Pour la Justice, Allel est probablement mort. Disparu depuis l’été 2021, il n’a plus jamais donné de signe de vie. Cet homme d’une quarantaine d’années avait une relation amoureuse avec une femme de 75 ans... Josette*. Cette dernière était sous curatelle et sans descendant. Cette relation était mal vue par les proches de Josette et en particulier par Bernard, son cousin de 70 ans. Selon les enquêteurs, il ruminait l’héritage et le magot qui risquaient de lui passer sous le nez si la relation se poursuivait.

Est-ce le motif du crime ? Difficile d’y voir clair mais il apparait que le mas familial, situé dans la plaine de Beaucaire, serait l’objet du litige. Un domaine qui sert de salle de réception pour les baptêmes et mariages. « C’est un lieu prisé des gens des environs qui aiment ce côté camarguais », témoigne un habitant de Beaucaire rencontré à proximité du mas, mardi matin.

Un mas détenu en partie par Josette et l’autre moitié par Bernard. Le magot et l’héritage pourraient être le mobile de cette exécution. Car si Allel a disparu depuis l’été 2019, trois témoins dont un anonyme ont permis de faire avancer l’enquête du doyen des juges d’instruction de Nîmes.

Un renseignement au procureur pour un homme entravé

En novembre 2021, le procureur de Nîmes est destinataire d’un renseignement. Un témoin précise qu’en août 2021, c’est-à-dire trois mois auparavant, Allel a été conduit de force dans le mas. Bernard aurait été à la manœuvre, accompagné par deux hommes de main. Allel n’a plus jamais été aperçu depuis. Un peu plus tard lors de l’enquête, un autre renseignement sous X indiquera qu’Allel avait été emmené au mas, entravé, avant de voir le maître des lieux fermer les volets et rester plusieurs jours dans le noir avec sa victime.

De plus, le « disparu » de Beaucaire avait déposé plainte trois semaines avant sa disparition pour des menaces avec arme émanant de Bernard, 70 ans, et de son copain Henri, 71 ans. La police de Tarascon était intervenue ce soir-là. Les deux retraités ont été mis en examen ces derniers jours à Nîmes pour le meurtre et la dissimulation du cadavre du quadragénaire. De plus, les policiers ont déterminé que les téléphones d’Allel, de Bernard et d’Henri bornaient au même endroit à Bellegarde le jour de sa disparition, le 19 août 2021. Depuis c’est le silence total.

Le disparu introuvable avait l'habitude de ne pas donner de nouvelles

« Il avait l’habitude de ne pas donner de nouvelles. Sa sœur affirme en procédure, qu’un jour il est parti chercher des cigarettes au tabac et qu’elle n’a plus eu de nouvelles de son frère pendant 10 ans ! », insiste maître Marc Roux qui réclame devant la cour d’appel, le contrôle judiciaire de son client Bernard.

Pourtant un autre indice cible encore son client. Du sang en quantité importante qui a été retrouvé dans l’appartement de Bernard. De plus, ce dernier a raconté à une connaissance qu’il ne serait plus embêté par Allel dans l’avenir. Un autre évoque la mort d’Allel, une balle dans la tête, et indique que le corps aurait ensuite été transporté dans un fauteuil roulant jusqu’au canal proche du mas ! Le secteur a été fouillé mais rien n’a été trouvé. « Pas de mobile, pas de corps et la personnalité trouble d’un disparu », qui était connu pour des escroqueries selon le pénaliste nîmois, maître Roux.

Le disparu, "il ne mérite pas de funérailles"

Henri, lui, a également été mis en examen et écroué ces derniers jours. Bien « qu’il nie formellement les faits », selon son conseil maître Elodie Ginot. Il a glissé une sombre déclaration en fin d’audition devant les enquêteurs de la sûreté départementale de Marseille : « Moi de toute façon j’irai 10, 15 ans en prison. Je vais crever en prison. Il ne mérite pas de funérailles, vu ce qu’il a fait aux vieilles. » Reste une énigme et pas des moindres : où se trouve le corps d’Allel ? L’enquête se poursuit….

* Le prénom a été modifié