Publié il y a 6 h - Mise à jour le 20.12.2024 - Boris De la Cruz - 3 min  - vu 330 fois

JUSTICE Cobayes, essaies cliniques non déclarés : le médecin nîmois face aux accusations de ses patients

Un médecin gastro-entérologue nîmois est devant le tribunal correctionnel de Nîmes ce vendredi pour avoir injecté de l'acide hyaluronique dans le ventre de ses patiens afin de les les faire maigrir. Problème : le protocle n'est pas reconnu par les autorités médicales. 

"Cobaye" : le mot a été lancé dans la salle d'audience du tribunal correctionnel ce vendredi par l'avocat de la CPAM, Maître Christian Barnouin. Pourtant le médecin incrimé renvoyé devant le tribunal correctionnel de Nîmes pour plusieurs infractions est droit dans ses bottes. Les injections d'acide hyaluronique sont connues depuis 2008, "avec des publications chaque année de 2008 à 2015" dans la littérature médicale, affirme le médecin nîmois poursuivi devant la justice après de nombreuses années d'enquête sur ses pratiques. Il est poursuivi en justice pour « escroquerie », « tromperie sur une prestation de service entraînant un danger pour l’homme », et « recherches biomédicales sans autorisation ». Des actes pratiqués sur près de 550 patients dont trente se sont constitués parties civiles lors de l'audience correctionnelle de ce vendredi. Il s'agissait : " de manoeuvres frauduleuses car vous déclariez une endoscopie alors que vous efffectuez des actes utilisés dans une thérapie non reconnue", résume le président du tribunal Jean-Michel Pérez. Par voie haute, le médecin réalisait de 2011 à 2016 des injections sur des patients afin de faire gonfler l'estomac. "Le produit se résorbe au bout de quelques mois", détaille le prévenu. 

" Oui mais justement la mise en place de cette technique a entraîné la fronde de plusieurs organismes la CPAM, l'ordre des avocats, la Justice aussi", interroge le magistrat?

"C'est de l'opportunisme", déclare le spécialiste incriminé. "Même pour vos patients c'est de l'opportunisme", poursuit le président Perez? "Non" répond le prévenu. "Mais ils venaient me voir pour maigrir", "pour cette technique", insiste le médecin.

Les patients n'étaient pas au courant des essais cliniques

Des patients justement qui défilent à la barre. "je n'étais pas au courant de cet essai clinique", "pour moi le but était de maigrir mais je pensais qu'il s'agissait d'une technique reconnue", affirme à la barre une ancienne patiente "qui a été injectée" à deux reprises à quelques mois d'intervalle. " Pendant presque un an après les injections j'ai été malade toutes les nuits, des vomissements permanents". "J'ai toujours de problèmes de vésicules, d'estomac". Une autre souligne : "jamais je n'aurai accepté si j'avais eu connaissance que c'était un essai". "Un essai clinique est encadré je crois, on fait signer un document au patient et vous êtes libre de le faire ou pas". Là j'ai eu un essai clinique sans le savoir", ajoute une dame également "victime" des injections du gastro-entérologue. "J'ai l'impression d'être un animal sur qui ont fait des essais"

" Le proctocole était expliqué aux patients", "qui venaient me voir pour cette technique innovante", complète le médecin défendu par le pénaliste nîmois Baptiste Scherrer. Le président du tribunal s'interroge car lorsque le spécialiste faisait son compte rendu aux médecins traitants il n'indiquait pas les actes réellement réalisés.

Un praticien qui poursuit avec de grandes généralités sur l'obésité et les problèmes de poids : "C'est une maladie qui tue, 10% des cancers sont liés à l'obésité", affirme-t-il. Un spécialiste parti en croisade contre l'obésité si l'on en croit ses propos. Mais le problème fondamental qui lui est reproché par l'enquête et la justice reste la façon dont il exerçait sa pratique.  

"Un produit utilisé en rumathologie", relate l'expert judiciaire, le docteur Benslima, dans un document lu à l'audience. Un acide hyaluronique également présent en médecin esthétique pour lutter contre les rides. "Il n'y a aucun essaie, aucune étude", certifiait l'expert au moment de son compte rendu à la Justice. Donc aucun lien n'est prouvé entre cette technique d'injections dans l'estomac et le traitement de l'obésité. 

Si une étude était bien menée à Lyon au moment où le médecin nîmois partiquait ses injections, il n'était pas associé à cette étude et aucun retour n'était encore parvenu sur la table des autorités scientifiques. Le prévenu a même indiqué aux infirmières et à des médecins de la Polyclinique Grand Sud où il exerçait qu'il était parti prenante à cette étude scientifique.  Le médecin poursuivi qui est ce vendredi bien seul au monde à l'audience correctionnelle reprend : " j'ai dit qu'il y avait un essai clinique en cours mais je n'ai pas dit que j'y participais , nuance-t-il. 

L'audience se poursuit toute la journée. Plus d'informations à venir...

Boris De la Cruz

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