AU PALAIS Papi pointe son arme contre ses jeunes voisins : « N’importe qui à ma place aurait fait pareil ! »
À cause d’un chien qui aboie trop, un conflit a pris des proportions inattendues entre un retraité de 70 ans et ses voisins, un jeune couple installé depuis quelques années dans la commune de Canaules-et-Argentières.
Ce samedi 27 juin, comme tous les samedis depuis des années, Guy rentre de la chasse à l’heure du déjeuner. Ce papi de 70 ans, dont les cheveux blancs contrastent avec sa mine rougeâtre, a bu un petit coup de trop ce jour-là. Et quand il aperçoit ses jeunes voisins à leur fenêtre, il explose. Depuis plus d’un an, ces derniers lui reprochent les aboiements de son chien, un animal abandonné que le septuagénaire a pris sous son aile.
« Ils m’attendaient tous les mercredis, samedis et dimanches. Ils m’injuriaient dès que je rentrais de la chasse parce que mon chien avait soi disant aboyé. Mais c’est normal qu’un chien aboie », explique Guy à la présidente du tribunal correctionnel d’Alès où il était jugé ce vendredi. À l’écouter, il serait la victime de voisins harceleurs.
Seulement, il a tendance à l’oublier, mais c’est bien lui l’accusé. On lui reproche, ce 27 juin, d’avoir pris une arme et d’avoir menacé le jeune couple : « Ils m’ont poussé à bout. Et puis de toute façon je n’allais pas tirer, je suis un chasseur », se défend-il, les mains dans les poches. Les victimes, elles, ont eu très peur et racontent leur calvaire à la barre du tribunal : « La vie est devenue un enfer le jour où il a mis son chien de chasse en bas de chez nous. Il aboyait sans arrêt ». Effrayé par Guy et ses armes – neuf fusils ont été retrouvés à son domicile – le couple a préféré quitter sa maison le jour même et n’y a plus jamais remis les pieds. Elle sera vendue deux mois après.
La juge, Amandine Abegg, tente de faire réaliser à Guy les conséquences de son comportement, mais le papi n’en démord pas, il n’a rien fait de mal. « Je ne suis pas très d’accord avec ce qu’ils ont dit. N’importe qui à ma place aurait fait pareil », persiste-t-il. Il n’y a rien à faire… « Il continue de faire porter la faute sur autrui », regrette le procureur Cyrille Abbé qui requiert 4 ans de prison avec sursis.
Pour la défense de Guy, Me Karim Derbal tombe des nues : « Je ne sais pas de qui on parle. D’un délinquant ? D’un criminel ? Ou de mon client avec 70 ans d’une vie où il n’y a pas une seule tâche ? Aujourd’hui, on le présente comme un danger public, comme le monstre qui fait régner la terreur dans le quartier, mais il a été poussé à bout », plaide-t-il en demandant à ce que le tribunal soit plus mesuré dans sa peine. Il est entendu puisque Guy est condamné à 2 ans de prison avec sursis, l’interdiction de détenir une arme pendant 15 ans et le retrait de son permis de chasse pendant 5 ans. Il devra enfin verser plus de 20 000€ à ses victimes.
Tony Duret