JUSTICE Tentative d’assassinat sur ses parents : "je n'ai jamais nié les faits", selon la fille des victimes
Delphine Moulin, 47 ans aujourd’hui, comparaît à partir de ce lundi 27 novembre, 14h, devant la cour d’Assises du Gard pour la « tentative d’assassinat de ses parents ». Elle est jugée 22 ans après les faits. Dans le box, elle va retrouver son compagnon de l’époque, Vincent Blachère, 66 ans, accusé du même crime.
En 2001, un couple retrouve une bombe incendiaire sous son lit à Pont-Saint-Esprit. Plus de 22 ans après, la fille du couple et son ancien compagnon sont jugés aux Assises du Gard pour « tentative d’assassinat ». Les accusés ne se parlent plus aujourd’hui. À l’époque des faits, ils avaient fui. Pendant leur cavale, ils avaient exécuté une famille de Hollandais en vacances au Portugal. Les deux complices ont été condamnés pour les faits criminels portugais. Ils sont venus terminer de purger leur peine en France. Vincent Blachère est toujours détenu, il sera défendu devant les jurés gardois par Maître Julie-Gaëlle Bruyère et le pénaliste Baptiste Scherrer.
Delphine Moulin a été libérée il y a près deux ans. Elle reste sous contrôle judiciaire dans le dossier gardois. Elle vit et travaille dans une autre région française. Elle a accepté de nous rencontrer alors que le procès criminel débute ce lundi 27 novembre devant la cour d'Assises du Gard. L’interview de cette quadragénaire s’est déroulée en présence de son avocat Maître Olivier Constant.
Question : Vous êtes renvoyée devant la cour d’Assises du Gard pour tentative d’assassinat sur vos parents. Reconnaissez-vous les faits ?
Delphine Moulin : je n'ai jamais nié les faits et je veux être jugée pour ça. Je veux clôturer judiciairement cette époque de ma vie. Ce procès, il faut qu’il se passe. J’ai construit depuis deux ans une vie avec une épée de Damoclès sur la tête.
Question : quel type de relation aviez-vous avec vos parents à l’époque ?
Delphine Moulin : j’avais une grosse difficulté relationnelle avec mon père. Avec le recul, il s’agissait plutôt d’une incompréhension entre nous. J’ai surinterprété certains de ses propos, de ses attitudes. (précisions de Me Constant: elle reprochait à son père un manque d’attention, elle estimait qu’elle était rejetée)
Question : pourtant vous étiez dans une famille unie ?
Delphine Moulin : une famille normale, bienveillante. Mes parents se sont bien occupés de moi et de mon frère. Mais, avec l’adolescence, des difficultés sont apparues notamment lors de ma relation avec Vincent Blachère. J’ai même dit à mes parents que je n’étais pas avec lui, alors que je poursuivais la relation.
Question : comment avez-vous rencontré Vincent Blachère ?
Delphine Moulin : j’étais dingue de lui, c’était mon premier amour. Au départ, en 1992, il était mon professeur particulier de musique. Nous avons entamé une relation sentimentale en 1996 alors que j’avais 20 ans. Mes parents ont su plus tard pour cette relation, ils étaient contre.
Question : Où viviez-vous en 2001 à l’époque des faits ?
Delphine Moulin : je vivais à Montpellier avec Vincent Blachère, nous partagions le même appartement.
Question : qui décide de passer à l’action criminelle contre vos parents ?
Réponse de l’avocat Maître Constant : nous aborderons ce sujet à la cour d’Assises.
Question : Quelles étaient vos liens à l’époque avec Vincent Blachère ? Vous étiez sous son influence ?
Delphine Blachère : une influence amoureuse, j’étais très très amoureuse de lui.
Question : Vous partez en cavale après la tentative avortée de la mort de vos parents, et, durant cette fuite, vous tuez un couple au Portugal. Vincent Blachère a dit que c’est vous qui teniez l’arme. Reconnaissez-vous ces faits ?
Delphine Moulin : nous avons été tous les deux condamnés pour ça, et j’ai purgé ma peine en grande partie au Portugal.
Question : êtes-vous toujours en relation, en contact avec Vincent Blachère ?
Delphine Moulin : plus du tout, j’ai décidé d’arrêter cette relation en 2008. Il l’a très mal pris. Jusqu’en 2008 nous nous voyions en détention, après j’ai totalement coupé les ponts. J’ai entrepris un vrai travail psychologique. Aujourd’hui je n’ai plus rien vis-à-vis de lui, plus d’amour et plus de haine.
Question : quelles sont vos relations avec vos parents ?
Delphine Moulin : une relation tendre et apaisée.
Question : vos parents ne se constituent pas partie civile contre vous. Mais il ne se sont pas constitués parties civiles non plus contre Vincent Blachère, pourquoi ?
Réponse de Maître Constant : je sais que cela peut être difficile à comprendre mais on se situe chez des gens qui ont une vraie pratique religieuse… et de pardon. Ils n’attendent rien de monsieur Blachère, ils ne demandent rien.