BAGNOLS/CÈZE Soins de rééducation, urgences : le Centre hospitalier fait le point
Si dans l’hôpital public en général, les sujets parfois épineux ne manquent pas, dans celui de Bagnols, ils y en a peut-être un peu plus qu’ailleurs. Alors ce mercredi, la direction de l’établissement donnait une conférence de presse pour faire le point sur les dossiers chauds du moment : les soins de rééducation et les urgences.
Les soins de rééducation, d’abord. Alors qu’il y a quelques années, le groupement de coopération sanitaire entre le Centre hospitalier et la clinique privée Lagaraud toute proche était cité en exemple, force est de reconnaître qu’aujourd’hui, cette coopération a fait long feu. Ainsi, après la fin de l’activité chirurgie de la clinique il y a deux ans, cette fois le groupe Clinipôle abandonne les activités de moyen séjour de soins médicaux de réadaptation, comprendre les soins de rééducation, au 1er avril prochain. « Il y avait deux activités à Lagaraud, une polyvalente et une locomoteur, pour les prothèses de hanches, de genou, les douleurs au dos, explique le directeur du Centre hospitalier Jean-Philippe Sajus. Or cette deuxième activité est essentielle, adossée à notre activité de chirurgie orthopédique. »
Alors hors de question de la laisser fermer. Le Centre hospitalier a déposé un dossier de reprise de l’activité auprès de l’Agence régionale de santé (ARS), qui a été accepté. De quoi sauver une trentaine de lits sur la cinquantaine que la clinique exploitait auparavant, l'activité polyvalente n'étant pas reprise. S’est alors engagé un processus de reprise du personnel, avec pour engagement « de trouver une solution pour chaque salarié », affirme le directeur. Aucun salarié ne perdra en salaire dans ce transfert, assure-t-il, et ils seront libres d’accepter ou pas de passer sous le pavillon de l’hôpital public. Résultat : « On sera prêts », lance Jean-Philippe Sajus, et le service continuera d’exister sans interruption sur Bagnols. « Ça s’est fait un peu dans l’urgence, mais le Centre hospitalier s’est mobilisé pour proposer ce service à ses patients », ajoute le directeur de la Commission médicale d’établissement, le Dr Pierre Kovalevsky. « On s’est tous mobilisés, on ne pouvait pas lâcher ce service, abonde le maire et président du Conseil de surveillance de l’établissement, Jean-Yves Chapelet. Et l’ARS a été aussi à la hauteur. »
Reste désormais à traiter un sujet connexe : les bâtiments de la clinique, « d’une grande fragilité, et compte tenu de cet état, il est impossible d’envisager une exploitation au-delà de trois ans », pose Jean-Philippe Sajus. L’idée désormais va être d’engager « une reconstruction qui ne sera pas sur ce site, mais qui restera pas trop loin du Centre hospitalier », ajoute-t-il. Un dossier pas simple à gérer, « mais au bout du compte, ce sera bénéfique pour l’hôpital, avec une amélioration de l’offre de soins », affirme le Dr Kovalevsky.
Des urgences bientôt plus grandes mais de plus en plus « régulées »
Autre sujet bâtimentaire, celui des urgences. Les locaux, refaits il y a une vingtaine d’années, sont devenus trop petits. « À l’époque, il y avait 12 000 passages annuels aux urgences, et le service avait été envisagé pour 18 000 à 20 000 passages, explique le Dr Kovalevsky. Or nous avons dépassé les 30 000 passages annuels. » Impossible de faire l’économie d’une extension, dont les travaux seront lancés « en juin, pour une opération de 24 mois en deux tranches, car nous sommes sur un site occupé », précise le directeur du Centre hospitalier. 6 millions d’euros seront ainsi investis. À l’arrivée, les urgences auront gagné 700 mètres carrés, pour environ tripler de surface. La rampe d’accès actuelle va disparaître et laisser la place à l’extension. « Ces travaux vont nous permettre d’organiser mieux la prise en charge avec des circuits spécialisés », avance le Dr Kovalevsky, qui est lui-même urgentiste.
Reste désormais à y mettre des médecins, dans ce service qui enchaîne les nuits de « régulation » depuis le printemps dernier, comprendre qu’il faut impérativement appeler le 15 pour y être pris en charge pour les urgences vitales, les autres interventions étant renvoyées vers la maison médicale de garde. « Il nous manque 50 % de médecins par rapport à notre effectif cible, nous en sommes à 5, 6 médecins au lieu de 13, pose le Dr Kovalevsky. Et plus on a besoin de médecins, moins on arrive à en trouver, car les contraintes sont importantes. »
Un vrai sujet donc, même si le directeur, le président du Conseil de surveillance et celui de la Commission médicale d’établissement répètent que « les urgences sont ouvertes » même quand elles sont régulées, et que la maternité n’est pas concernée par ce dispositif. Ce qui se produit de plus en plus fréquemment, avec encore deux nuits depuis le début de la semaine en cours. Et encore, « par rapport à l’effectif médical qu’on a, on devrait être en régulation tous les soirs, affirme le Dr Kovalevsky. Toute soirée d’ouverture normale est une victoire. » Alors même si les urgences ne sont pas à proprement parler fermées, il s’agit tout de même d’un mode dégradé, « mais pas très loin du fonctionnement normal », affirme Jean-Yves Chapelet.
Et pas une exclusivité bagnolaise : si dans le Gard Alès a aussi dû réguler l’accès à ses urgences plusieurs nuits, le problème concerne « 50 % des services d’urgences de France », rappelle le président de la CME, qui dit « travailler sur la mise en place d’une équipe territoriale pour renforcer en cas de besoin », en lien avec le Groupement hospitalier territorial. « On fait feu de tout bois pour rendre à la population ce niveau d’offre de soins », rajoute-t-il. Pour autant, de l’avis général, la sortie de crise aux urgences de Bagnols n’est pas pour demain.