GARD Un crime sans corps et les mis en examen relâchés
Deux hommes suspectés d'avoir enlevé, séquestré et tué un homme à Beaucaire, ont été relâchés et placés sous contrôle judiciaire ces dernières semaines.
Bernard, agriculteur retraité de 71 ans, est venu mercredi demander sa libération devant la chambre de l'instruction de Nîmes. Il est en détention depuis un an et sa mise en examen criminelle. Dans le box, et comme depuis son interpellation en juin 2023, il clame son innocence... Il n'est pas celui qui aurait fait disparaître Allel. Il réfute donc les accusations d'enlèvement, de séquestration et de meurtre sur la personne d'Allel B... Ce dernier, un quadragénaire, est soupçonné d'avoir voulu faire main basse sur l'héritage d'Henriette*, la cousine de Bernard, c'est en tout cas la thèse policière. Un beau mas agricole au milieu de la plaine de Camargue à Beaucaire qui serait à l'origine de cette sombre affaire criminelle. Problème : le corps d'Allel n'a jamais été retrouvé malgré les recherches importantes réalisées. Un dossier qui semble devenir chaque jour plus fragile.
D'abord, le corps d'Allel est introuvable depuis la révélation des faits, une dénonciation au procureur de Nîmes en novembre 2021. Pourtant le canal du petit Rhône et des puits entre Beaucaire et Bellegarde ont été sondés. En plus, la version d'un témoin anonyme s'effrite. Ce témoin "providentiel" avait expliqué aux enquêteurs qu'il avait vu l'enlèvement d'Allel, que ce dernier avait été remis sous la contrainte à Bernard. Ensuite, Bernard avait fermé les volets de son mas agricole plusieurs jours contrairement à ses habitudes. Les enquêteurs avaient imaginé que l'éventuelle scène de crime allait parler dans la maison de l'ex-agriculteur, sauf que le sang trouvé en quantité dans le salon est du sang de chèvres, comme les os découverts près de la propriété. Le sang isolé dans son fourgon est également animal et aucune trace d'Allel n'a pu être prélevée par les enquêteurs. Le coup de massue de l'enquête est arrivé il y a trois semaines avec le juge d'instruction qui avait programmé une confrontation avec ce fameux témoin. Un témoin qui n'a jamais répondu à la convocation...
Il y a trois semaines Henri, un des amis de Bernard, lui aussi mis en examen et écroué pour les mêmes infractions, avait été relâché dans ce dossier criminel. Ce jeudi 11 juillet, c'est Bernard qui est sous contrôle judiciaire. D'ailleurs, situation cocasse à l'audience de la cour d'appel, la cousine Henriette* proche d'Allel selon les investigations, était venue soutenir... Bernard.
"Mais où sont les indices graves et concordants pouvant expliquer la détention de ce monsieur ? Et le témoin qui porte de graves accusations a refusé de se présenter à la confrontation organisée par le jusge d'instruction. Dans ce dossier il n'y a pas de corps et une absence totale d'éléments. Celà ne permet pas de poursuivre le détention provisoire de mon client", affirme maître Fekak qui va obtenir le contrôle judiciaire de Bernard.
Un dossier criminel sans que le corps de la victime ne soit retrouvé et avec deux mis en examen libérés au bout d'un an de détention provisoire. Et une enquête insondable pour les enquêteurs marseillais car, en plus la victime avait déjà disparu dans le passé avant de réapparaître plus d'un an après. Les investigations se poursuivent et les deux "complices" retraités camarguais, aujourd'hui libres, restent mis en examen...
*le prénom a été modifié