FAIT DU SOIR Malgré les vents contraires, le projet de Parc naturel régional des Garrigues avance

Les maires Dominique Ekel, Thierry Astier et Xavier Gayte, entourés du président de Primavera Vincent Nouzille et de celui des Amis du PNR des Garrigues Bruno Julien, à l'étang de La Capelle-et-Masmolène, ce samedi
- Thierry AllardRevoilà le projet de Parc naturel régional (PNR) des Garrigues ! Initié il y a plus de dix ans mais bloqué par l’opposition de la mairie d’Uzès, le projet n’est pas mort pour autant. Ainsi, deux maires de l’Uzège comptent créer l’association de préfiguration du PNR samedi prochain, avec pour but d’entrer enfin dans la deuxième phase du projet.
Car, après l’étude d’opportunité et de faisabilité, la création de l’association de préfiguration est incontournable. « Il y a eu deux études, portées d’abord par le Syndicat mixte des Gorges du Gardon puis par le Pôle d’équilibre territorial et rural en 2018 et en 2023, qui ont conclu qu’il était faisable et opportun de créer le PNR. Nous pouvons dire que nos patrimoines paysager, naturel et culturel sont d’intérêt national », rappelle en préambule le maire de La Capelle-et-Masmolène Xavier Gayte, à l’initiative de la création de l’association de préfiguration avec son homologue Thierry Astier (Pouzilhac) et le soutien de Dominique Ekel (Vallérargues).
L’association de préfiguration sera chargée « de rédiger la charte qui cadre les grands enjeux du territoire, avec un projet de développement pour les quinze prochaines années », présente Xavier Gayte, charte qui devra à terme être validée par les 81 communes du périmètre du parc, auxquelles pourraient s’ajouter 8 communes qui ne font pas partie du périmètre mais qui souhaitent l’intégrer, sur la partie nord du territoire. Cette association sera composée des élus des communes concernées qui le souhaiteront, des chambres consulaires et, en théorie, du Conseil départemental et de la Région. En théorie, car pour l’heure, les deux institutions ont décidé de ne pas en faire partie, ce qui bloque le processus mais n’empêche pas les promoteurs du projet de créer l’association.
Reste que la non-participation du Département et de la Région illustre le blocage actuel du projet. Blocage qui vient de la commune centre du projet de PNR : Uzès. « La Région a mis deux conditions, rappelle Xavier Gayte. D’abord, que plus de 50 % des communes ou de la population aient délibéré favorablement, ce qui est largement le cas, puisque nous en sommes à 73 %. Mais la Région a mis une condition supplémentaire : que la ville centre, Uzès, délibère favorablement, or ce n’est pas le cas. » Si le conseil municipal d’Uzès avait délibéré favorablement en 2018, il a pris la décision inverse en 2023.
« Aujourd’hui, on se retrouve avec Uzès qui a un pouvoir de blocage avec cette condition de la Région qu’on ne retrouve pas dans d’autres PNR », regrette Thierry Astier. Les défenseurs du PNR ont du mal à comprendre cette opposition, car le projet n’en est pas encore à sa phase décisive : « ils peuvent rentrer puis dire non ensuite », rappelle Bruno Julien, président de l’association les Amis du PNR des Garrigues. « La préfiguration, c’est payer pour voir », résume Xavier Gayte.
« Le PNR ne peut rien interdire »
Reste que si ça bloque toujours à Uzès, la cité ducale n’est pas la seule à s’être positionnée contre : 15 communes ont délibéré défavorablement et 7 ne l’ont pas encore fait. 59 communes ont quant à elles délibéré en faveur du projet. Alors l’idée de l’association de préfiguration est aussi de convaincre, en défendant l’intérêt d’un PNR.
Le périmètre
81 communes font partie du périmètre du projet, de Moussac à Montclus et de Rochegude à Aramon, des portes de Nîmes, avec Poulx, à la frontière ardéchoise, en passant par le Pont du Gard. Huit communes, toutes membres de l’Agglomération du Gard rhodanien, souhaitent l’intégrer : Saint-André-d’Olérargues, Cornillon, Issirac, Saint-Christol-de-Rodières, Salazac, Laval-Saint-Roman, Le Garn et Aiguèze.
« Il y a plus de 60 PNR en France, commence Bruno Julien. C’est une force locale, avec les élus, et autour d’eux les consulaires, les associations environnementales, de l’éducation, de la formation, pour préserver l’environnement et la nature tout en développant des activités compatibles avec cet objectif. » Le PNR « permet aussi de lever des fonds nationaux et européens pour financer des actions de développement local », reprend-il, « les communes dans un PNR génèrent six fois plus de fonds de l’État et de l’Europe », rajoute Xavier Gayte, sachant que « depuis 2020, une dotation est versée aux communes qui adhèrent à un PNR, de 12 000 euros par an en moyenne, ce qui couvre largement l’adhésion », complète-il.
De quoi battre en brèche l’argument revenu dans la bouche des opposants, qui dit que le PNR va engendrer des coûts supplémentaires pour les communes. Autre crainte : celle de voir s’alourdir les normes et les contraintes. « Ce n’est pas un outil normatif, mais volontariste, le PNR ne peut rien interdire », souligne Bruno Julien. « Plus que jamais il nous faut nous occuper du territoire hors de la politique, les collectivités font des choses, mais le PNR est volontariste et de participatif, avec le principe une commune, une voix », rappelle Dominique Ekel. « On confond souvent Parc national et PNR », rajoute Xavier Gayte. « C’est un outil au service des communes, reprend Thierry Astier, avec deux maîtres mots : développer et protéger. »
« Un outil de développement pour le milieu rural »
Et, sur un certain nombre de sujets, comme la préservation de l’environnement, la création d’une filière bois ou la redynamisation de l’agriculture, « l’échelle du PNR est plus adaptée que celle des communautés de communes et des communes », estime le maire de Pouzilhac, ce qui en fait « un outil de développement pour le milieu rural, aujourd’hui nous en avons besoin plus que jamais », avance Xavier Gayte. Notamment à l’heure du changement climatique et du vieillissement de la population dans les communes rurales. N’est-ce pas une couche de plus au mille-feuilles administratif ? « Avec un PNR, si les élus le décident, on peut fusionner le PETR, le Syndicat mixte des Gorges du Gardon, l’EPCC du Pont du Gard et la SPL de l’Office de tourisme », avance le maire de La Capelle-et-Masmolène.
Alors comment expliquer qu’un tel projet ne fasse pas l’unanimité ? « Il y a des peurs chez certains, alimentées par d’autres, de perdre la main sur certains sujets, alors que le PNR, ce n’est pas ça du tout », avance Thierry Astier. La peur aussi, peut-être, de donner plus de poids aux nombreuses associations de défense de l’environnement de l’Uzège, qui peuvent parfois contrarier les projets portés par les politiques. « Mais ce seront les élus qui auront la main, pas nous, nous n’aurons aucun pouvoir, simplement, nous pourrons aider », affirme Bruno Julien, dont l’association en fédère une trentaine d’autres autour du projet de PNR.
L’association de préfiguration sera donc lancée samedi prochain, avant une assemblée générale constitutive le 6 juin. Moins d’un an avant les élections municipales, donc. « L’idée est de porter le bébé PNR, sur lequel on a travaillé et qui est bousculé et mal en point, en vue des prochaines élections, et ce sera aux futurs élus de décider », affirme Dominique Ekel.
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