Et pourtant, après la traditionnelle Marseillaise et la minute de silence en mémoire d'Antoine Boyer décédé le 27 février dernier à l'âge de 99 ans, le conseil municipal de Beaucaire s'est ouvert sur un "bravo" adressé au maire, Nelson Chaudon, de la part de Luc Perrin. Et il n'y avait aucune ironie. L'élu d'opposition Unis pour Beaucaire a salué la volonté portée par la majorité de créer une unité d'enseignement en élémentaire autisme (UEEA), et cela dès septembre 2025 à Beaucaire. "Dès ma prise de fonction, j'ai souhaité avancer avec mes élus délégués sur la création de cette classe autiste, j'ai sollicité de nombreux rendez-vous, a indiqué le premier édile beaucairois. Le Directeur académique des services de l'Éducation nationale (Dasen) du Gard et l'ARS ont confirmé un besoin réel sur notre territoire."

Dans un courrier, Sophie Béjean, rectrice d'acamédie de Montpellier, a elle aussi reconnu l'existence d'un besoin réel, mais a informé le maire que l'ouverture de cette UEEA ne serait pas possible. "Cette décision soulève une profonde incompréhension, car elle semble en contradiction avec les engagements du gouvernement en matière d'inclusion et de lutte contre les discriminations liées au handicap", a réagi Nelson Chaudon, lequel a alerté Élisabeth Borne, ministre de l'Éducation nationale, dans une lettre datée du 18 février. La programmation des ouvertures d’UEEA repose sur un examen conjoint entre l’Éducation nationale et l’Agence régionale de santé. "Compte tenu des moyens actuellement mobilisables ainsi que des délais de création de ce type de structures, l’ouverture d’une UEEA à Beaucaire ne pourra pas être envisagée à compter de cette rentrée 2025", nous fait savoir le rectorat de l'académie de Montpellier. La porte n'est donc pas définitivement fermée. 

Aujourd'hui la vidéoverbalisation, demain un plan stationnement

Autre sujet de satisfaction pour Luc Perrin, "un changement de politique" en matière de stationnement. Cette fois-ci non sans égratigner Julien Sanchez, maire de Beaucaire entre 2014 et 2024. "Enfin après des années de laxisme et d'incohérence qui ont rendu incompréhensible aux Beaucairois les règles de stationnement dans notre ville, vous semblez vouloir reprendre la main ! Et c'est bien, a-t-il déclaré, cela apportera plus de sécurité aux piétons et fluidifiera l'accès aux places de parking du centre-ville."

Une déclaration qui fait suite à la présentation de la mise en place de la vidéoverbalisation. "L'objectif est de réussir à optimiser le civisme dans les rues du centre-ville", a expliqué l'élu Rassemblement national. Cette délibération - et après réception de l'accord préfectoral - permettra de verbaliser à distance les dépôts sauvages d'ordures, d'encombrants, les stationnements en pleine voie, devant les garages, autres stationnements gênants, les conduites sans casque et à contresens. Le temps de la pédagogie sera respecté. 

Une opération de traçage des places de stationnement est en cours à Beaucaire depuis plusieurs jours. Car en réalité, ce dispositif de vidéoverbalisation "viendra compléter le plan stationnement adapté à la vie de la cité, qui prendra effet dans les prochaines semaines". Charles Menard, élu d'opposition Beaucaire en commun, a fait connaître son désaccord non pas sur le fond, mais la forme. "Nous sommes contre la vidéoverbalisation, contre la déshumanisation, qu'un agent verbalise, qu'un agent puisse parler avec le fautif nous semble important. Est-ce une machine à cash pour pallier la gestion déficiente de la commune ?" Ce à quoi le maire a répondu : "Nos agents de police resteront dans les rues de la ville, c'est une simple évolution, ne paniquez pas ça va bien se passer !" Charles Menard a voté contre cette délibération.

26 M€ en dépenses de fonctionnement, 28 M€ en investissement

Jusque-là, il y avait encore des sourires sur les visages, dans les deux camps, majorité et opposition. Le changement de ton s'est opéré lors du débat d'orientation budgétaire qui précède le vote du budget prévu au mois d'avril. "Au niveau national, aujourd'hui nous avons un budget, voté tardivement, qui reste malgré tout mortifère pour les collectivités locales." Et le maire d'énumérer l'inflation, la baisse du fonds vert etc, et de pointer plus particulièrement du doigt l'augmentation des cotisations de la caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales, "120 000 € pour cette année, l'objectif c'est 500 000 € en quatre ans, autant d'argent qu'on ne pourra pas investir ailleurs."

La municipalité fixe à 26 M€ le montant des dépenses en fonctionnement, des prévisions dites "prudentes" compte tenu du contexte national incertain. "J'augmente malgré tout les subventions aux associations avec une enveloppe de 500 000 €", a assuré Nelson Chaudon. Concernant la dette, la ville de Beaucaire est "en excellente santé, notre capacité de désendettement est à 6 ans." Le maire prévoit de désendetter la commune de 6 M€ cette année. 

Sur la partie investissement, l'enveloppe est estimée à 28 M€ dont 10 M€ de nouveaux projets. 4,5 M€ seront dédiés aux travaux de voiries et réseaux, 2,2 M€ aux bâtiments communaux, 2 M€ aux infrastructures sportives, 1,5 M€ sur le patrimoine etc. "Donc pour résumer, pas d'augmentation des impôts, maîtrise des dépenses de fonctionnement en allant chercher l'optimisation, de nombreux investissements, une excellente santé financière et à noter pour conclure le lancement d'études pour fixer un plan pluriannuel sur les dix prochaines années", a précisé l'élu RN.

"Je me régale"

"Cette lecture du rapport d'orientation budgétaire est chaque année un grand moment, je me régale, s'est amusé Charles Menard. C'est de l'autoglorification, tout va bien dans le meilleur des mondes !" L'équipe Unis pour Beaucaire préfère attendre le compte administratif 2025 pour "juger de la sincérité du ROB" présenté ce vendredi. Et Luc Perrin d'attaquer reprochant à la majorité de ne pas avoir "su anticiper les travaux de réparation des tribunes du stade Philibert-Schneider mettant ainsi en difficulté un club comptant plus de 700 adhérents." Et le même d'ajouter en faisant référence à l'affaire de la crèche : "Vous dites que l'État aurait vidé les caisses de la nation mais vous-même, en refusant de respecter des décisions de justice, vous faites inutilement condamner la Ville au paiement de plus de 100 000 € de pénalités". Ce qui pour l'élu UPB fait "plutôt penser à de l'incompétence et de l'irresponsabilité."

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"Vous n'êtes pas au fait des choses, lui a répondu le premier édile beaucairois agacé. Vous parlez du stade Schneider et de réparation de la tribune. Mais ce n'est pas une histoire de réparation, c'est autre chose. Je suis en discussion avec le club, avec le sous-préfet et ça avance." Des études sont en cours pour la création dans le courant de l'année d'une nouvelle tribune, "l'enveloppe est au budget", a lancé le maire à l'issue du conseil municipal. Quant au sujet de la crèche, la réponse a été donnée sur un ton plus autoritaire : "La loi est la loi Monsieur Perrin. Oui, il y a une jurisprudence du Conseil d'État - le cadre festif, culturel et artistique - qui nous donne raison, donc j'estime que je suis dans mon bon droit, donc j'y vais. J'ai une colonne vertébrale, moi. Personne ne sait ce que vous pensez, personne ne sait si vous êtes d'extrême-gauche ou du centre mou. Avec nous, les Beaucairois savent à quoi s'en tenir." Avant même le vote du budget, les réglements de compte.