Publié il y a 1 an - Mise à jour le 25.11.2022 - Boris De la Cruz - 3 min  - vu 3605 fois

GARD 7 ans de prison pour un chauffard qui a refusé le contrôle des gendarmes

Un chauffard condamné pour des blessures sur des gendarmes et un conducteur de poids lourd

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Il a décidé de ne pas s'arrêter avec des conséquences dramatiques : un conducteur de poids lourd et des gendarmes grièvement blessés...

"9 000 policiers et gendarmes ont été blessés cette année. En 2021, il y a eu 28 000 refus d'obtempérer au niveau national, déjà 20 000 sur les dix premiers mois de l'année, dénonce la procureure Cécile David. C'est un refus d'obtempérer toutes les 20 minutes. Il y a le fait de ne pas s'arrêter lors d'un contrôle, mais il y a aussi les conséquences lourdes avec dans notre dossier quatre personnes blessées dont trois gendarmes.

7h de désincarcération pour une victime

Des conséquences au-delà de l'imaginable pour un chauffeur poids lourd qui se trouve sur cette route à Fourques, près d'Arles, ce 18 novembre 2020.  "J'ai aperçu les gyrophares et puis j'ai entendu le boom", raconte cet homme brisé dans sa chair et dans sa vie, alité plusieurs mois et immmobilisé pendant un an. Son épouse souhaite venir témoigner à la barre : "Nous avons été brisés. On ne vit plus, je ne dors plus", témoigne-t-elle avec émotion. "7h de désincarcération, de souffrance, de stress, avec un pronostic vital engagé", reprend le conseil de la famille, maître Valentine Cassan. "Un accident, un drame avec une séparation brutale avec sa famille. Il ne pouvait pas monter l'étage de sa maison, et les filles qui demandaient si leur papa allait mourir", poursuit Me Cassan.

Le chauffard sans permis ne voulait pas retourner en prison

Le chauffard, soupçonné d'avoir forcé un barrage de gendarmerie à Fourques, puis d'avoir provoqué un grave accident de la route, écoute silencieusement les dégâts irréparables dont il est responsable. "Je ne voulais pas retourner en prison, lorsque j'ai vu les gendarmes, j'ai continué et accéléré", note le prévenu qui roule à 137 km/h sur cet axe limité à 70 km/h. Et l'accident est arrivé : "J'ai doublé une voiture, puis une seconde et là j'ai un trou", ajoute-t-il. Il provoque un choc terrible pour le conducteur du poids lourd qui arrive en face et pour les motards de la gendarmerie qui ont actionné sirènes et gyrophares. "Je n'ai pas vu qu'ils me suivaient", déclare le prévenu déjà connu pour des extorsions avec violence, mais aussi pour un autre refus d'obtempérer alors qu'il était mineur, ainsi que des outrages et rébellions sur les forces de l'ordre. Un homme qui parviendra à fuir après le choc ce 18 novembre 2020 et qui ne sera retrouvé que six jours plus tard. Là aussi, il essaiera de s'enfuir... En plus des blessures occasionnées sur le conduteur du camion et les gendarmes, il est aussi poursuivi pour une tentative d'évasion. 

Une dangerosité criminologique pour le chauffard

Un chauffard dont l'expertise psychiatrique n'est pas très rassurante évoquant "une dangerosité criminologique entre moyenne et élévée", selon le président du tribunal correctionnel de Nîmes, Jérôme Reynes. "Je m'en veux d'avoir fait du mal aux gens", essaie de convaincre le prévenu. Car les gendarmes aussi ont été marqués par ce fou du volant qui a pris un nombre incalculable de risques ce jour-là pour ne pas retourner en prison. Il roulait sans permis en utilisant la voiture de sa soeur et conduisait sous stupéfiants. 

Les gendarmes venus en soutien des militaires blessés

Dans la salle d'audience, les militaires sont venus en nombre soutenir leurs collègues, avec le général du groupement en tête de cortège. "Des faits qui ont extrêmement choqué toute une profession. Un gendarme blessé dans cet accident est reconnu handicapé à 20 %. Il a 76 % de capacité respiratoire en moins", indique l'avocat des militaires, maître Julius Radzio. Effectivement, un motard des gendarmes est passé sous la remorque, il est resté coincé sans savoir s'il allait s'en sortir. Ce gendarme en uniforme, grièvement blessé et atteint dans sa chair, se tient debout face au tribunal et revit à la barre le drame survenu ainsi que les conséquences sur sa vie :"J'ai mal tous les jours". 

Le prévenu est condamné à 7 ans de prison avec maintien en détention, six ans pour l'accident et les blessures occasionnées, et un an pour la tentative d'évasion. Deux jeunes femmes, des proches du mis en cause, sont sanctionnées à de la prison avec sursis pour des dénonciations mensongères. 

Boris De la Cruz

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