ÉDITORIAL Brigades de contact mobile : le même destin que la police de proximité ?
Depuis la création de la gendarmerie nationale, jamais autant de nouvelles forces n’ont été créées.
Du concret. Le Président Emmanuel Macron s'est rendu ce lundi à Tonneins, dans le Lot-et-Garonne. Un déplacement consacré à l’installation des 238 futures brigades de gendarmerie, partout en France. Une promesse tenue qui fait suite à ses annonces lors du début de sa campagne présidentielle l'an dernier. Ce sont au total 3 500 nouveaux postes en zone rurale ou péri-urbaine qui vont voir le jour. Depuis la création de la gendarmerie nationale, jamais autant de nouvelles forces n’ont été créées, selon l'Élysée. Reste à savoir comment tout cela va se mettre en oeuvre. Dans le Gard par exemple, trois secteurs vont bénéficier de ces brigades : Aimargues, Saint-Hippolyte-du-Fort et Saint-Jean-du-Gard. Mais sous le format de brigade mobile. Il s'agit ni plus ni moins de gendarmes en nombre réduit, une petite dizaine, qui sillonnent les territoires en mobilité, sans lieu fixe. Dans des tiers-lieux par exemple ou dans les espaces France Services, un accueil temporaire pourra aussi être réalisé directement dans un véhicule adapté. Début 2019, cette expérience réalisée au sein du groupement de gendarmerie départementale de la Sarthe (Vienne) semble avoir été concluant. Et a permis de recréer le lien avec la population en assurant un service de proximité. Cela a donc donné quelques idées au président-candidat qui a ainsi multiplié le même dispositif partout en France, un an plus tard. À moindre coût ? Oui et non. Car l'ensemble de ces annonces issues de la loi d'orientation du ministère de l'Intérieur coûte tout de même la bagatelle de 15 milliards d'euros sur l'ensemble du déploiement. Mais il est vrai que ces brigades de contact mobile n'engagent pas la construction de nouvelles casernes ni forcément de logements pour les militaires à proximité. Cela étant, ces créations offrent l'occasion au chef de l'État, taxé par son opposition à Droite et à l'extrême-Droite de ne pas avoir fait assez pour la sécurité des Français depuis 2017, de renverser la vapeur. Alors que 400 brigades avaient fermé avant son arrivée à la tête du pays, la volonté d'Emmanuel Macron est difficilement contestable. Maintenant est-ce que favoriser le contact, la proximité et la sécurité, tout en facilitant une réappropriation territoriale fera taire les mauvaises langues ? Certainement pas. Cette gendarmerie de proximité, comme jadis la police de proximité, connaîtra fort probablement un destin funeste au moment où un prochain président ou présidente, considérera que les forces de sécurité ne sont pas là pour discuter avec la population mais pour faire régner l'ordre.