ASSISES Richard Perez acquitté ce vendredi soir : 3 acquittements et deux condamnations
L'avocat général a requis, en fin de matinée, 30 ans de prison contre Jean-Baptiste Belliure, un homme suspecté d'être l'auteur de tirs sur un policier lors d'une nuit d'hiver 2013. Il a requis un acquittement pour tous les accusés concernant la tentative d'assassinat de Raymond Houlonne, mais retient l'association de malfaiteurs. Pour ce délit, il demande 8 ans contre Richard Perez et contre Hakim Hammad arrêté le soir des faits à Vacquerolles. 5 ans contre Robert Alouache.
Cinq hommes comparaissent depuis lundi devant la cour d'assises du Gard pour un dossier de "tentative de meurtre" sur un policier à Vacquerolles le 22 février 2013. Des policiers sont intervenus et ont empêché l'exécution de Raymond Houlonne ce soir-là.
Il mène les enquêteurs vers la galaxie Perez
« Je suis juste le chauffeur », déclare immédiatement Mammad, arrêté sur les lieux ce soir de février 2013. C’est cet homme, âgé d’une cinquantaine d’années, qui va amener les policiers dans la galaxie Perez en remontant les lignes téléphoniques et les liens personnels. « Si nous n’avions pas les noms de Perez et Houlonne, nous ne serions pas devant la cour d’assises dans ce dossier, mais devant le tribunal correctionnel », certifie le bâtonnier Patrick Gontard. Il poursuit : « Ces deux noms à Nîmes sont liés depuis de nombreuses années, ils attirent. »
Mammad a longtemps affirmé qu’il est venu sur les lieux pour surveiller, le visage dissimulé par une cagoule, le nouveau petit ami de sa compagne. Une version à laquelle n’ont jamais cru les enquêteurs qui imaginent, eux, que le commando était là pour exécuter celui qui était à l’époque considéré comme le parrain de Nîmes, Raymond Houlonne.
Onze ans après les faits, c’est-à-dire cette semaine devant la cour d’assises du Gard, Mammad livre une autre thèse… Il venait finalement détrousser un bijoutier nîmois qui vit près de chez Houlonne. « Un écran de fumée »(…) c’est du vent », peste l’avocat général.
Quoi qu’il en soit, immédiatement interpellé sur les lieux et après des tirs sur un policier, le fonctionnaire du ministère de l’Intérieur a indiqué que ce n’est pas lui qui a fait usage de son arme. Pour l’association de malfaiteurs reprochée et pour lequel l’avocat général réclame 8 ans contre Mammad, « il faudrait démontrer qu’il existe dans l’esprit de mon client une connaissance de la personne de Raymond Houlonne (...) Je demande la relaxe de Mammad car lorsque l’on condamne, on doit avoir des éléments probants, et là il n’y en a pas », tonne Me Patrick Gontard.
Belliure et les tirs sur le policier
Tout mène à Jean-Baptiste Belliure dans la tentative de meurtre du policier à Vacquerolles. Et pourtant il nie catégoriquement. « Contre monsieur Belliure, aujourd’hui on a requis 30 ans sur la base de la téléphonie et de l'ADN », affirme l’avocat de celui qui risque le plus dans ce procès puisqu’il a les plus lourdes réquisitions. « J’ai le sentiment que l’on vous demande de sacrifier un homme de 65 ans ». Son client a assisté aux débats judiciaires pendant quatre jours, mais il est en fuite depuis ce vendredi... « Monsieur Belliure c’est le parfait coupable, mais qu’est ce qu’on fait du troisième homme sur place le soir des faits ? », interroge son autre conseil. « Pour Belliure c’est une peine capitale. 30 ans pour un homme de 65 ans, c’est une mise à mort ! », estime l’avocat qui demande un acquittement au nom des nombreux doutes. « Trop de doutes sur sa présence sur les lieux, sur la téléphonie, sur l’ADN », enchaîne le pénaliste.
