UZÈS Le futur parking Pompidou fait débat au conseil municipal
Un parking, une piscine et même une école : le devenir du terrain de l’avenue Pompidou dont il était question mardi soir lors de la dernière réunion du conseil municipal d’Uzès a fait largement débat.
Pour démarrer par les faits, la délibération hier soir se bornait à l’achat des parcelles, au sud de l’avenue Pompidou et au nord du chemin de Nîmes, parcelles qui servent déjà de stationnement estival. Stationnement pour le moins bosselé, mais stationnement quand même. Il y en a pour 41 009 m2, que la ville, conformément à l’avis des Domaines, va acheter au prix de 32 euros le m2. On vous épargnera le calcul mental : ça fait 1,31 million d’euros.
Pourquoi acheter ces terrains ? « La ville envisage la création d’une zone dédiée aux équipements publics et équipements collectifs » sur ces parcelles, précise la délibération. Des projets déjà largement éventés. Y compris dans la presse... La mairie veut y implanter un grand parking, une école et pourquoi pas la piscine intercommunale, serpent de mer revenu dernièrement dans l’actualité.
« Je soutiens pleinement une politique d’acquisition foncière car c’est un moyen de traduire efficacement un projet de développement de la commune. Je suis en revanche totalement opposée à deux projets que vous prévoyez d’y installer », lancera l’opposante Lydie Defos du Rau, avant de dénoncer principalement l’idée d’y faire « un parking de 700 places ». Le maire, Jean-Luc Chapon, l’interrompra pour lui rappeler que « l’ordre du jour c’est l’achat du terrain. On aura le temps de débattre de ce qu’on aura le droit d’y faire. »
L’opposante lui répondra qu’il avait déjà évoqué ses projets pour le terrain dans la presse et que donc elle pouvait en parler. Elle reprendra donc en rappelant que le « le parking est contraire aux orientations prises dans le PADD (le Plan d’aménagement et de développement durable, ndlr) que nous avons débattu ici en 2017. Il ne prévoyait pas de création de parking. Il prévoyait en revanche un objectif de création sur la commune de 1 150 résidences principales dont 200 à 250 logements sur ce site du vieux chemin de Nîmes. » Et Lydie Defos du Rau de regretter de « sacrifier des espaces aussi précieux, à deux pas du centre-ville. »
Opposée au parking, l’élue sera réservée sur l’école, regrettant que « la primeur soit donnée à une école privée, Sainte-Anne, qui viendra avec cette école moderne concurrencer plus encore nos écoles publiques », et sur la piscine, appelant à « une réflexion plus approfondie. »
Dans l’autre groupe d’opposition, Jérôme Maurin, après avoir retracé l’histoire du terrain sur les vingt dernières années, rappellera que « d’après le Plan local d’urbanisme actuel, l’objectif de la commune était d’y réaliser un nouveau quartier à dominante résidentielle, avec zone d’habitation, maison de retraite, et de bureaux. » Comme Lydie Defos du Rau, l’opposant citera le PADD, qui est « bien dans cette ligne » lui aussi.
Donc pour lui, afin que la commune y implante un parking, une école et la piscine, « une modification du PLU est indispensable en y intégrant une réflexion générale sur l’ensemble de ces terrains », notamment concernant les voiries, les réseaux et l’intégration environnementale. Or, « rien de tout cela n’est prévu », affirmera Jérôme Maurin.
Conforme à son intervention rappelant que l’ordre du jour ne prévoyait de ne débattre que de l’achat des parcelles, Jean-Luc Chapon ne répondra pas aux prises de paroles de l’opposition. Il se contentera de mettre aux votes une délibération qui sera finalement votée avec 3 oppositions, celles de la liste de Christophe Cavard, et deux abstentions, celles de la liste de Lydie Defos du Rau.
Thierry ALLARD
thierry.allard@objectifgard.com
Et aussi :
PLUI d’éloges chez l’opposition : scène rare hier soir : on a vu des élus défendre le principe du PLUI, le Plan local d’urbanisme intercommunal, prévu par la célèbre loi ALUR. Une délibération consistant à s’y opposer officiellement était mise aux votes, et Lydie Defos du Rau, puis Christophe Cavard, en profiteront pour défendre le PLUI. « Les maires pensent perdre tout contrôle ce qui est une conception erronée, estimera la première. Le refus de toutes les communes s’explique essentiellement par la méconnaissance de cet outil. » L’opposante appellera à une présentation détaillée du PLUI, et affirmera qu'il est « un outil indispensable pour traduire un projet de territoire de manière efficace, cohérent et opérationnel. » Christophe Cavard embrayera derrière pour rappeler que la loi ALUR, il l’avait à l’époque « votée, comme Fabrice Verdier d’ailleurs (tous deux ex-députés, et Fabrice Verdier aujourd’hui premier adjoint, ndlr). » Christophe Cavard invitera « les élus et vous monsieur le maire à évoluer sur ce point pour que l’urbanisme soit travaillé à l’échelle de l’intercommunalité. » Jean-Luc Chapon répondra simplement que « nous souhaitons garder la maîtrise de notre PLU. » La délibération sera votée avec l’opposition de Lydie Defos du Rau et les trois abstentions de la liste de Christophe Cavard.
Un peu de lecture : si vous êtes arrivés jusqu’à ce point de l’article, c’est que vous savez lire, contrairement à Jérôme Maurin et Christophe Cavard. C’est en tout cas l’avis du maire qui, interpellé par les deux opposants sur le fait qu’il n’avait pas lu les « décisions du maire » en préambule du conseil, leur répondra que « puisque vous ne savez pas lire, je vais vous les lire. » Et le maire de se lancer dans une lecture extrêmement détaillée desdites décisions, bien plus détaillée en tout cas que le texte de la note de synthèse. Plus loin, Christophe Cavard, après avoir réaffirmé qu’il savait lire, remerciera le maire d’avoir détaillé, dans sa lecture, les nombreux dons des Amis du musée au musée, qu’il en profitera pour remercier itou. « Je vous remercie de les remercier », lui répondra Jean-Luc Chapon.