CHAMBORIGAUD/GÉNOLHAC Enfin des perspectives pour la reconstruction du pont de Rastel
Bientôt deux ans que la crue du Luech, survenue le 3 octobre 2021, a emporté avec elle le pont de Rastel reliant Chamborigaud à Génolhac, lequel n'a toujours pas été reconstruit. Mais une réunion avec les services de l'État, les élus concernés et le bureau d'études semble avoir fait bouger les lignes cette semaine.
Le 3 octobre 2021, un violent orage éclata en Cévennes et le Luech alors en crue emporta deux ponts bicommunaux. Le pont submersible du côté du hameau de Sentinel, peu onéreux (60 000 euros), fut reconstruit presque immédiatément grâce à la prise en charge financière de l'État, de la Région, du Département et de l'Agglo. Du côté du pont de Rastel, lui aussi dévasté, il fallut attendre le mois de décembre pour qu'une passerelle permette l'accès d'une rive à l'autre aux piétons.
Ce n'est qu'en février 2022 qu'une nouvelle piste fut créée pour les voitures, désenclavant en partie une poignée d'habitants sinistrés. Un ouvrage qui avait vocation à n'être que provisoire puisqu'arriva le temps des études pour une reconstruction à l'identique du pont de Rastel. Problème : malgré les contributions financières de l'État et des collectivités locales, le reste à charge pour les communes de Génolhac et Chamborigaud - qui ne roulent pas sur l'or (relire ici) - demeurait trop important.
Alors qu'un collectif de riverains impatients s'est récemment constitué pour faire pression sur les autorités, un rendez-vous important avait lieu ce mercredi 14 juin en présence des services de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), du sous-préfet de l'arrondissement d'Alès, Jean Rampon, et du conseiller départemental du canton, Patrick Malavieille.
Émile Corbier, maire de Chamborigaud, et Guy Chéron, maire de Génolhac, n'ont évidemment pas manqué ce rendez-vous matinal au cours duquel la reconstruction du pont de Rastel était évoquée. Quatre options étaient sur la table, une seule a fait consensus et a été retenue. "Il y avait deux options de pont avec des piliers intermédiaires dans le lit de la rivière. On a directement exclu ces deux options parce qu'on revenait au même système que pour l'ancien pont", rejoue Guy Chéron.
Une autre proposition comprenait une barrière métallique. "On l'a exclue aussi car on s'est dit qu'en cas d'épisode cévenol la barrière ne ferait pas long feu", justifie l'édile génolhacois. La quatrième et dernière option, celle d'une structure avec un tablier sans piliers centraux, a donc été privilégiée. À noter que le paramètre du coût du projet ne rentrait pas en compte dans le choix.
Un reste à charge enfin "acceptable"
Le bureau d'études Cereg doit maintenant saisir l'organe compétent en matière de chiffrage du projet. "Ça nous permettra de déclencher l'appel d'offres", prévient Guy Chéron, lequel précise que la solution retenue "a l'air de convenir" à la DDTM qui se chargera malgré tout de mener des études complémentaires.
Le financement du pont qui a longtemps figé les positions ne semble plus être un problème. "On sait maintenant comment se positionnent les différents organismes en matière de subventions", se réjouit le maire de Génolhac. En effet, si l'Agglo ne s'est pas encore positionnée, 15 % du montant du devis initial de l'ordre de 400 000 € serait pris en charge par le Département, 15 % par la Région, tandis que l'État a déjà abondé à hauteur de 170 000 € au titre de la dotation d'équipement des territoires ruraux (DETR) et 120 000 € via la dotation de solidarité aux collectivités victimes d'évènements climatiques (DSEC).
"On arriverait à plus de 80 % de subventionnement. Il faut maintenant savoir si l'État ne va pas baisser cette partie subventionnable car la réglementation en la matière indique qu'il doit toujours y avoir 20 % de reste à charge pour la commune", indique fort justement Guy Chéron. Le dernier nommé va donc faire une demande d'exonération à la préfète afin qu'elle accepte ce dépassement.
Fin 2024, début 2025
Quid désormais des délais de reconstruction du pont ? Les habitants devront encore se montrer patients... Le pont ayant été totalement emporté par les eaux, la DDTM considère le projet comme une nouvelle construction et non comme une rénovation, ce qui implique théoriquement une procédure différente et plus longue. Dans le meilleur des cas, les travaux seront menés à la fin de l'année 2024 pour une durée estimée à quatre mois.
"On est dans une zone inondable. Il faudra trouver un lieu pour stocker le matériel en sécurité de sorte que si un épisode cévenol survient pendant les travaux, il n'emporte pas tout", échafaude déjà le maire. S'ils n'emprunteront pas le pont de Rastel dans sa version finale avant le début de l'année 2025, les membres du collectif ont tout de même accueilli à bras ouverts cette nouvelle. "Ils sont contents d'avoir au moins une perspective car ils se demandaient si on allait reconstruire ce pont un jour", analyse Guy Chéron.
Correctif
: Dans une précédente version de cet article parue en fin de semaine dernière, nous écrivions que, tel que l'avait confié le maire de Génolhac Guy Chéron, "le sous-préfet a (avait) demandé à la DDTM de passer outre (la procédure inhérente à un projet de construction, Ndlr) afin de ne pas rallonger les délais". Ce lundi, l'élu génolhacois a contacté la rédaction afin d'apporter un complément d'informations. "Il y a maldonne. Je me suis mal exprimé. Je n'ai jamais dit que le sous-préfet avait demandé à la DDTM de passer outre. Il n'a pas le pouvoir de le faire. Il a simplement demandé à la DDTM de faire au mieux en matière de délais au regard de l'enjeu pour les personnes impactées", reprécise le maire.