NÎMES Les agriculteurs produisent du cannabis pour payer les charges sociales
« Je vendais des légumes, surtout des courgettes et des haricots, mais je n’y arrivais pas financièrement, les marges sont trop faibles. Je gagnais très peu d’argent dessus », souligne le prévenu poursuivi devant le tribunal correctionnel de Nîmes avec son frère pour « acquisition, détention, transport, offre et cession de stupéfiants ». « Et comme je devais rembourser la MSA pour des charges sociales, il y a eu cette idée de cannabis », essaie d’expliquer l’exploitant de 50 ans. Son frère, 44 ans, a lui « loué » des terres en friches à son frère histoire de rentabiliser un peu plus l’exploitation défaillante.
Ils espéraient une bonne production de 30 kilos. Ils avaient calculé qu’elle devait leur rapporter 90 000 euros de chiffre d'affaire. Mais c’était sans compter sur une gorge anonyme qui a alerté la Police de l’air et des Frontières sur des suspicions de travail au noir dirigé par les deux frères d’origine laotienne. Lorsque la police a débarqué il y a quelques mois dans les exploitations de Nîmes et Saint Gilles, il n’y avait pas trace « d’esclavagisme » aux champs, mais une odeur qui chatouillait les narines. Dans le fourgon du maraîcher des dizaines de caisses remplies de cannabis en train de sécher. Des plants sont même accrochés au toit du véhicule. Dans une serre, les haricots et courgettes avaient laissés la place à une centaine de plants de cannabis. La petite affaire familiale était tout de même un peu plus sophistiquée qu’il n’y paraissait. « Vous aviez un acheteur qui était convoqué aujourd’hui et qui n’est pas venu, il prenait 15% de votre récolte », souligne, Jean-Pierre Bandiera, président du tribunal correctionnel. L’agriculteur est condamné à 4 mois de prison ferme, son frère et l’absent à 1 an avec sursis. Ils écopent en outre de peines d’amende.
Boris De la Cruz