur sur deux qui nous a fait confiance. »
Thierry ALLARD