Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 07.07.2017 - boris-de-la-cruz - 3 min  - vu 2485 fois

NON ÉLUCIDÉ Le disparu de la Feria retrouvé mort et enterré dans la garrigue

Forance - stock.adobe.com

Laurent Julien disparaît le 10 juin 2011 au soir alors qu'il venait d'appeler ses copains en expliquant qu'il arrivait pour faire la fête dans le centre-ville de Nîmes en ébullition pour cette Feria de Pentecôte. À ce moment-là, personne n'imagine que le jeune serveur, qui travaille dans une grande chaîne de restauration à Alès, sera retrouvé mort et enterré dans un terrain vague des Hauts de Nîmes trois semaines plus tard, le 3 juillet 2011 précisément.

Il est découvert, habillé d'un simple slip dans un terrain situé à l'intersection de l'ancienne route d'Alès et de la très passagère nationale 106 qui relie Nîmes à la capitale cévenole. C'est juste en dessous d'un pont routier que le pied de la victime est aperçu par un promeneur qui alerte la police. Le lien avec Laurent Julien est rapidement fait, des expertises ADN prouveront quelques jours plus tard qu'il s'agit bien du disparu de la Feria. Il a été étranglé.

Le 10 juin au soir donc, Laurent Julien qui vit avec son petit copain dans un appartement du quartier Pissevin à Nîmes, part seul de chez lui à pied pour rejoindre un bar de la place Montcalm où l'attendent des copains. Il n'arrivera jamais. Son périple ce soir-là reste un mystère.

Laurent Julien, disparu pendant la Feria de Nîmes 2011. L'enquête se poursuit

Mauvaise rencontre ?

Rapidement l'inquiétude gagne ses proches. Dans un premier temps, une enquête pour "disparition inquiétante" est ouverte.  Elle se transformera à la découverte du corps en "homicide volontaire". La police judiciaire en charge des investigations travaille sur la vie privée de la victime. Il vit en couple avec un autre garçon et justement son cadavre est retrouvé sur un terrain proche d'une zone habituée à recevoir la nuit tombée des relations homosexuelles d'un soir. Simple hasard, rencontre fortuite ou bien Laurent Julien avait-il rendez-vous dans le secteur?

Les policiers enquêtent mais ne trouvent rien, pas l'ombre d'une mauvaise rencontre qu'aurait pu faire la victime ce soir-là. En épluchant les fadettes et le réseau de téléphonie, les enquêteurs ciblent une zone où la victime a passé la soirée. Une certitude: il n'a jamais mis les pieds en ville cette nuit-là. Son téléphone avant d'être éteint, émet dans un secteur qui passe par chez lui et qui poursuit vers les hauts de Nîmes, vers l'endroit où le corps sera retrouvé en état de décomposition avancé 3 semaines plus tard.

L'enquête rebondit

Ce n'est qu'en 2013 que les investigations dans un autre dossier vont permettre d'arrêter deux hommes, mis en examen depuis, pour "enlèvement, séquestration, suivi de meurtre" de Laurent Julien...

En juin 2013, une vague d'interpellation a lieu à Pissevin et Valdegour dans une affaire traitée par la DCRI, la direction centrale du renseignement intérieur. Dix arrestations ont lieu alors dans ce dossier qui serait en lien avec des mouvances islamistes salafistes. Un homme mis en examen dans le dossier du crime de la garrigue de Nîmes sera placé sous bracelet électronique et tentera alors de rejoindre la Syrie. Son complice présumé parviendra lui a prendre la fuite.  Il est toujours recherché.

Salafisme, homophobie et loi du silence

"C'est un dossier qui devrait rester dans les annales. Les interpellations et les mises en examen des deux hommes dans le crime Laurent Julien sont liées à une lettre anonyme parvenue au service de renseignements. Après cette dénonciation, il n'y a aucune autre charge sur les deux co-mis en examen et depuis 4 ans il n'y a pas l'ombre d'une avancée dans l'enquête", dénonce maître Kadidja Aoudia, avocat d'un suspect. "Depuis fin 2013,  mon client n'a jamais été interrogé sur cette affaire, qui ne repose sur aucun élément, aucune analyse, aucun témoignage précis", poursuit Maître Elodie Ginot, conseil de l'autre suspect. "C'est une enquête difficile car l'enquête sur la mort de cet homme est polluée par le dossier traité à Paris par la section anti-terroriste.

Les deux mis en examen vivaient dans le même quartier que la victime qui était homosexuel, c'était connu dans le quartier même si Laurent Jullien était discret, souligne Maître Olivier Bessodes, l'avocat de la famille du jeune homme qui s'interroge sur une éventuelle piste homophobe. L'enquête se poursuit, je suis persuadé que dans le quartier des personnes savent et n'osent pas témoigner. Ils peuvent aller voir la justice et témoigner sous anonymat, explique l'avocat nîmois. Les deux mis en examen étaient fichés S au moment du crime. Un d'eux est introuvable, les services de renseignement pensent qu'il est actuellement en Syrie. L'autre mis en examen dans le dossier criminel gardois, sera bientôt jugé à Paris pour affaire liée aux mouvances islamistes.

En attendant, depuis plus de 6 ans et la découverte du corps de Laurent Julien , sa famille, ses proches, ses amis, attendent une vérité judiciaire qui tarde à venir.

Boris De la Cruz

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