Le festival de la biographie est une manifestation qui accueille chaque année près de 30 000 passionnés qui viennent y rencontrer une centaine d’auteurs : historiens, biographes, journalistes spécialisés. Au programme, donc, de ces trois jours exceptionnels, bien des choses mais un seul thème, « Souvenirs d'enfance. » Par ici pour le programme quasi complet.

Pour mieux comprendre les femmes ou les hommes qui ont fait le monde dans les domaines de la culture, des sciences, de la société, d’histoire ou encore de la politique, il est nécessaire de connaître leur enfance et leur jeunesse pour étudier ces tranches de vies qui ont conditionné les esprits et forgé les destins… C’est donc une part importante du travail du biographe que de reconstituer le puzzle amenant à une personnalité en fouillant dans l’enfance d’illustres personnages.

« Nîmes s’est imposée comme un espace culturel majeur dans le domaine spécifique de la biographie. C’est un événement dont nous sommes très fiers, qui a su se faire une place de choix dans le calendrier culturel de la Ville. Des milliers de passionnés viennent pour assister à cela », note Jean-Paul Fournier, maire de Nîmes qui lance le programme du « in » et qui n’oublie pas « off » qui en est à sa deuxième édition.

Une présidence à découvrir

Béatrix de l’Aulnoit et Gilles Kepel sont les présidents 2024 du festival. Historienne et journaliste, Béatrix de l’Aulnoit a travaillé à « Droit de réponse » et dans la presse féminine à Elle et Cosmopolitan avant de terminer rédactrice en chef-adjointe à Marie-Claire. Elle est l’auteur de plusieurs essais et plusieurs biographies. Elle devait présider en 2021, mais pas de festival cette année-là pour cause de Covid. L’organisation attendait qu’elle sorte un nouveau livre et là voilà.

Gilles Kepel est quant à lui politologue, spécialiste de l'islam et du monde arabe contemporain. Professeur des universités à l'université Paris Sciences et Lettres, il dirige également la chaire Moyen-Orient Méditerranée à l'École normale supérieure. Il a publié plus de quinze livres sur le monde arabe contemporain, les banlieues et l’immigration musulmane en France (traduits dans le monde entier). Il a un réel lien avec Nîmes et avec le lycée Daudet qui a une section « Tchèque ». Gilles Kepel, comme l’an passé, va rester un jour de plus et aller voir les élèves.

D’ailleurs, de nombreux auteurs vont en faire de même. Dix établissements scolaire, situés un peu partout en ville, vont les recevoir. À raison de quatre classes par jour et par auteur, c’est pas mal !

Des auteurs...

Mais revenons au festival. Au rayon autobiographie, Gilles Kepel publie coup sur coup ses souvenirs d’enfance (Enfant de bohème, Gallimard), puis de jeunesse et d’adulte au travers de ses sujets d’étude (Prophète en son pays, Éditions de l’Observatoire) alors que Pascal Picq (L’itinéraire d’un enfant des Trente Glorieuses, Flammarion) entreprend de raconter l’histoire de l’évolution à l’échelle de sa propre vie…

Près de 100 auteurs seront donc présents dans les allées du Hall de Carré d’Art, parmi lesquels du lourd mais aussi des habitués. Boris Cyrulnik, Quarante voleurs en carence affective (Odile Jacob), Vladimir Fédorovski, Le diplomate venu du froid (Balland), Eve Ruggieri, Au cas où je mourrais (Flammarion), Franz-Olivier Giesbert, Histoire intime de la Ve République T3 (Gallimard), Bart Van Loo, Napoléon. L’ombre de la Révolution (Flammarion), Pascal Picq, I’Itinéraire d’un enfant des Trente Glorieuses (Flammarion), Pierre Assouline, de l’académie Goncourt, Le nageur (Gallimard), Denis Podalydès, En jouant, en écrivant. Molière & Cie (Seuil), Henri-Christian Giraud, Opération « Vésuve » (Cerf), Marie-Christine Barrault, Si tu savais, c’est merveilleux (Stock), Eric Lagadec, L’odyssée cosmique. Une histoire intime des étoiles (Seuil), Bruno Solo, Le voyageur d’histoires (du Rocher), François-Guillaume Lorrain, Le Temps des trahisons (XO) ou encore J.R. Dos Santos, Spinoza. L’homme qui a tué Dieu (HC).

Sélection arbitraire ? Dans l’ordre alphabétique s’il vous plaît. Mohamed Aïssaoui, Joël Bartolotti, Dominique Bona de l’académie française, Jean-Paul Chabrol, Benoît Chantre, Boris Cyrulnik, Bétarix de L’Aulnoit, Maxime Ducasse, Jean-Paul Gourévitch, Daniel Herrero, Francine Cabane, Danièle Jean et Camille Penchinat, Jean-François Kahn, Gilles Kepel, Stéphane Lambert, Jean-Pierre Milovanoff, Dominique Missika, Nathalie Prince, François Rivière, Dominique Rocheteau, Ève Ruggieri, Nathalie Saint-Cricq et Alain Vircondelet. Chez les auteurs jeunesse, pour quoi pas l’excellent Frédéric Cartier-Lange ou Bénédicte Guettier ?

Le Prix de la Biographie (Le Point) 2023 a été attribué à Lucie Malbos pour Harald à la dent bleue. Viking, roi, chrétien (Passés Composés).

Comme toujours le choix est difficile et le tri est clair. 300 demandes pour 100 places. Il y a maintenant des Portugais et des Anglais qui s’y intéressent. Les libraires indépendants de Nîmes, à la manœuvre malgré d’autres enjeux, assurent l’organisation et le choix avec la société MPO.

Mais aussi…

Le Sémaphore participe aussi à l’événement en donnant notamment deux cartes blanches à Christian Morin et Ève Ruggieri. Cette-dernière s’est d’ailleurs préservée pour venir à Nîmes, « sans doute une dernière fois. » L’université de Nîmes accueillera une conférence de Boris Cyrulnik qui devrait faire le plein après la belle surprise de l’année dernière où l’amphi de 200 places avait été prévu mais fut finalement remplacé par celui de… 600 plein comme un œuf !

Place au « off ». Sophie Roulle, adjointe à la culture à Nîmes, développe cette nouveauté. « Nous réitérons l’opération dans les quartiers en déployant et rassemblant les manifestations du festival au Centre social Simone Veil à Valdegour. J’aimerais qu’on l’enrichisse encore et que dans dix ou quinze ans il soit aussi fort que le « in. » C’est un moment et un endroit d’accès à la culture pour le plus grand nombre, c’est important pour nous. »

Les associations les Mille couleurs, le Petit atelier, le CACN, Côté jardins solidaires, la Maison de projet, Libr’air, Negpos, Baba Live, la Compagnie Beau Parleur et le Tel quel théâtre se mêlent à toutes ces animations proposées par le « off ».

Dans sa globalité, le budget de la Ville pour le festival de la biographie 2024 est sensiblement le même qu’habituellement à savoir 170 000 euros. Un beau coup de projecteur pour un événement qui prend de plus en plus de place au niveau national.

Festival de la biographie. Carré d’Art les 26, 27 et 28 janvier prochains. Entrée libre le 26 de 14h à 19h puis les 27 et 28 de 10h à 19h.