Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 22.11.2017 - florence-genestier - 3 min  - vu 7402 fois

GRAU DU ROI Les leçons d'un oubli

Le 9 novembre dernier, un garçonnet de trois ans, élève en maternelle a passé plusieurs heures dans un bus scolaire, oublié par l'animatrice et le chauffeur. Les parents ont déposé plainte contre X
Un écolier du Grau-du-Roi, âgé de trois ans a passé trois heures oublié dans un bus scolaire le 9 novembre dernier.

Le jeudi 9 novembre après-midi, un jeune garçon de trois ans, élève de la maternelle Deleuze a passé, oublié par l'animatrice et pas remarqué par le chauffeur du bus, trois heures et demie dans un bus, stationné au dépot,  vers Big Mat. Le péquelet n'a pas pu détacher sa ceinture de sécurité à son arrêt et au contraire de ses habitudes, l'animatrice qui surveille la bonne marche du trajet ne serait pas remontée. Et le véhicule a filé au dépôt, avec le gamin silencieux à l'intérieur. Le petit a réussi à se détacher une fois seul dans le bus, s'est approché de la cabine du chauffeur. Il a raconté à son papa n'avoir pas touché les boutons ni le volant "parce que c'est interdit" et paniqué, a frappé du pied et du cartable la porte et la vitre du bus. En vain, puisque personne ne l'a entendu. Le gamin, doudou en main, a ensuite beaucoup pleuré.

Sa maman le croyait à l'école et c'est en allant le récupérer vers 16 h 30 qu'elle s'est aperçu de sa disparition momentanée. L'école n'étant pas obligatoire en maternelle, l'établissement ne s'est pas inquiété de la non-présence du gamin cet après-midi-là. Suivent une vingtaine de minutes d'angoisse familiale avant que le petit soit localisé.

Habitant le Boucanet, le petit voyage matin et soir avec son frère pendant le trajet. Plus âgé, ce dernier est inscrit en primaire, au Repausset et descend à l'arrêt précédent. Le cadet finit le voyage tout seul. "Avec le recul, raconte Pierre, le papa, j'ai une angoisse en pensant que ça aurait pu arriver dans un bus surchauffé l'été ou qu'il aurait pu ouvrir la porte. Nous avons déposé plainte contre X, car nous ne voulons pas que cela arrive à un autre enfant. Il y a eu négligence, je pense dans l'organisation générale. Je crois qu'ils vont être très prudents pendant six mois, mais je n'ai pas envie qu'après une autre famille revive notre angoisse." Les plus petits des enfants sont, c'est la règle, traditionnellement installés à l'avant du véhicule. Les deux frères, d'âge différents, ont visiblement voulu voyager ensemble et se sont installés au milieu du car. Ce qui n'excuse aucunement le manque de vérification.

Un précédent

Du côté de la mairie, si la directrice du CCAS a refusé de s'exprimer quand nous lui avons posé des questions générales, le maire Robert Crauste, alerté presqu'aussitôt de l'incident par le père, a reçu longuement la famille et lui a conseillé un encadrement psychologique. "On évite de reparler de l'incident devant lui", note le papa. Le chagrin passé, le péquelet a vite repris ses habitudes. Une psychologue doit  le rencontrer dans les jours qui viennent pour mesurer les répercussions éventuelles de l'incident sur son moral.

"La situation est inacceptable, reconnaît Robert Crauste. C'est un manquement humain à recadrer immédiatement. Et un enchaînement de circonstances". Une fois l'incident connu, le personnel chargé de l'encadrement des jeunes dans les bus et l'équipe de la Cohésion sociale et Petite Enfance s'est aussitôt réunie pour des rappels au processus. Le comptage des enfants se fait depuis la rentrée sur tablette numerique. Le transporteur a lui aussi été rappelé à l'ordre. Chaque chauffeur est censé remonter l'allée centrale une fois au dépôt. D'après des parents d'élèves et le maire, l'animatrice qui a fait la malencontreuse erreur est un agent "sérieuse, aimable et attentive". Très choquée, l'animatrice serait en arrêt maladie depuis l'incident. "La responsabilité ne peut pas reposer entièrement sur elle ou une seule personne", insiste le père de l'enfant, décidé à établir une chaîne de responsabilité dans la mésaventure subie par son fils.

Une mésaventure similaire serait déjà arrivée au Grau voilà cinq ans, à un autre élève de maternelle. Mais le fait que sa grand-mère soit auxiliaire à l'école et s'inquiète aussitôt de ne pas le voir lui aurait épargné un séjour longuet dans un bus. Reste à savoir si la plainte parentale sera ou non jugée recevable par le parquet.

florence.genestier@objectifgard.com

Florence Genestier

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