Alouache aux assises « pour un SMS auquel il n’a pas répondu »
Vient ensuite le tour de Robert Alouache, un casier à rallonge, un grand délinquant qui affirme être rangé de la criminalité depuis des années. Il nie lui aussi sa participation : « Je ne connais même pas Houlonne », a-t-il souligné à la barre. « Depuis le début, on nous dit qu'il y a tentative d’assassinat et aujourd’hui, onze ans après, il est dit qu’il n’y a pas de commencement d’exécution. (...) Aujourd’hui Alouache est là parce qu’il fait partie du casting, ce dossier c’est un film avec comme scénario l’histoire Perez-Houlonne », plaide maître Luc Abratkiewicz. « Si on n’apporte pas la preuve, s’il y a un doute, on ne condamne pas (…) C’est la première fois en 35 ans de métier que je me trouve aux assises pour des liens d’amitiés, un rendez-vous et un SMS », insiste le pénaliste montpellierain.
« Du côté de l’accusation, on se raccroche aux branches », enfonce Me David Metaxas, le second conseil de Robert Alouache... "L'acquittement requis par l'avocat général, ce n'est pas un cadeau. Il n'y a pas de preuves", estime l'avocat lyonnais.
Les enquêteurs aveuglés par la vengeance Perez-Houlonne
Puis, à 16h45, se lèvent les avocats de Richard Perez. Ce dernier pleure et enlasse sa maman qui essuie les larmes de son visage. Un moment d'émotion alors que Richard Perez, qui n'a jamais caché ses précédentes condamnations, crie à son innocence dans cette tentative d'assassinat de Raymond Houlonne.
"Ce dossier c'est l'anatomie d'une chute, pas celle de Richard Perez, celle d'une enquête, celle d'une instruction, celle d'une accusation", détaille maître Gilles Gauer. "On veut se faire des gros poissons et là ils en ont un. Et tout démarre par un article de presse. (...) La directrice d'enquête, aveuglée par cette piste de la vengeance Perez-Houlonne, ne s'intéressera jamais aux autres pistes", notamment la piste évoquée par maître Gauer en début de procès, celle de deux hommes bien connus de la Justice qui font des repérages du domicile de Raymond Houlonne à Vacquerolles quinze jours seulement avant les faits. Des hommes qui n'ont jamais été inquiétés et qui n'ont jamais vu un policier pour s'expliquer sur cette "surprenante" présence en repérage devant l'immeuble du parrain de Nîmes.
"C'est un dossier qui débute par une rumeur, suivi d'une conviction policière", dénonce l'autre avocat de l'ex-roi des poubelles, maître Fabien Perez de Marseille. "On est dans le marigot nîmois, les services de police n'ont pas ouvert les autres portes", ajoute-t-il. "Vous n'avez aucun élément pour entrer en voie de condamnation".
"Qu'est ce qu'il reste dans ce dossier ?", relance Me Gilles Gauer pour Richard Perez. "J'aurais aimé avoir à l'audience monsieur Houlonne, ou encore monsieur Sorlin qui s'amuse à diriger les pistes vers nous", accable en distillant les nombreuses lacunes du dossier le pénaliste héraultais. "Vous acquitterez monsieur Perez car dans ce dossier nous avons des doutes qui sont plus que raisonnables", conclut Maître Gauer.
Avant de partir délibérer, les accusés ont eu la parole en dernier. Hakim Mammad a souhaité compléter : "En aucun cas je n'ai participé à une association de malfaiteurs. Nous sommes trois amis et nous essayons de nous en sortir", estime cet homme.
Richard Perez a pris la parole en dernier : "Je suis innocent. Sur la tombe de mon père je n'ai jamais commandité ou payé qui que ce soit pour assassiner" Raymond Houlonne. Les jurés gardois sont partis délibérer ce vendredi à 17h30. Le verdict est attendu dans la soirée...
Après cinq heures de délibéré, la cour d'assises du gard a rendu son verdict vendredi soir à 22h30... Belliure est condamné à 15 ans pour association de malfaiteurs, un mandat d'arrêt a été délivré contre lui car il est en fuite depuis vendredi matin. Hakim Mammad est condamné à 12 ans pour l'association de malfaiteur, il est placé en détention ce vendredi soir.
Richard Perez, Robert Alouache et Djemel K sont acquittés après 11 ans de procédure pour la complicité de tentative d'assassinat de Raymond Houlonne et relaxés aussi pour l'association de malfaiteurs. Ils sont totalement innocentés.