BAGNOLS/CÈZE Une table d’hommage aux victimes de la route le 11 mai
La vie de Bernard et Évelyne Couffin a basculé au moment où celle de leur fils Adrien s’arrêtait à 36 ans seulement, tué par un chauffard le 9 octobre 2022 à Saint-Privat-des-Vieux, près d’Alès. Depuis, ils se battent, avec les proches de leur fils, pour « faire comprendre que ça n’arrive pas qu’aux autres. »
Une grande table, recouverte d’une nappe noire, avec 55 couverts. 55 couverts pour autant de morts sur les routes du Gard en 2023 : pour le deuxième année consécutive, Bernard et Évelyne Couffin mènent une action de sensibilisation, qui se tiendra place Jean-Jaurès, au bas de la rue de la République, à Bagnols, le samedi 11 mai de 10h à 17h.
« Nous voulons toucher les gens », dit pudiquement Évelyne Couffin. De quoi susciter la curiosité des passants, avec qui le couple échangera sur cette douloureuse thématique, ses conséquences, leur combat pour la création d’un délit d’homicide routier. Pour ce faire, Évelyne et Bernard Couffin sont en train de monter une antenne du collectif Justice pour les victimes de la route, « pour aider les gens, conseiller les familles des victimes », glisse Bernard Couffin.
Pour militer aussi afin que les auteurs de violences routières, bien souvent dus à la vitesse, à l’alcool, aux stupéfiants, voire aux trois à la fois, avec « ce cocktail maudit », comme le dit l’adjoint au maire de Bagnols, Christian Baume, soient plus sévèrement condamnés. « Bien souvent, ils ne prennent que des peines avec sursis, ou sous bracelet électronique, ce n’est pas cher payé, on veut qu’ils soient condamnés comme il se doit, surtout la personne qui a tué notre fils », souligne Évelyne Couffin. Le conducteur de la voiture ayant provoqué l’accident mortel avait 1,80 g d’alcool par litre de sang au moment des faits, et roulait en excès de vitesse, la vitesse exacte au moment du choc restant encore à expertiser.
Dans la voiture d’en face se trouvaient Adrien Couffin donc, mais aussi sa femme Marion, son fils Mathieu et sa fille Léa, qui a été grièvement blessée. « Elle est restée trois jours entre la vie et la mort, et cinq jours dans le coma, elle est restée cinq mois sur un lit médicalisé avec onze fractures et un traumatisme crânien sévère, et elle aura toute sa vie des séquelles, développe sa grand-mère. Elle a perdu son papa, et a failli perdre sa vie, c’est inadmissible. » C’est pour elle, mais aussi en mémoire de leur fils, qu’Évelyne et Bernard Couffin se battent aujourd’hui.
Et ce alors qu’un an et demi après les faits, le chauffard n’est toujours pas jugé, et reste libre sous contrôle judiciaire. « Nous on a pris perpète », souffle Évelyne Couffin. Car pour les proches aussi la vie s’arrête : « Ça va avec des hauts et des bas, pour nous c’est un cauchemar, on se dit qu’on va se réveiller, on se dit pourquoi nous, pourquoi lui, tous les jours c’est une souffrance, poursuit-elle. Il n’y a que quand je dors, et encore je rêve de mon fils. » Et son mari de rajouter : « Jusqu’à la fin de nos jours on ne sera plus heureux. »