FAIT DU JOUR Black Friday : le cauchemar des petits commerçants
Le Black Friday est une fête commerciale américaine, qui permet aux enseignes de faire de grandes promotions avant les fêtes de fin d'année. Cet événement pénalise fortement les commerçants locaux...
En quelques années, le Black Friday est devenu un événement incontournable pour les consommateurs français. Aux États-Unis, cette tradition commerciale date du siècle dernier. Deux versions différentes sont données sur ses origines. Pour certains, l’histoire du Black Friday remonterait à 1930. Après la Grande Dépression de 1929, les commerçants auraient instauré ce jour de remises pour redynamiser l'économie américaines. Pour d'autres, cette journée de promotion serait apparu dans les années 60, à Philadelphie.
Une bonne affaire ?
En France, il faudra attendre 2010 pour l'apparition de cette fête commerciale, uniquement en ligne, sous l'impulsion notamment d'Amazon. Devant sa popularité, des enseignes comme Auchan, Fnac, Darty et Leroy Merlin lancent le Black Friday en 2014. Dix ans après, cet événement est incontournable dans les commerces français. À l'approche des fêtes, les acheteurs sont nombreux à profiter de multiples remises alléchantes. Avec la baisse du pouvoir d'achat en France, cette journée de grande promotion est d'autant plus appréciée.
Pourtant, il semblerait que les prix soient biaisés pour tromper le consommateur. La première association de consommateurs, UFC Que Choisir, a d'ailleurs sorti une étude sur les offres high-tech de l'année passée. "Si on pense faire des économies pour le Black Friday, c'est faux. La baisse des prix observés dans notre enquête est de l'ordre de -2%. C'est bien loin des -50% qui vous font croire, c'est de la grosse arnaque", soutient Bernard Désandré, vice-président de l'UFC Que Choisir de Nîmes. En somme, les acheteurs se feraient tromper, mais cette tricherie n'est pas connue de tous et les commerçants locaux en fond les frais.
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Les petits commerçants désavantagés
Dans une petite boutique nîmoise, nommé Coccinelle Mystique, l'odeur est attirante. Graziella Cozette y fabrique des bougies parfumées à la main. Créatrice depuis 2019, elle a ouvert à Nîmes en mars 2024, mais elle n'a pas encore assez de clients pour participer aux promotions de ce vendredi. "Le Black Friday profite davantage aux grandes enseignes. Personnellement, je n'y participe pas, car ça peut me mettre en difficulté par la suite", explique Graziella.
Janîmes est un magasin spécialisé avec des milliers de jeux et de jouets proposés, pour tous les âges. "Ici, on aime conseiller. Quand on se pointe devant une boîte, c'est parfois difficile de savoir comment on y joue, alors on est là pour expliquer", raconte Arnaud, le vendeur. Cette boutique non plus, ne participera pas au Black Friday. "C'est une très grosse bêtise de faire cette journée de grandes remises avant les fêtes. Les soldes sont intéressants, car on se débarrasse de vieux produits. Mais cet événement touche aussi les nouveautés, donc le sens est perdu. C'est de la logique hyper-consommatrice. Je ne peux pas me permettre de ne pas faire de marge sur un produit. Sinon, nous ne faisons pas d'argent et on a plus qu'à fermer", avoue Arnaud.
Le Dressing de la Nîmoise est tenu par Élisabeth Laurent. Elle sélectionne des pièces de provenances italiennes et elle travaille avec des créatrices Gardoises. Depuis deux ans, la gérante a décidé de participer à cette journée, car elle s'est aperçue que les clients préférait faire leurs cadeaux de Noël à partir de ce moment-là. "Je n'ai pas eu le choix de le faire. Sinon, j'étais en concurrence déloyale. Je suis une petite structure et je n'ai pas les capacités d'achats des grandes chaînes de magasins. Quand je mets des promotions à -20% ou -30%, je ne suis pas en profit, mais en perte. Cette année, je vais même devoir brader ma nouvelle collection", soutien Élisabeth Laurent.
Cette fête commerciale est donc l'occasion pour de nombreux consommateurs de profiter de réductions, plus ou moins importantes. Cependant, elle soulève de préoccupations significatives pour les petits commerçants. Ces derniers sont souvent incapables de rivaliser avec les grandes enseignes ou bien les géants du commerce en ligne. Il est donc essentiel de veiller à l'impact du Black Friday sur l'économie locale et de soutenir les boutiques de créateurs gardois.