ÉDITORIAL Le "Grêlé" dans « Tout le monde veut prendre sa place » : l'injustice jusqu'au bout
Même depuis l'au-delà, il continue à hanter la France. Le fantôme d'hier n'a pas changé...
L'ancien gendarme François Vérove, plus connu sous le surnom du "Grêlé", a avoué dans une lettre, avant son suicide dans le Gard en 2021, être un tueur en série. Pendant des dizaines d'années, les enquêteurs ne sont jamais parvenus à le confondre avec plusieurs crimes dont finalement, il était l'auteur. Ce n'est qu'au moment de ses propres révélations que la police a pu enfin faire correspondre son ADN avec plusieurs meurtres, les enquêteurs disposant dès la fin des années 1980 de son groupe sanguin. Et à partir de 1996 de son profil génétique. D'abord tueur et violeur d'enfants, il s'attaque à deux adultes à Paris en 1987, puis disparaît pendant plusieurs années. La police établit plus tard son implication dans un enlèvement et viol d'enfant survenu en 1994, en Seine-et-Marne, avant de perdre définitivement sa trace. Ce n'est qu'en 2021 que la police judiciaire remonte finalement à lui en décidant d'interroger des centaines et des centaines de gendarmes ayant opéré en région parisienne au moment des faits, dont François Vérove. Comprenant qu'il est sur le point d'être démasqué, celui-ci disparaît et se suicide le 29 septembre 2021 au Grau-du-Roi, après avoir confessé ses crimes dans une lettre. Pendant 35 ans de cavale, c'est à la fois en adoptant la discrétion et l'audace qu'il s'emploie à déjouer toutes les tentatives des enquêteurs pour lui mettre la main dessus. Jusqu'à, comme le révèlent nos confrères de Marianne, participé incognito, deux ans avant de se donner la mort, au jeu TV très populaire « Tout le monde veut prendre sa place » sur France 2. En toute décontraction, et sans jamais laisser percevoir le danger. Digne d'un scénario de cinéma. L’un des plus grands tueurs en série recherchés de France n'a pas pu s'empêcher de narguer tout le monde à la TV ? Surtout les familles des victimes qui, encore aujourd'hui, doivent bien avoir du mal à faire leur deuil. Le plus regrettable, en surplus de l'aspect incroyable de l'affaire, c'est l'impossibilité de juger le "Grêlé" pour ses crimes atroces. Quelle injustice ! Même depuis l'au-delà, il continue à hanter la France. Le fantôme d'hier n'a pas changé...