Publié il y a 1 mois - Mise à jour le 16.10.2024 - Boris De la Cruz - 3 min  - vu 1512 fois

NÎMES 2 ans de prison pour le faux romantique pour qui "une femme est une moins que rien"

Il nie tout, même les évidences. "Votre monde est terminé, votre vision de la femme est dépassée", selon  le procureur de la République. 

Lorsqu'il quitte, sonné, le tribunal correctionnel de Nîmes, ce mardi 15 octobre vers 21h30, Mimoun n'a pas conscience qu'il a beaucoup de chance malgré les deux ans de prison ferme qui lui sont infligés. Lui qui nie tout aurait pu connaître les affres d'une incarcération immédiate et d'une sanction bien plus élevée. Mais le dossier de "violences habituelles sur conjoint" qui lui vaut de comparaître devant la juridiction repressive nîmoise est ancien. Les faits ont été dénoncés en 2017 et on ne juge pas de la même façon une affaire vieille de 7 ans qu'une agression survenue il y a quelques jours. D'autant que depuis cet homme travaille et a refait sa vie loin de Nîmes et de sa précédente épouse.

Au départ des faits criminels de viols

Aujourd'hui âgé de 44 ans, il a beaucoup de chance d'abord parque l'infraction reprochée au départ était criminelle... Il a été mis en examen en 2017 pour des viols et des violences sur sa compagne. À l'audience, le procureur de la République s'étonne que cette qualification de viols n'ait pas été retenue. " Il est donc jugé aujourd'hui pour des violences habituelles subies de façon récurrente", précise le procureur David Malicot. Comme principale charge à l'encontre du prévenu, de nombreux sms envoyés à celle qui partageait sa vie à l'époque... Des propos sans équivoque comme " je t'ai violée et ce ne sera pas la première fois", "j'ai le droit de faire ce que je veux avec toi", ou encore des messages glauques sur l'intimité du couple où madame n'a pas son mot à dire et où elle semble totalement soumise et sous emprise. Et puis il y a les faits dénoncés par madame et corroborés par les examens médicaux. 

Plus de 7 ans après les actes délictuels, on pourrait imaginer que des excuses ou des remords allaient surgir. Mais le prévenu reste figé à la barre, il ne répond pas aux questions et semble encaisser les accusations de son épouse. Même les évidences sont cachées par le quadragénaire qui plonge à plusieurs reprises dans le piège des questions des magistrats. 

Déjà condamné pour des violences conjugales

"Vous n'avez jamais été violent avec une autre femme ?" glisse malicieusement le représentant du parquet. Le mis en cause, inflexible, fait semblant de réfléchir et répond la main sur le coeur : "non, non jamais, je respecte les femmes moi. Je ne comprends pas ce que l'on me reproche". C'est à cet instant que le procureur porte l'estocade : " pourtant vous avez été condamné en 2022 à 6 mois avec un sursis probatoire pour des violences sur votre actuelle compagne". Et là, le prévenu enchaîne ébranlé : " ah oui mais pour moi c'est une violence différente". Une autre plainte a été classée sans suite et dans l'enquête nîmoise toutes ses ex prétendent que cet homme était un enfer au quotidien. S'il se retrouve aujourd'hui devant la justice c'est à cause selon lui d'une machination orchestrée par son ex qui "voulait rester en France et avoir des papiers" .

"Et concernant les hématomes constatés ? " demande le président sans obtenir de réponse de celui qui n'aurait jamais eu de relations intimes avec son épouse pendant deux ans de vie maritale "pour ne pas la brusquer", souligne le faux "romantique" à l'audience. Mais, juste après, il évoque lui même les relations proches qu'il avait avec elle. Des paroles qui sont contradictoires d'une seconde à l'autre, le prévenu s'enfonce au fil de l'audience. 

Et le président du tribunal correctionnel de Nîmes, Édouard le Jan, de résumer une expertise psychiatrique bien surprenante puisqu'un médecin a écrit noir sur blanc que le mis en cause a "des propos qui déconsidèrent la femme". D'ailleurs lorsqu'il lui est demandé s'il a des frères et soeurs, il répond sur ses frères mais pas sur ses soeurs comme si elle n'existaient pas. "C'est la première fois que je vois ça", insiste le président. 

"À travers vos actes et vos paroles, une femme est une moins que rien". "Nous sommes face à un homme naturellement violent, car pour lui la place de la femme est secondaire". "Votre monde est terminé, votre vision de la femme est dépassée", enchaîne le procureur Malicot qui réclame une année de prison ferme pour "des faits d'une gravité extrême, mais des faits anciens".

"S'il y a quelqu'un qui ne s'est jamais remis de cette vie conjugale, c'est madame. Le divorce a été prononcé au tort exclusif de monsieur et depuis madame essaie de se reconstruire", plaide Maître Christine Mère, avocat de la victime. "Elle est aujourd'hui absente et n'a aucun lien avec lui. Elle n'a pas demandé un seul centime dans le cadre de son divorce, mais elle maintient tout de ses déclarations. Il est important aujourd'hui que ce lien de souffrance soit rompu", poursuit le conseil de la victime.

Mimoun se défendait sans avocat, il écope de 2 ans de prison ferme. Lui qui n'a jamais fait un jour de détention dans ce dossier devrait échapper à la case prison car cette sanction devrait être aménagée... Un homme qui a finalement beaucoup de chance.

Boris De la Cruz

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