VAUVERT En désaccord avec la mairie, la Maison du coeur a perdu son toit
Véritable institution, la Maison du cœur de Vauvert, la friperie dont les bénéfices sont destinés à la distribution de denrées alimentaires, se retrouve à la rue.
Véritable institution, la Maison du cœur de Vauvert est principalement une friperie dont les bénéfices sont destinés à la distribution de denrées alimentaires à l’endroit des plus démunis. Grâce aux bénéfices réalisés sur la revente de vêtements de seconde main, l’association fournit depuis 20 ans des denrées alimentaires à l’attention des familles vauverdoises dans le besoin.
Colis alimentaires
Jusqu’au mois de mai, grâce aux bénéfices générés par la friperie située avenue Robert-Gourdon, les quatre membres du bureau de la Maison du cœur, ainsi que plusieurs bénévoles, achetaient tous les quinze jours des colis, cédés aux plus démunis pour la somme de 1,50 euro. Des colis qualitatifs, contenant des produits provenant des commerçants du territoire et de la Banque alimentaire : légumes surgelés, poisson, yaourts…
En 2020, l’association a distribué 3 000 colis à une soixantaine de familles, soit 120 personnes. Un chiffre qui a diminué depuis, selon Béatrice Marquez, à cause de l’abaissement du barème « reste à vivre » à environ 7 € par jour et par personne pour une famille au lieu de 10 € jusqu’alors.
Rayés des listes
Ainsi, la présidente de l’association a été amenée à refuser certaines personnes. « Nous avons refusé quelques personnes, et très peu. Mais ce qu’il faut pour nous attirer les foudres de la mairie qui nous a finalement imposé sa vision de l’aide alimentaire », lance la directrice de la Maison du cœur, démoralisée.
Béatrice Marquez confesse également avoir arrêté de fournir des bénéficiaires à qui la distribution quasi gratuite devenait routinière au bout de deux ans. « Nous ne sommes pas des distributrices d’aliments. Nous sommes en contact quotidien avec les bénéficiaires et nous discutons, soulageons, encourageons. Il y a des gens qui estiment que l’aide est un dû et qui se comportent très mal, c’est dur à avaler », lance Béatrice marquez.
Jean Denat passe à l'action
Mais du côté de la mairie, la sélection de quelques bénéficiaires ne passe pas. Ainsi, le maire de Vauvert Jean Denat a décidé de reprendre les choses en main. En 2023, il mettait un terme aux activités du centre social Rives, institution qu’il avait lui-même fondée il y a 24 ans. L’édile souhaitait élargir le nombre d’habitants ayant accès à la vie sociale en instaurant la Maison pour tous début 2024.
Même punition donc pour la Maison du cœur. Le maire a profité d’un changement de locaux, prêtés par la mairie à l’association, afin de lui imposer une convention qui la cantonnait à un rôle de friperie uniquement. Selon la mairie, malgré les prescriptions du CCAS, la Maison du cœur avait, par le passé, parfois dérogé sans concertation aux principes d’aide alimentaire d’urgence.
Restos du cœur à la place
C’est la raison pour laquelle Jean Denat a associé une demande de contrepartie à la mise à disposition de locaux, sous la forme d’une aide aux associations Vauverdoises choisies par la Maison du cœur, et non une aide individuelle.
Exit la distribution alimentaire pour la Maison du cœur, Jean Denat a accueilli les Restaurants du cœur et le Secours populaire à Vauvert au mois de juin. Béatrice Marquez ayant refusé la convention liée aux nouveaux locaux financés par la mairie, aucun accord n’a finalement été trouvé entre les deux parties. Ainsi, la Maison du cœur se retrouve aujourd’hui à la rue et recherche un local à louer.