FAIT DU SOIR "Culture locale" continue de faire vivre le quartier de Pissevin
La deuxième édition de "Culture locale", événement fédérateur initié par l'association Stand'Hop en partenariat avec la SPL Agathe, a pris ses quartiers en plein cœur de Pissevin, sur la place Claude-Debussy à Nîmes, ce dimanche.
Tandis que le trafic de drogue fait couler beaucoup trop d'encre et de sang, fait réagir en masse souvent des personnes extérieures au quartier de Pissevin, beaucoup de ses habitants choisissent le repli. "Avant, ce n'était pas comme ça, dans les années 80, c'était vivant dans le quartier. Et puis, il y avait des commerces, maintenant, même la médiathèque a été fermée", témoigne Aouda.
Après le décès de son mari, cette dame d'origine algérienne est partie vivre dans le nord de la France, puis est revenue à Nîmes, "mais pas à Pissevin, c'est trop triste ici". Un sentiment encore renforcé depuis la mort du jeune Fayed, 10 ans, tué par balle. "Regardez ces jeunes-là..." D'un geste de la tête, elle désigne un groupe d'adolescents assis dans un fauteuil, statiques, à deux pas de la place Claude-Debussy. "Ce n'est pas normal ça !", souffle-t-elle. En parallèle de cette réalité, une autre existe, défendue par tout un tissu associatif local.
Un quart de tour de tête, et c'est une autre scène qui se dévoile. Des enfants font du roller, jouent au foot, courent dans tous les sens, rient. Des rires parfois masqués par les sons qui s'échappent depuis l'estrade, de la musique orientale, en version électro ou plus traditionnelle, en fonction des artistes à la manœuvre : DJ Ahmed, DJ Mouss, Cheb Hicham, Cheb Jawad Hassouni, Maestro Youness. "La musique orientale, c'est la fête, le partage. On oublie tous les soucis et on s'amuse", lâche plein d'entrain le premier cité, également président de l'association Fanjaz.
Ce dimanche, la place Claude-Debussy accueillait la deuxième édition de Culture locale, une initiative portée par l'association Stand'Hop créée il y a quatre ans, en collaboration avec la SPL Agate (Société publique locale) chargée du projet de rénovation urbaine sur le quartier de Pissevin. La première avait eu lieu au mois de juin, sur le thème des archipels de l'océan Indien, rassemblant plus de 400 personnes.
"Nous voulons mettre à l'honneur toutes les cultures présentes dans ce quartier, travailler sur la mixité sociale, proposer une véritable découverte pour que chacun apprenne à se connaître, lutter ainsi contre les stéréotypes, explique Maoulida Velou, directeur artistique de Stand'Hop. Mais c'est aussi faire vivre notre quartier, avec ses habitants. Cette place est généralement vide et silencieuse. On la découvre autrement aujourd'hui, alors forcément, on aimerait que tous descendent des immeubles et viennent partager ce moment avec nous."
Pour cette nouvelle session, le coup de projecteur est porté sur la culture maghrébine. Meriem, 60 ans, Souad, 29 ans et Nathalie, 46 ans, apprécient le moment, enjoué par les airs de Raï. "Enfin quelque chose d'organisé pour réunir le monde. Ici les gens ne sortent pas beaucoup", lâche la première. Le trio n'avait visiblement pas été tenu informé de la première édition. "Là, je suis tombée par hasard sur une affiche à un arrêt de bus", explique Nathalie.
Idem pour Souad, laquelle remercie l'association "parce que ça permet de casser les préjugés, de montrer que nous sommes accueillants". Les membres de l'association Sabrina dont fait partie Aouda, également de la fête, ont tenu un stand d'objets artisanaux, textiles et cosmétiques, en plus de préparer un couscous offert à tous les participants de cette deuxième édition de Culture locale. Jamais deux sans trois !
À (re)lire : NÎMES Avec Stand'Hop, la danse urbaine reçoit une ovation