CHAMPCLAUSON Poétique et aquatique, "Nénuphar", le projet audacieux de Franz Clochard
Le cofondateur d'Archaos, créateur de la compagnie Mécanique vivante basée à Champclauson, au nord d'Alès, s'apprête à créer des scènes flottantes destinées à l'accueil de représentations artistiques. Avec ce projet qui devrait voir le jour en 2024, Franz Clochard a remporté le "défi culture" du concours économique Alès Audace il y a quelques jours.
"J'ai toujours flashé sur les nénuphars. Cette espèce de grosse feuille semi-immergée avec des fleurs jaunes, je trouve ça hyper poétique !" Franz Clochard n'a eu aucun mal à trouver un nom à son projet de création de scènes flottantes dédiées à l'accueil de prestations artistiques. Avec "Nénuphar", le fondateur de la compagnie Mécanique vivante basée à Champclauson depuis 2002 a fait mouche, remportant il y a quelques jours à peine le "défi culture" du concours économique Alès Audace (relire ici).
Il faut dire qu'il ne manquait pas d'arguments aux yeux d'un jury qui avait le regard déjà porté vers l'avenir, celui d'un couronnement potentiel de l'Agglo d'Alès au titre de "capitale française de la culture". "Dans mon dossier, j'ai évoqué la possibilité d'organiser un évènement en grande pompe sur le Gardon en avril 2024, juste avant la Feria de l'Ascension, pour célébrer l'une des animations phares de la labellisation", confie le fringant quinquagénaire.
Depuis son camp de base de création et de production situé au nord d'Alès, lequel comprend deux bâtiments pour une surface totale de 3 300 mètres carrés dédiée au processus créatif et au développement technologique, "royal", le cofondateur d'Archaos au mitan des années 80 a imaginé un nouveau dispositif scénographique permettant la mise en scène d'espaces aquatiques à faible tirant d'eau. En effet, 40 à 50 centimètres d'eau suffiront à accueillir ces scènes flottantes, des plateaux de 2,5 mètres de diamètre.
Pour mener à terme ce projet artistique "excitant", le tromboniste de formation fait confiance aux élèves ingénieurs de l'école des Mines pour la conceptualisation, et à ceux du lycée JBD (Bac Pro et BTS) pour la fabrication. "Si on le fait pas, personne ne le fera. C'est aussi simple que ça", résume l'énergique Franz Clochard de sa voix rocailleuse. "De l'idée originale qui est l'œuvre de l'esprit, à la fabrication du prototype, puis la réalisation et la mise en scène pour le partage avec le public, on boucle toute la chaîne de la création. On ne peut pas rêver mieux", apprécie l'artiste, passionné par un métier lui conférant autant de latitude.
"Une idée qui germe depuis dix ans"
Les nénuphars résistants de Mécanique vivante auront le cuir suffisamment tanné pour accueillir sur leur dos un pianiste avec son quart de queue, une batterie, un duo de danseurs, un trio à cordes ou encore un acrobate muni de son matériel. Leur flottabilité sera assurée par des bouées de pare-battage, habituellement utilisées pour protéger la coque des navires accostés, tandis que leur maniabilité relèvera du travail d'un filin, d'une autopropulsion à la rame ou d'un "petit système motorisé".
"Avec Mécanique vivante, on travaille depuis longtemps sur des espaces aquatiques, des fleuves, des bords de mer. Mais on a souvent été confrontés à la problématique d'un organisateur qui nous demande de créer un spectacle sur un espace aquatique. C'est techniquement impossible sur ceux qu'on peut trouver dans la plupart des centres-villes. Le projet Nénuphar est né de ça. C'est une idée qui germe depuis plus de dix ans", justifie l'inventeur.
Une expérimentation au lac des Camboux
Celui qui a fait ses gammes au Conservatoire de musique a trouvé en Alès Audace une formidable occasion de relancer un projet un temps confiné dans les cartons. "Depuis le Covid, on ne fait que ça, travailler sur des projets qui n'aboutissent pas. C'est terriblement minant !", rejoue Franz Clochard, heureux à l'idée de concrétiser dans un futur proche une démarche savamment maturée.
Car alors que le premier essai du prototype s'est avéré concluant, le patron de Mécanique vivante et les élèves du bassin alésien affineront leurs observations à l'occasion d'une expérimentation prévue en janvier 2024 sur le lac des Camboux. Trois mois avant une première mise en eau officielle dans le Gardon d'Alès, donc. "C'est totalement logique que la primeur du spectacle revienne à Alès", conclut le quinquagénaire, qui avait déjà offert à la capitale des Cévennes son "Nouveau cirque" à la Verrerie.