L'INTERVIEW SPORT Sébastien Baptiste (co-président du RCC) : "La notoriété du rugby a augmenté ces dernières années"
Quel bilan dresser, sur le plan local, de la Coupe du Monde de rugby en France ? Sébastien Baptise partage la présidence du Rugby club cévenol avec Jean-Michel Redares et Laurent Malfroot. Dans cet entretien, l'Alésien revient notamment sur les répercussions à l'échelle locale, les bienfaits et les déceptions liées à ce Mondial de rugby.
Objectif Gard : Quel est votre rôle actuel au sein du Rugby club cévenol ?
Sébastien Baptiste : Je suis multi-casquettes au Rugby club cévenol. Je suis co-président du club aux côtés de Jean-Michel Redares et Laurent Malfroot, je suis aussi entraîneur général de l'équipe sénior réserve évoluant en excellence B, mais également joueur - au poste de pilier - depuis près de 20 ans. Laurent Malfroot est mon frère de coeur, on a toujours joué ensemble. Est-ce une logique que l'on soit tous les deux à ce poste ? Je ne sais pas, j'ai plutôt l'impression que l'on a endossé cela parce que personne n'est vraiment friand de ce rôle-là. Cela demande beaucoup de temps et d'investissement, on ne s'en rend pas compte lorsque l'on est joueur à vrai dire. Mais rien n'a changé, nous ne faisons pas plus ni moins qu'avant. Nous sommes probablement davantage sollicités par des petits détails aujourd'hui que nous sommes présidents, mais nous faisons ce travail avec le même investissement depuis longtemps. Tout comme les bénévoles de ce club - ils sont 49 cette année -, ils font autant de travail que nous, c'est important aussi de le souligner. Aujourd'hui ce qui fait vivre les associations comme les nôtres ce sont les bénévoles.
Comment vous répartissez-vous les charges ? Est-ce plus facile de co-présider avec un ami de toujours ?
Alors, oui et non. Nous sommes une association, donc quelqu'un qui donne de son temps, que peut-on lui reprocher ? C'est compliqué. Je dirais que c'est ce côté "social" qui est le plus difficile à gérer dans une association, et pourtant c'est ce qui nous réunit, on donne chacun de notre temps, mais on doit sans cesse jongler avec les caractères de chacun. Sur le sportif on sait ce que l'on veut, amener le club au plus loin, avoir une bonne formation et gagner. Mais sur ce qui concerne le club autour à savoir les différentes manifestations, l'après-match ou autres, on peut ne pas avoir les mêmes idées.
Au niveau de la gestion du budget, des sponsors, comment vous organisez-vous ?
Au RCC nous avons beaucoup de chances, l'ensemble de nos bénévoles est mobilisé, impliqué. Et heureusement car sans sponsors, par exemple, nous ne pourrions rien faire. Nous, on a de vrais bénévoles, personne ne touche un franc sur son abnégation au sein du club. Pourtant, je peux vous dire qu'il y en a qui donnent vraiment de leur temps. En ce qui concerne le budget, nous sommes dans les 250 000 euros. Grâce à ça, nous sommes probablement un des seuls clubs à avoir des mini-bus, des stages pour les gamins à chaque vacances, en réalité on essaie de solliciter le moins possible les parents. Tout le monde y trouve son compte.
Passons à l'influence de la Coupe du Monde de rugby en France. A-t-elle suscité un intérêt accru pour le rugby dans la région et une augmentation des licenciés au sein de votre club comme c’était imaginé au préalable ?
Oui, la Coupe du Monde de rugby en France a donné une certaine visibilité à notre sport mais je pense que l'augmentation du nombre de licenciés dans le club n'est pas liée directement à cette compétition. Je pense que c'est davantage le travail de fond que produisent les salariés du club, à travers les interventions que l'on fait dans les écoles (le RCC intervient à travers 300 séances, 6 par classe, dans une quinzaine d'écoles d'Alès et ses alentours, NDLR) mais aussi notre présence sur les réseaux sociaux et d'autres aspects que l'on a développés récemment. Pour tout vous dire, le Comité départemental du rugby nous avait annoncé une augmentation sur l'école de rugby de 25 %, tandis qu'elle a atteint une augmentation de 10 %. Je ne suis pas réellement certain que même après l'enregistrement de toutes les licences nous atteignions ce nombre. Nous avons davantage augmenté notre nombre de licenciés après le Covid qu'après la Coupe du Monde. Il y a eu une augmentation de plus de 100 %. Et nous essayons de les fidéliser, notamment au niveau de l'école de rugby à travers un voyage de fin d'année, notre propre tournoi, des vacances, un arbre de Noël, toutes ces actions-là.
Le Comité départemental du rugby nous avait annoncé une augmentation sur l'école de rugby de 25%, tandis qu'elle a atteint une augmentation de 10% seulement.
Sébastien Baptiste
Est-ce que la défaite de l'équipe de France en quart de finale, vous qui retransmettiez l'ensemble de leurs rencontres, a freiné l'engouement autour du rugby, de l'événement, et de votre club selon vous ?
En toute transparence, oui, on l'a vu. Nous avions diffusé tous les matchs de la France, nous amenions du monde au Club House mais derrière ça, une fois qu'il n'y a plus la France ça s'éteint. Forcément, quelqu'un qui a pu se sentir bien en venant chez nous, 4 ou 5 fois regarder les matchs et partager un moment dans le Club House aurait pu venir adhérer, par exemple. Dans ce cas ça a mis un frein, oui.
Nous sommes sur une phase montante du rugby
Sébastien Baptiste
Après le côté quand même positif d'accueillir la Coupe du Monde en France, même si la diffusion des matchs sur Alès restait un peu moindre, est le fait que tout le monde a parlé rugby pratiquement pendant un mois, tout le monde est tombé dessus à la télé... La notoriété du sport a augmenté dans un pays comme la France où ça reste le football le numéro 1, ça c'est certain ! Le rugby a bien grandi ces dernières années. Il y a quelques années de cela, le rugby était sur France 3 et c'est tout. Aujourd'hui il apparaît aux heures de grande écoute, il est diffusé massivement. Ce n'est pas si vieux que ça, mine de rien.
Enfin, même si les Bleus ont perdu, on a quand même une belle équipe de France, on a produit du beau jeu et je pense que l'on a quand même, comme le disait Fabien Galthié, "conquis le coeur des français". Sans oublier non plus que les moins de 20 ans sont champions du monde trois années consécutives. Je veux dire, cela ne va faire que grandir et c'est sûr que pour moi on est sur une phase montante du rugby et ça, on le ressent nous aussi.