AU PALAIS Caméras espions : « À chaque fois que mes filles allaient à la douche, il sortait le chien »
Un bien étrange personnage que cet homme de 34 ans qui comparaît vendredi 16 septembre devant le tribunal correctionnel de Nîmes pour "voyeurisme aggravée sur des mineurs".
Le prévenu, longiligne, barbe bien soignée, avoue ne pas être attiré par les enfants et ne rien ressentir lorsqu’il voit des images d’enfants nus. Et pourtant, il a filmé au domicile familial, sa compagne et les filles de cette dernière sous la douche pendant près de huit mois, c'était en 2020. Des enregistrements vidéos et photographiques des trois filles de sa compagne. La plus grande des enfants n’a que 12 ans.
Des caméras cachées dans le radio réveil
Des images rendues possibles par de minuscules caméras espions glissées dans un radio réveil et dans un chargeur USB. Les fillettes ont découvert les caméras sans qu'elles ne sachent dans un premier temps comment le dire à leur mère. « Car cette dame se fait taper dessus par le prévenu au moindre petit problème familial », plaide pour les victimes maître Matthieu Cordelier du barreau d'Aix-en-Provence. D’ailleurs une autre affaire de violences conjugales est fixée devant le tribunal correctionnel dans quelques semaines. Elle concerne ce monsieur qui est accusé d'avoir frappé madame.
« Trois ans que je me lève avec ça que je me couche avec ça », évoque la mère de famille en pleurs et émue à la barre du tribunal. Elle se remémore les agissements de son ex-compagnon. « À chaque fois que mes filles allaient à la douche, il sortait le chien », se souvient cette dame brisée par les films enregistrés par celui avec qui elle partageait sa vie depuis six ans. "Il sortait le chien pour regarder en direct les petites filles nues ", complète le vice-procureur, Willy Lubin.
« On aimerait comprendre monsieur, vous dites que vous n’êtes pas attiré par les enfants et pourtant on trouve plus de 5 700 images de femmes et fillettes nues dans votre ordinateur, la plupart concerne des enfants d’ailleurs », interroge le président du tribunal Jean-Michel Pérez?
« Non je n’ai aucune attirance envers les enfants », certifie le prévenu. « Mais alors pourquoi filmer cette nudité, c’est l’intimité de vos proches ? », poursuit le magistrat.
"Monsieur est un pervers. Il se cache derrière la réalité"
« Ce matin je m’attendais à des explications, je suis déçu et la position du prévenu est incompréhensible. Il se défend comme il peut », estime le représentant du parquet de Nîmes. « Ses explications sont des mensonges car il dit qu’il a placé les caméras pour éviter les cambriolages et surveiller sa compagne pour savoir si elle le trompait. Il s’agit de mensonges, car à l’époque il était au domicile. Il ne travaillait pas et sa compagne était malade sur une longue période, au domicile aussi. De plus c’était le confinement. Il ressort de cette affaire que monsieur est un pervers. Il se cache derrière la réalité. Son objectif était de visionner ces images. Il a fait une fixation sur les mineures contrairement à ce qu’il prétend », accable le vice-procureur Lubin en réclamant 18 mois dont 6 mois assortis d’un sursis probatoire, avec obligation de soins.
"C'est un braqueur, voleur, mauvais garçon, mais pas un délinquant sexuel"
« Je ne vais pas minimiser, il a fait du mal à des enfants. En revanche je demande de ne pas maximiser dans ce dossier, enchaîne maître Thiphaine de Renty. Ce n’est pas un dossier d’agression sexuelle, de pédophilie, de violences, il n’y a pas de précédent. C’est un braqueur, voleur, mauvais garçon mais pas un délinquant sexuel, il n'est pas connu pour des affaires de mœurs. Ce n’est pas un dossier de diffusion d’images pédopornographiques ou de réseau, c’est un dossier de voyeurisme qui concerne des adultes et des mineurs », ajoute la pénaliste drômoise.
Le prévenu est condamné à 18 mois de prison dont 10 mois sous sursis probatoire durant deux ans. Sa peine de 8 mois ferme s'effectuera sous bracelet électronique. Il a l'obligation de travailler, de se soigner et d'indemniser les parties civiles.
Boris De la Cruz