Publié il y a 21 jours - Mise à jour le 22.08.2024 - Lïana Delgado - 4 min  - vu 4267 fois

JUSTICE Jugé pour avoir agressé sexuellement sa nièce mineure pendant 6 ans

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Un homme de 67 ans a été jugé ce mercredi 21 août par le tribunal de Nîmes pour agression sexuelle sur sa nièce pendant six ans. Elle avait entre 5 et 11 ans au moment des faits.    

Les faits se sont déroulés entre 2001 et 2006. Son père est boucher, sa maman travaille dans un bureau de tabac, ils ont peu de temps pour s’occuper de leur fille. Ainsi, elle reste la plupart du temps chez sa tante et son mari, son oncle par alliance, résidents à Bouillargues. Ce dernier profite de l’absence de sa femme pour agresser sexuellement sa nièce. La première fois, elle avait cinq ans. Il a embrassé son sexe avant de la caresser. "Dès la première fois, j’ai tout raconté à ma maman. Elle s’est mise à pleurer puis m’a conseillé de fuir mon oncle quand j’allais chez ma tante. Je n’ai pas été protégée”, confie la jeune femme, aujourd’hui âgée de 28 ans, au tribunal correctionnel de Nîmes, ce mercredi 21 août. 

Malgré cette alerte, la jeune fille est toujours gardée par sa tante. Et son oncle continue d’embrasser et de toucher son corps. "Il me faisait le jeu du pouce aussi. Il m’amenait dans sa chambre, dans le noir, et il me demandait de tenir son pouce et de le caresser. En grandissant, j’ai compris que ce n’était pas son pouce”, explose en sanglot la jeune femme. Il lui faisait aussi du chantage sexuel, “si tu veux ce jouet, tu dois te laisser faire”. Le calvaire de la victime s’est terminé quand elle est entrée au collège, et qu’elle a cessé d’aller chez sa tante. Devant le tribunal, le prévenu nie l’ensemble des faits. "Je ne comprends pas, je ne sais pas ce qu’elle raconte. Je ne me suis jamais occupé d’elle car je travaillais. Je ne la croisais presque pas”, affirme-t-il.

D’importants témoignages

Après avoir interrogé le prévenu et la victime sur les faits, le président du tribunal fait entrer tour à tour deux témoins dans la salle d’audience. Le premier est l’ex-conjoint de la victime. Il raconte exactement les mêmes faits que la jeune femme. "Elle est honnête et ne cherche pas les problèmes. J’espère que le tribunal la croira”, conclut-il. Puis le cousin de la victime qui se faisait également garder par sa tante sur la même période est le deuxième témoin. Il révèle : "Mon oncle était très présent. Quand il rentrait du travail, il jouait souvent avec nous. Puis, il nous gardait quand ma tante allait faire les courses ou qu’elle vaquait à ses occupations associatives. Ma cousine était très obéissante. Et quand mon oncle nous offrait des cadeaux, elle n’y avait jamais droit, je ne comprenais pas pourquoi car c’était la plus sage des cousins. Puis elle a toujours été très affectueuse avec la famille, mais elle fuyait mon oncle, elle l’évitait. Quand j’ai su ce qu’elle avait subi, il y a peu, j’ai tout compris”.

Une cousine de la victime a été auditionnée par les enquêteurs. Elle a expliqué que leur oncle faisait fréquemment des blagues étranges. "Une fois, on était tous les cousins dans la piscine et mon oncle nous a dit qu’il pouvait tous nous voir nus malgré notre maillot de bain”, confia-t-elle à la police. Interrogé par le président du tribunal sur ces déclarations, le prévenu se défend : "Quand on est adulte, on ne maîtrise pas tout. On se met moins de barrière et on ne se laisse plus aller.” Maître Morgante, représentante de la partie civile, enfonce : “Ces déclarations sont très inquiétantes dans un dossier d’agression sexuelle.”

Le déclic pour porter plainte

La victime a mis 20 ans pour faire éclater la vérité et porter plainte. “J’avais peur de faire des problèmes dans ma famille. Mais quand j’ai su que mes petites cousines se faisaient garder à leur tour par ma tante et son mari, alors j’ai eu le déclic. J’ai eu peur qu’elles subissent les mêmes choses que moi”, explique-t-elle. Pour ne pas sombrer, elle a tout donné pour sa vie professionnelle. "Il fallait que je réussisse ma vie. Je me suis réfugiée dans les études. Aujourd’hui, je suis ingénieure de recherche”, raconte la victime au tribunal. Maître Morgante plaide pour la partie civile : “Ma cliente a eu beaucoup de courage pour confronter son agresseur et faire triompher la vérité. Elle est dans une grande détresse psychologique. Elle ne demande pas d’indemnisation, « ce serait de l’argent sale » m’a-t-elle confié. Elle veut seulement protéger et qu’il ne recommence plus.”

Le procureur de la République donne ses réquisitions : "Ce n’est pas facile quand le prévenu nie et que la victime s’acharne à prouver la souffrance qu’elle a subie. Quel intérêt peut avoir une jeune femme de déposer plainte pour agression sexuelle dès lors qu’elle ne demande aucune indemnisation ? Je considère qu’elle a été victime d’attouchements. Toute sa vie, elle vivra avec ce traumatisme. Elle a lutté contre son effondrement psychique en se concentrant sur sa carrière. Je n’ai plus aucun doute sur les agissements de monsieur, il est coupable. Je demande 36 mois de prison dont 24 mois assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans avec l’obligation de soin, l’interdiction de rentrer en contact ou d'exercer des activités en lien avec des mineurs.”

Ce mercredi 21 août, le prévenu est déclaré coupable par le tribunal de Nîmes. Il est condamné à quatre ans de prison dont deux ans assortis d’un sursis probatoire. Les deux ans ferme seront aménagés à son domicile, sous bracelet électronique. Il a une obligation de soins, l’interdiction de rentrer en contact avec la victime et des mineurs. Il est enfin inscrit au fichier des délinquants sexuels.

Lïana Delgado

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