Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 18.11.2022 - Thierry Allard - 3 min  - vu 821 fois

FAIT DU SOIR Au Grand Avignon, la méthanisation change des déchets en biogaz

L'unité de méthanisation, derrière un des bassins de la station d'épuration

- Photo : Thierry Allard

L'unité de méthanisation de la station d'épuration d'Avignon Courtine, qui traite les eaux usées d'Avignon, Le Pontet des des communes gardoises de Villeneuve et des Angles, a été inaugurée ce vendredi matin. 

Le principe est simple : récupérer les boues issues du traitement des eaux usées (on ne vous fait pas un dessin) par la station, qui traite l'équivalent de 177 000 habitants pour 29 millions de mètres cubes annuels, pour en faire du biogaz, une énergie verte et locale. Si le principe est simple, le procédé un peu moins. 

"Les boues vont arriver dans un digesteur, qui fonctionne comme un estomac, explique la directrice des opérations Provence de Véolia Lydiane Riff. Des bactéries vont se nourrir des boues, qui vont fermenter et produire du biogaz", stocké dans une grosse sphère, le gazomètre. Après 25 jours dans le digesteur, chauffé à 37 degrés par des pompes à chaleur alimentées par les calories dégagées par le traitement de l'eau, le volume des boues aura diminué, après "digestion", de 40 %. Pour faire des 60 % digérés du biométhane utilisable, il faut encore le faire passer dans une unité de traitement avec une membrane permettant de récupérer du biométhane "pur à 90 %", avance Lydiane Riff. 

L'unité de méthanisation, derrière un des bassins de la station d'épuration • Photo : Thierry Allard

Ce biogaz est ensuite odorisé, c'est à dire que GRDF va lui rajouter son odeur caractéristique pour des questions de sécurité, et injecté dans le réseau d'Avignon et des communes environnantes. "Depuis avril, nous injectons de quoi produire de l'électricité pour 1 300 foyers", revendique Véolia, soit 5 400 MWh annuels. Quant aux 40 % de boues restantes, elles finissent en compost à une quinzaine de kilomètres de là, à Tarascon (Bouches-du-Rhône). Auparavant, toutes les boues étaient déshydratées et finissaient en compost, transportées par deux à trois camions par jour.

Un plus pour l'indépendance énergétique

L'unité de méthanisation représente un investissement de 9 millions d'euros, confiée à Véolia et soutenue par la Région Sud Paca, l'Ademe et l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse. Le prix pour transformer ce qui est à la base un déchet malodorant en énergie propre et locale. "La ressource locale est pleine d'avenir", lance le directeur général de Véolia France Jean-François Nogrette. Et il y a du potentiel : "en France, seules 12 % des grandes stations d'épuration sont équipées d'un système de production de biogaz", rappelle-t-il. 

Jean-François Nogrette, directeur général de Véolia France • Photo : Thierry Allard

Or, le biogaz a de solides arguments, dans un contexte d'explosion des prix de l'énergie et surtout du gaz. "Il permet de remplacer des gaz fossiles et donc de baisser l'empreinte écologique de l'énergie, il remplace du gaz importé par du gaz produit localement, ce qui est important pour l'indépendance énergétique de la France, et il développe de l'économie circulaire", résume Philippe Rechinac, le directeur territorial de GRDF pour le Vaucluse. Et le même de l'affirmer : le biogaz se développe à vitesse grand V. "Aujourd'hui, 480 installations injectent du biogaz dans le réseau en France, avec 115 mises en service de nouvelles installations depuis le début de l'année." De quoi représenter à ce stade 8,4 TWh de production, soit du chauffage pour plus de 2 millions de logements. L'objectif est de "20 % de la consommation de gaz produite en biométhane à l'horizon 2030", rajoute Philippe Rechinac. 

"Un exemple inspirant"

Pour le Grand Avignon, cette unité de méthanisation représente "une étape majeure pour l'environnement et la transition énergétique", souligne le vice-président de l'Agglomération Jacques Demanse. Le Grand Avignon a pour objectif de tripler le volume des énergies renouvelables produites localement d'ici à 2030. Il "répond aux enjeux du recyclage des déchets produits par le petit cycle de l'eau", souligne la directrice de la délégation Provence Méditerranée Corse de l'Agence de l'eau Annick Mièvre. 

Ce matin, lors de l'inauguration de l'unité de méthanisation de la station d'épuration de Courtine • Photo : Thierry Allard

"C'est un bon exemple de projet qui fonctionne bien", souligne la conseillère régionale Sud Paca Violaine Richard, "un exemple inspirant", pour le secrétaire général de la préfecture de Vaucluse Christian Guyard. Un exemple qui fera sans doute tâche d'huile : plusieurs projets sont déjà lancés sur le territoire. 

Thierry Allard

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