ASSISES Richard Perez : "Je suis innocent de la tentative d'assassinat d'un inconnu"
La cour d'assises a abordé les faits et l'interrogatoire des cinq accusés lors de cette après-midi de jeudi. Le procès reprend demain avec les plaidoiries et les réquisitions.
"Complicité de tentative d’assassinat", c’est le crime reproché à Robert Alouache. Un pedigree du grand banditisme qui passe sa vie entre infractions et peines de prison. À l’audience de la cour d’assises du Gard, il ne se fait pas passer pour un perpétuel innocent et avoue de nombreux passages à l’acte. Mais pour l’affaire nîmoise de "complicité de tentative d’assassinat" sur Raymond Houlonne, il jure ne pas avoir mis un doigt dans cet engrenage. « Un homme authentique monsieur Alouache », selon son avocat, malgré son casier qui ne plaide pas en sa faveur. Mais Alouache est droit dans ses bottes : il n’a pas participé ni de près ni de loin à cette soirée du quartier de Vacquerolles, à Nîmes le 22 février 2013, où le parrain était attendu, selon l'enquête, pour une exécution qui a avorté grâce à l'intervention des policiers.
Certes Alouache, le Lyonnais, rencontre à Lyon Richard Perez qui vit dans le Rhône et un autre mis en cause dans le dossier gardois, la veille des tirs à Vacquerolles. Le jour des faits, il reçoit un message à 16h36 : « Je ne comprends pas le message et je rappelle le lendemain pour savoir si c’est à moi qu’il est destiné », complète-t-il à la barre de la cour d’assises du Gard. « Aujourd’hui, le mec qui a envoyé le sms vient vous dire je me suis trompé de destinataire et on ne le croit pas car il est envoyé à moi le sms et que je suis toujours un peu coupable de quelque chose », dénonce ce quinquagénaire. "Mais lorsque j'ai fait quelque chose, j'avoue et la je n'ai rien fait", poursuit-il
« Je vais monter, moi Robert Alouache avec le passé que j’ai, sur un assassinat avec mon téléphone personnel. Je suis un fou (...) Vous me pourchassez depuis 11 ans et demi pour un sms qui n’était pas pour moi », enfonce Robert Alouache à l’adresse de l’avocat général. "Je suis sur écoute, c’est la procédure normale et vous n'avez rien d'autre contre moi », raconte fataliste ce bandit de grand chemin qui évoque son passé mais ne veut pas prendre pour « ce que je n’ai pas fait ».
« Sur Raymond Houlonne, que savez-vous de lui ? », interroge la présidente Laurène Dorlhac. « Je ne le connais même pas et Richard ne m’a jamais dit qu’il avait payé quelqu’un ou qu’il voulait tuer cet homme (...) c’est un mec droit Richard, il ne va pas me faire un truc à l’envers », glisse Alouache. Il reprend : « Jamais dans sa bouche il ne m’a dit qu’il suspectait Houlonne de la mort de son père », confie Robert Alouache à une question des magistrats. « Si Perez était le commanditaire, il me l’aurait dit », certifie ce proche de Richard Perez.
Richard Perez à la barre
C’est enfin au tour de Richard Perez de venir à la barre raconter sa vérité. « Je suis innocent », un terme qu'il aura scandé durant toutes les journées d'audience. "Je suis innocent, mes amis sont innocents, de la tentative d'assassinat d'un inconnu... Et oui Houlonne il n'est pas là, il n'est pas partie civile, j'aurais aimé qu'il vienne".
"On ne va pas passer par quatre chemins, qui est pour vous Raymond Houlonne ?, demande la juge qui essaie d'emmener Perez sur le conflit qui l'oppose au parrain de Nîmes et qui aurait pu décider Perez de passer à l'acte. « Avez-vous une intime conviction que Raymond Houlonne a une responsabilité dans la mort de votre père ? », complète la présidente.
« Je l’ai pensé très longtemps, il y a des doutes. Je n’y crois plus à ça », complète l'ex-roi des poubelles qui se dégage de cette route sinueuse et poursuit sur la vie ou plutôt la mort de son père. « J’étais en détention, je suis en cellule, et j’apprends sur France 3 que mon père est assassiné. Mon père est mort alors qu'il a toujours tendu la main à tous le monde, il n’avait de dettes avec personne, il a été assassiné devant mon petit frère de 11 ans. Moi le banditisme j’en a rien à foutre, je suis un travailleur", essaie de convaincre celui qui risque la perpétuité.
"Et quand avez-vu Houlonne pour la dernière fois ?", insiste la présidente Dorlhac. C'était quelques mois avant sa tentative d'assassinat.
Raymond Houlonne, c'est Huggy les bons tuyaux
"J’étais en train de faire mon footing chemin de la combe des oiseaux à Castanet, je vois quelqu’un sortir d'une voiture , c’était Raymond Houlonne. Il me dit il faut que l’on parle. Il me dit je t’interdis de venir sur Nîmes. Lui, c’est Huggy les bons tuyaux, il a les bons contacts. C’est le parrain, c’est le patron lui. Et lorsqu’il s’agit de moi, il manque toujours des témoins importants (...) Je ne suis pas jugé équitablement. Son fils à Houlonne c’est comme mon fils, ma fille aînée est amie intime avec le fils Houlonne".
"À l'époque des faits, avez-vous une raison d’en vouloir à Raymond Houlonne ? », insiste la présidente. « Pas du tout, je suis un petit artisan. Houlonne n’a jamais été licencié par mon père, il ne le côtoyait pas », balaie Richard Perez indiquant qu'il n'avait pas de griefs justifiant ce qui lui est reproché aujourd'hui devant la cour d'assises...
Un procès qui a été suspendu, ce jeudi à 20h40, après une très longue journée de débats. Il reprendra demain avec les plaidoiries et les réquisitions. Le verdict concernant les cinq accusés devrait tomber vendredi dans la soirée... Ou la nuit...