NÎMES Le tyran domestique part en prison : son épouse et ses enfants évoquent un enfer quotidien
Un quinquagénaire a été condamné, mardi par le tribunal correctionnel de Nîmes, pour des violences habituelles sur ses enfants et son épouse.
"C'est l'exemple parfait de la violence cachée d'un père de famille sur ses proches. L'emprise totale, la soumission qu'il a pu obtenir, selon le procureur Frédéric Kocher. Il avait le droit de battre, de frapper, et d'interdire sans aucune limite à sa femme et à ses enfants. Nous sommes dans un dossier de violences extrêmes, on évoque une enfant qui a eu la tête dans la cuvette", poursuit le procureur qui réclame deux ans de prison dont une année avec un sursis probatoire.
Cet habitant de Beaucaire, âgé de 51 ans, est mis en cause pour des violences survenues entre début décembre 2022 et la fin janvier 2023. Depuis, il a quitté le domicile familial et a divorcé, après qu'une de ses filles a dénoncé les faits subis par la fratrie, mais aussi par l'épouse du prévenu. Cette dernière ne devait pas sortir de chez elle-même pour aller chercher les enfants à l'école. Elle n'avait d'ailleurs pas les clefs pour quitter son domicile, selon des éléments évoqués à l'audience présidée par Jérôme Reynes.
"Je vais te casser les jambes comme ça tu seras dans un fauteuil roulant, lui disait son père", affirme maître Caroline Greffier qui défend une fille du mis en cause. Un jour, il a arraché un ongle de sa fille avec une pince, il racontait qu'il était pire que Hitler et qu'il brûlerait son visage pour masquer sa beauté", ajoute l'avocat nîmois. "Le maître mot de ce dossier est l'emprise, c'est sous cette emprise qu'une famille vit depuis 20 ans sous la coupe du bourreau", complète Maître Laurie Le Sagère. "C'était le tyran domestique, il faisait vivre sa famille comme des soldats de l'Armée et en jouant le rôle du chef absolu", ajoute Maître Sylvie Laroche pour les autres enfants du couple dont deux avaient moins de 15 ans lors des faits.
La mère de famille pleure tout au long de l'audience et raconte avec l'aide d'un traducteur les souffrances physiques, psychologiques et sexuelles endurées. "Il disait qu'il allait balafrer mes filles, ma vie est en danger". "Il était violent et à la fin de l'acte sexuel, il fallait lui dire maître", détaille la mère de famille.
Le prévenu nie catégoriquement et depuis le début de la procédure la totalité des accusations. "Je n'ai rien à voir avec ça", se défend Nour Eddine. "Ils sont jaloux, ils sont contre moi", " Mes enfants ont menti pour sauver leur mère. Je suis un bon papa qui respecte la République", estime le mis en cause qui n'a pas souhaité être défendu par un avocat.
Un homme qui n'avait jamais effectué un jour de prison dans ce dossier, mais mardi soir vers 20h, il a rejoint la maison d'arrêt puisqu'il a été condamné à trois ans de prison dont une année avec un sursis probatoire de deux ans. Un sursis probatoire avec plusieurs obligations... Il a l'interdiction d'entrer en contact avec son ex-femme et ses enfants, l'interdiction de paraître au domicile des parties civiles et l'obligation d'indemniser les victimes. Il a écopé d'un mandat de dépôt à l'audience.