FAIT DU SOIR L’AOC Duché d’Uzès célèbre son dixième anniversaire
Le 19 juillet 2013, l’Appellation d’origine contrôlée Duché d’Uzès était officiellement créée par un décret de l’Institut national des appellations d’origine (INAO), marquant l’aboutissement d’un long, très long travail. Dix ans plus tard, les vins du Duché d’Uzès ont fait leur trou, et l’appellation poursuit son développement.
« Dix ans, le temps passe vite », sourit Michel Souchon, le président de l’appellation Duché d’Uzès. Il est sûr que le temps a passé plus vite depuis ce jour de juillet 2013 venant récompenser pas moins de 27 ans de travail. « En 1986, une poignée de vignerons est venue me trouver en me disant qu’ils aimeraient avoir une appellation », rembobine le maire d’Uzès Jean-Luc Chapon, qui se souvient que « au début, on nous prenait pour des extraterrestres. » Il leur aura fallu s’accrocher, ces vignerons et leurs soutiens, pour obtenir cette « belle reconnaissance du fait que nous sommes un territoire agricole et particulièrement viticole », souligne le président de la Communauté de communes du Pays d’Uzès, Fabrice Verdier.
En 1986, « la réflexion a commencé sur ce grand secteur des garrigues un peu oublié, d’Uzès à Monoblet », retrace Michel Souchon. À l’époque, cinq petites zones viticoles coexistent en Vin de pays. Mais, convaincus que ce vaste terroir forme un ensemble, des contreforts des Cévennes au coeur de l’Uzège, les vignerons travaillent sur une délimitation qui comprenait à la base pas moins de… 133 communes gardoises ! Finalement, au fil de la confection du cahier des charges, l’aire de production sera limitée à 77 communes, « mais pas la totalité des communes, uniquement les parcelles les mieux placées », souligne le président, sachant que l’identification desdites parcelles est toujours en cours.
Il faut dire que l’appellation, dernière arrivée sur un marché déjà bien mature, a dû se frotter à un cahier des charges particulièrement restrictif, surtout sur les blancs, pour faire reconnaître ses trois couleurs. « Mais en définitive, ça nous a permis de faire des vins de qualité », affirme Michel Souchon. De fait, environ 2 000 hectares environ sont classés, mais loin d’être tous utilisés pour produire du vin Duché d’Uzès. « Sur les plus de 2 000 hectares classifiés, nous n’en utilisons que 350 pour caler notre production sur nos capacités de vente, sachant que nos vins sont vendus en caveau ou dans le circuit direct », précise-t-il. Et à 90 % en bouteille (ce qui représente 1,2 million de bouteilles chaque année), en évitant les bag-in-box, pour « maintenir à tout prix la qualité. »
Car « la première appellation de France à passer de vin de pays à AOC », rappelle le vice-président de l’appellation Luc Reynaud, a dû jouer sur ses points forts pour faire son trou. Parmi ces points forts, on retrouve une petite quantité de cépages locaux, comme le Syrah, le grenache, le Carignan, le cinsault ou encore le Mourvèdre pour les rouges et rosés, et le Viognier, le grenache blanc, le vermentino et la roussane pour les blancs, sachant que tous les vins de l’appellation sont issus d’assemblages. Autre atout, « une différence de températures importante entre le jour et la nuit, de 16 degrés, qui nous permet de garder la fraîcheur et la vivacité des vins », souligne Luc Reynaud. Si on y ajoute « des super vignerons », glisse-t-il, on a de quoi produire des vins qui ont leur mot à dire sur le marché. « Des vins qui se démarquent », résume Michel Souchon.
« Nous avons encore énormément de travail devant nous »
Un mot revient régulièrement dans la bouche des vignerons de l’appellation : qualité. « Pas une cuvée n’est mise en vente sans passer par un comité de dégustation pour la valider », pose le président de l’appellation. 80 % des bouteilles vendues sont des bouteilles syndicales, comprendre avec le logo de l’appellation en relief sur le verre. Et l’AOC Duché d’Uzès joue sur les tendances du moment, avec une production de blancs nettement plus importante en proportion que dans le reste de la vallée du Rhône, 40 % de la production en bio et 40 à 45 % de la production sous normes environnementales comme Terra Vitis et Haute valeur environnementale.
L’appellation mise aussi sur l’événementiel. « Nous sommes une petite appellation, nous n’avons pas beaucoup de moyens, mais nous nous démarquons par notre dynamisme », résume Luc Reynaud. Ainsi, les vins du Duché d’Uzès sont présents sur tous les événements culturels du territoire et organisent chaque année des événements, comme le Vin côté cour, qui font le plein. D’ailleurs, pour fête ses dix ans, l’appellation organisera le 27 juillet à partir de 19 heures la Guinguette des vignerons dans le jardin de l’évêché, à Uzès, avec DJ, food-trucks et bien sûr dégustations de la production.
Si les dix ans sont passés vite, les vignerons du Duché d’Uzès savent qu’ils ne sont pas arrivés pour autant. « Nous avons encore énormément de travail devant nous, affirme Michel Souchon. Il nous faut encore acquérir de la notoriété et développer l’appellation avec la qualité qui nous est chère. » D’ici là, l’appellation a prévu d’accentuer ses actions commerciales en Belgique, où les vins du Duché sont appréciés, et compte, avec l’aide de l’interprofession de la vallée du Rhône Inter Rhône, monter des actions au Royaume-Uni. Et dans dix ans ? « On espère être une appellation reconnue à l’international », avance Luc Reynaud. Rendez-vous est d’ores et déjà pris.
L’autre anniversaire
Cette année marque le vingtième anniversaire de la Compagnie bachique du duché d’Uzès. Aujourd’hui, elle compte 23 membres et est présidée par Geneviève Caizergues. Pour l’occasion, un chapitre solennel sera organisé le 28 octobre avec le soutien de la mairie et de la CCPU.