Publié il y a 2 jours - Mise à jour le 03.07.2024 - Boris De la Cruz - 3 min  - vu 1842 fois

JUSTICE Quatre ans de prison et mandat de dépôt pour l'entraîneur sportif

L'entraîneur d'un club sportif du Gard a été sanctionné ce mardi 2 juillet à quatre ans, dont trois années de prison ferme. Une sanction accompagnée d'un mandat de dépôt à l'audience.  

Il a reconnu les faits en évoquant une pulsion, ou plutôt plusieurs pulsions envers son élève. L'adulte, âgé de 63 ans au moment des faits en 2021, aurait abusé d'un jeune licencié, âgé lui de 15 ans. 

En décembre 2021, une famille se rend dans une caserne de gendarmerie pour porter plainte et évoquer des abus à caractère sexuel de la part de celui "qui est un ancien champion, un entraîneur avec une certaine aura", résume le président du tribunal correctionnel de Nîmes, Jérôme Reynes, qui doit juger ce dossier "d'agression sexuelle sur un mineur et par une personne ayant autorité". Il comparaît aussi pour "détention d'images à caractère pornographique représentant un mineur".  

Pour les faits d'agression sexuelle, Dorian*, 15 ans, est invité à dormir chez son entraîneur. L'adolescent est copain du fils du "moniteur" sportif. Sauf qu'en arrivant au domicile de l'adulte, qui est divorcé, première surprise : son fils est à un cours de soutien scolaire, l'adolescent se retrouve donc seul avec l'adulte. C'est ensuite que des dérives sont évoquées, notamment des proprositions de massages sur des parties intimes et des rapprochements imposés par l'adulte. 

"Reconnaissez-vous les faits ?", demande d'emblée le président Reynes. "Oui", répond le prévenu qui n'avait jamais effectué un jour de détention jusqu'à hier soir. 

"Les faits sont largement prémédités, ce garçon est tombé dans un guet-apens, dénonce le procureur Bertrand. Il a attiré sa proie dans sa tanière et profite de son statut d'entraîneur sportif pour avoir un rapport quasi incestieux car ce garçon dit lui même à la barre qu'il considérait le prévenu comme son oncle", poursuit le représentant du parquet de Nîmes. 

"C'est une lame de fond, une onde de choc dans cette famille. Ce jeune a connu le harcèlement au collège et il a été obligé de quitter son établissement. Il pensait avoir sorti sa tête de l'eau, mais il y a eu cette affaire, cette destruction", souligne maître Dominique Alaize. "Il y a un adulte face à un gamin", insiste l'avocate nîmoise. Une jeune victime qui vient de réussir son Bac et qui va poursuivre des études supérieures. 

Le prévenu, lui, a longtemps été marié à une femme et il a deux enfants. Il reconnaît des attirances et des aventures homosexuelles. D'ailleurs, sur des photos, il est reconnu lors de rapports sexuels avec de jeunes hommes qui n'ont pas été identifiés. Un prévenu dont un expert affirme qu'il a "une dangerosité criminologique". "Je remercie la famille d'avoir porté plainte contre moi, ça a permis de stopper quelque chose", indique le prévenu aujourd'hui âgé de 65 ans et qui n'avait jusqu'alors pas de casier judiciaire. Cet homme, ex adjoint dans une mairie, est considéré comme un sportif de haut niveau, "un professionnel" dans sa discipline. Aujourd'hui, il estime avoit tout perdu : "J'ai trahi la confiance, j'ai trahi sa confiance", déclare à la barre le mis en cause. 

"Mais pourquoi la justice est-elle sourde aux éléments positifs ? Il effectue depuis les faits, depuis des années, des soins psychologiques. Il a reconnu ses agissements et il regrette, insiste maître Lauriane Dillenseger. Ce n'est pas un pédophile en puissance, un pervers, comme on essaie de vous le présenter", complète l'avocate de la défense. 

Cet ancien entraîneur sportif écope de quatre ans de prison dont un avec un sursis probatoire l'obligeant à se soigner et à indemniser la victime. Le tribunal prononce également un mandat de dépôt à l'audience et une interdiction définitive de toute activité professionnelle ou bénévole avec des mineurs. Le condamné est inscrit au fichier des délinquants sexuels.  

* Afin de protéger l'adolescent victime, dont le prénom a été modifié, nous ne donnons volontairement aucune précision sur le club de sport, ni sur les lieux où les faits se sont déroulés. 

Boris De la Cruz

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