Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 01.06.2021 - corentin-migoule - 3 min  - vu 1621 fois

BOXE L'Alésien Amine Feddal ira représenter la France aux championnats du monde

Amine Feddal dans la salle de MMA de Gabriel Solignac, un ami de son papa. (Photo Corentin Migoule)

Double champion du monde de savate boxe française, le Cévenol habitué à boxer chez les moins de 65 kilos s'apprête à renfiler les gants cet été pour tenter de décrocher son premier titre mondial dans la catégorie des moins de 70 kilos. Un grand défi pour Amine Feddal qui n'a pas combattu officiellement depuis fin 2019.

Dans l’ombre de la célèbre boxe anglaise et moins en vue que le très en vogue MMA, la savate boxe française est une discipline tout aussi exigeante, alliant pieds-poings, et dans laquelle Amine Feddal excelle depuis plusieurs années. Après avoir fait ses gammes dans les principaux clubs du bassin alésien, ce dur au mal qui n'avait pas le talent de son frère cadet a tout de même réussi à s'offrir la bagatelle de deux titres mondiaux - rien que ça ! - à force de travail.

Son départ pour la Ville Rose conjugué à son arrivée au club du Toulouse Multi-Boxe, l'un des meilleurs de l'Hexagone, n'y sont pas étrangers. Dans le chef-lieu de l'Occitanie, l'Alésien a trouvé son équilibre garanti par un temps de travail aménagé grâce au statut "sportif de haut niveau" dont il bénéficie. Ce qui lui permet de s'infliger jusqu'à deux séances quotidiennes six jours sur sept à l'approche d'une échéance sportive, le tout sous la houlette de son coach, le très exigeant Antonio Mastropasqua dit "Toto".

"J'ai perdu deux ans de ma carrière"

Pourtant ces derniers mois, en l'absence de perspectives compétitives et alors que son dernier combat officiel remonte au 30 novembre 2019, jour de son vingt-huitième anniversaire synonyme de deuxième sacre mondial, Amine Feddal reconnaît avoir réduit la voilure, s'octroyant même une semaine de repos total, ce qui n'était pas arrivé depuis bien trop longtemps pour qu'il ne parvienne à s'en souvenir.

Mais après une année de purgatoire marquée par la pandémie et des annulations en cascade, le boxeur pieds-poings entrevoit enfin le bout du tunnel. Remobilisé par l'annonce des dates des championnats du monde fixées du 26 au 31 juillet prochain en Autriche, galvanisé par la quête d'un nouveau défi, Amine Feddal revit : "Ça devenait vraiment dur de s'entraîner sans la carotte au bout. Surtout que je vais avoir 30 ans à la fin de l'année. J'ai perdu deux ans de ma carrière où j'étais dans la force de l'âge."

Si l'organisation des championnats du monde comporte encore quelques zones d'ombres en l'absence de certitudes quant à la situation sanitaire, le boxeur d'1m88 sait déjà qu'il boxera en trois reprises de deux minutes et qu'il faudra sortir des poules pour se hisser en demi-finale. "Si je gagne la demie, j'irai disputer la finale en fin d'année dans le pays qui aura acheté le combat", explique l'athlète. Car si la savate boxe française ne génère pas autant d'argent que le noble art (à peine 600 euros de dotation de la Fédération pour un titre mondial, NDLR), les grands combats sont tout de même l'objet de convoitise de la part de certains pays qui sortent le chéquier pour accueillir des galas.

"Il sait que je suis fier de lui"

Parce qu'il est un homme de "challenges" et qu'il ne lui reste que "deux ou trois ans pour se faire plaisir" avant de raccrocher, celui qui combat depuis près d'une décennie en moins de 65 kilos a choisi de s'aligner sur celle des moins de 70 kilos. "Déjà ça m'évite d'avoir à faire un gros régime pour perdre 7 kilos en plein mois de juillet et en plus ça me permet de défier des nouveaux boxeurs que je ne connais pas", apprécie Amine Feddal.

Le boxeur expérimenté qu'il est désormais fera office d'étendard tricolore au sein d'une délégation d'une vingtaine de Français, staff compris, qui filera en Autriche défier les meilleurs compétiteurs de la planète au cœur de l'été et après des mois de privation. Son père, Ben Feddal, à qui il rend visite au moins une fois par mois dans la capitale cévenole, espère être du voyage. "Dans tous les cas il sait que je suis fier de lui, je n'ai pas besoin de le lui dire. On se regarde et on se comprend", résume celui qui donne des cours de boxe pieds-poings dans une salle alésienne.

Corentin Migoule

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