Publié il y a 7 mois - Mise à jour le 29.03.2024 - Thierry Allard - 3 min  - vu 4006 fois

BAGNOLS/CÈZE Le bail de la mosquée At-Tawba résilié par la mairie : « on ne sait pas où on va aller »

La mosquée At-Tawba de Bagnols

- Photo d'archives Marie Meunier

Début mars, le maire de Bagnols Jean-Yves Chapelet indiquait vouloir résilier le bail de la mosquée At-Tawba, où exerçait l’imam Mahjoub Mahjoubi, expulsé en Tunisie en février dernier suite, entre autres, à des propos polémiques. Aujourd’hui, l’Association des musulmans du Gard rhodanien (AMGR), qui gère la mosquée, sort du silence.

« On ne voulait pas trop réagir, mais les musulmans de Bagnols sont en colère et inquiets », commence le trésorier de l’association, aux côtés du président. Tous deux ne veulent pas laisser leur nom apparaître dans la presse, échaudés par « la tornade qui est passée à Bagnols », à savoir la polémique qui a mené à l’expulsion de Mahjoub Mahjoubi. Ce mardi 2 juin, le conseil municipal votera la résiliation du bail emphytéotique qui lie l’association à la mairie, et le 10 juin prochain au plus tard, la mosquée devra quitter les lieux.

« On ne sait pas où on va aller », soupire le président, alors que la mosquée accueille « une centaine de personnes au quotidien, 2 à 300 le soir » pour les prières, qui ne pourront pas, loin de là, aller prier dans la deuxième mosquée de la ville. Le président redoute de voir les fidèles « devoir retourner dans les caves, comme des rats. » « C’est une punition collective », déplore le trésorier. Car c’est bien la présence de Mahjoub Mahjoubi comme vice-président de l’AMGR au moment des faits qui permet à la mairie de demander la résiliation du bail, comme nous l’affirmait le maire Jean-Yves Chapelet début mars : « Mahjoub Mahjoubi est vice-président de l’association qui a le bail, et j’ai la possibilité de résilier ce bail du moment qu’il est utilisé à d’autres fins que celles prévues. » Contacté ce vendredi, le maire ne change pas de discours : « la décision s’impose, c’est tout. »

« Il n’est pas obligé de résilier le bail, aucun élément ne le justifie », rétorque le trésorier de l’association qui est conseillée par un cabinet d’avocats. Et concernant Mahjoub Mahjoubi, l’AMGR affirme avoir pris les devants : « Dès les premiers moments, on a fait une assemblée générale extraordinaire pour prendre en compte la démission de Mahjoub Mahjoubi, qui s’était dégagé, et on l’a signifié à la mairie », affirme le trésorier. « Même s’il n’a pas été jugé, qu’il reste présumé innocent, on s’est désolidarisés de lui, les propos de Mahjoub Mahjoubi n’engagent que lui », reprend-il.

Alors l’AMGR va attaquer la décision de la mairie au Tribunal administratif. « On ne va pas laisser faire », résume le trésorier. D’autant que l’association a conduit d’importants travaux dans la mosquée, « pour 150 000 euros », financés par les adhérents. « On n’a pas de subvention du Qatar », grince le trésorier. Le dernier investissement concerne la pose d’une moquette anti-feu il y a quelques mois pour 16 000 euros, et la remise aux normes incendie de l’école. « Alors qu’est-ce qu’on va dire aux gens qui ont donné de l’argent et du temps pour la mosquée ? », demande le président. Sur la perspective de voir l’affaire au Tribunal administratif, Jean-Yves Chapelet se contente de dire que « c’est leur droit ».

Même si l’affaire va sans doute se poursuivre devant les tribunaux, l’AMGR refuse d’accabler le maire, avec qui les relations étaient « très bonnes », affirme l’association. « On comprend que le maire n’a pas voulu prendre de risque, admet le trésorier. Nous aussi, on a entendu des choses abominables sur nous, qu’on était une usine à radicalisation, on avait envie de vomir. Le maire aussi a subi beaucoup de pressions, ça a été dur. » Alors aujourd’hui, « tout ce qu’on souhaite, c’est l’apaisement », conclut le trésorier.

Thierry Allard

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