Publié il y a 3 jours - Mise à jour le 06.07.2024 - B.DLC - 3 min  - vu 14224 fois

NÎMES Le patron de bar condamné à payer 210 000 euros pour avoir dilapidé le café voisin

Les faits remontent à 2016 et 2017. Ils ont été jugés ce vendredi au tribunal correctionnel et concernent deux bars "institutions" du centre-ville de Nîmes. 

Ce sont deux établissements très connus à Nîmes qui étaient au centre des débats judiciaires du tribunal correctionnel, ce vendredi 5 juillet 2024. Le patron du « Café Carré » sur la place de la Maison Carrée était prévenu « d’abus de biens sociaux » et d’absence de comptabilité dans l’exercice de sa profession. Pour faire simple dans ce dossier technique de délit financier, il est reproché à Nicolas Bernard, 61 ans, d’avoir récupéré de l’argent et des biens d’un autre établissement, du café « Napoléon » précisément.

Nicolas Bernard, qui gère donc le Café Carré, a pris des parts (40 %) dans la structure qui a acheté le mythique Napoléon en 2015 sur le boulevard Victor-Hugo. La SAS NAAS, qui achète le bistrot Napoléon, est détenue par le « patriarche » de la société P.Z, un ancien entrepreneur du Nord de la France qui investit dans cette brasserie bien connue à Nîmes. Lui qui ne connaît pas le monde de la restauration s'associe avec un professionnel du secteur, le fameux Nicolas Bernard du « Café Carré ». Ces deux bars sont reliés à l’intérieur d’un même immeuble et le va-et-vient va rapidement profiter au patron du « Café Carré » qui est mis en cause pour avoir dilapidé en argent et en biens le "Napoléon".

La société NAAS, personne morale, mais aussi l’acquéreur floué et sa fille déposent plainte et se constituent partie civile en 2018 et 2019 dans ce dossier où ils estiment avoir été spoliés.

Le prévenu absent du tribunal

Nicolas Bernard, le prévenu, était absent du tribunal ce vendredi 5 juillet. « Il est souffrant avec une profonde dépression », relate son avocat, Me Julien Dumas Lairolle.

« Pour moi, il est évident à la lecture du dossier qu’il y a une utilisation abusive des fonds et des biens d’une société, à des fins personnelles pour monsieur Bernard ou pour son autre société », affirme le procureur Frédéric Kocher. « Il a utilisé le patrimoine de la société NAAS comme s’il s’agissait de son propre patrimoine », insiste le représentant du parquet de Nîmes. Achat d'un costume à 3 400 euros, caisses du Napoléon qui intégraient celle du "Café Carré"... Un préjudice que les enquêteurs ont évalué à 170 000 euros sur 18 mois. 

Plus d’un million d’euros demandé par les victimes

Du côté des parties civiles le préjudice est beaucoup plus salé, il est chiffré selon eux à plus d’un million d’euros. « C’est le crime commercial parfait. Il paie avec le Napoléon et se fait livrer au Café Carré », dénonce le pénaliste montpelliérain Jean-Robert N’Guyen Phung. « Tout a été dérobé : les vases, les peintures de ce bar classé, la vaisselle aussi (...) Ce n’est pas la première fois que le Napoléon est dans l’œil du cyclone. Le Napoléon, c’est une mine d’or, c’est le livret de Caisse d’Épargne de la juridiction consulaire », ajoute Me Phung qui égratigne la procédure diligentée.

Condamnations et interdiction de gérer pour le patron du « Café Carré »

« Il y a des problèmes de partout dans cette procédure, tout est douteux, mais il n’y a aucun bénéfice pour mon client », estime Me Julien Dumas-Lairolle pour Nicolas Bernard. « Lors de la période suspecte, c’est à dire le moment présumé des détournements, ce n’est plus mon client qui gérait mais celle qui se présente comme partie civile aujourd’hui », complète le juriste gardois. « L’abus de bien social n’est pas constitué car il n’y a pas de comptabilité, nous sommes dans un souci de vengeance et de revanche de la part d’une famille qui a perdu beaucoup d’argent dans cette affaire. Mais mon client n’est pas celui qui en est le bénéficiaire », complète Me Dumas Lairolle. Il conclut : « Quel est son profit à monsieur Bernard ? Il n’y a aucun enrichissement personnel, et en face on évoque une manipulation mais quelle manipulation ? Il faut la démontrer ! »

Le tribunal condamne tout de même le patron du Café Carré à trois ans de prison avec sursis... Il doit verser 210 000 euros aux anciens responsables du Napoléon, le père et la fille et à la société personne morale. Il est reconnu coupable des deux infractions reprochées. Pour Nicolas Bernard, les ennuis ne font que commencer car il est de plus condamné à une interdiction d’exercer ou de gérer une société commerciale ou à une profession de chef d’entreprise pendant 10 ans. Il a également une interdiction de droits civils, civiques et de famille pendant trois ans.

* Il est important de préciser que cette brasserie a depuis changé de propriétaires. Ces derniers, qui gèrent le bar en ce moment, ne sont pas concernés par cette procédure judiciaire.

B.DLC

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