Publié il y a 1 jour - Mise à jour le 17.04.2025 - Anthony Maurin - 4 min  - vu 212 fois

NÎMES Humour et questions complexes

CACN (Photo Archives Anthony Maurin)

Le CACN à Pissevin (Photo Archives Anthony Maurin)

Le CACN présente la nouvelle exposition de Won Jy jusqu’au 19 avril, faites vite !

Pissevin et les abords du CACN (Photo Archives Anthony Maurin)
Pissevin et les abords du CACN (Photo Archives Anthony Maurin)

Le Centre d’Art Contemporain de Nîmes a pour but l’aide à la création, la promotion d’artistes et la diffusion de l’art contemporain, que ce soit au niveau local, régional, national et international. Les projets se développent sous forme d’expositions, de publications, d’évènements artistiques (performances, projections, conférences, ateliers...).

La médiation est au cœur du CACN et s’articule par des visites dialoguées avec les scolaires, les personnes âgées, les centres aérés, les publics empêchés, les professionnels, ainsi qu’avec d’autres associations.

Dans un souci d’hospitalité et dans le cadre des droits culturels, nos échanges avec les visiteurs se veulent humains, sains, bienveillants, éducatifs, pédagogiques et privilégient l’échange. Le centre d’art est, par son lieu et son rayonnement hors les murs, une nouvelle offre culturelle pérenne et qualitative pour le territoire.

Pissevin et les abords du CACN (Photo Archives Anthony Maurin)
Pissevin et les abords du CACN (Photo Archives Anthony Maurin)

Le CACN - Centre d’Art Contemporain de Nîmes a été fondé par Bertrand Riou et inauguré en 2017 au sein d’une ancienne ferronnerie du quartier Montcalm-République, en centre-ville de Nîmes. Après une période d'itinérance durant l'année 2020, les activités du centre d'art sont installées de façon pérenne en 2021 au sein d'un bâtiment municipal situé dans le quartier Pissevin.

Nouveauté

Né en 1990 à Daejeon, Corée du Sud, Won Jy est un artiste plasticien. Diplômé du Daejeon Arts High School en 2008, il a effectué deux ans de service militaire avant de commencer à vendre des cahiers, des peintures et des coques de smartphones dans les rues de Séoul en 2011. Durant cette période, Won Jy a trouvé l’inspiration dans le paysage urbain qui l’environne où les déchets sont nombreux et où les personnes âgées précaires se chargent de les ramasser afin de les revendre au poids aux déchetteries privées. Sa rencontre avec cette classe sociale à part-entière l’a amené à expérimenter avec les matériaux, perçus comme déchets ou nuisibles, et leurs traitements.

En 2014, il est arrivé à Paris où il a continué son travail artistique en parallèle de son apprentissage du français.

Un an après son arrivée, il réalise un projet performatif dans lequel il dessine des sans-abris et des pigeons tout en vivant dans les rues de Paris. Ainsi, sa pratique met en place un processus de re-visibilisation et apporte une réflexion sur la dualité « nature-artificiel » et « contenant-contenu » d’un objet.

CACN (Photo Archives Anthony Maurin)
Le CACN à Pissevin (Photo Archives Anthony Maurin)

En 2016, il est admis en première année de l’École Supérieure des Beaux-Arts de Nîmes. En 2023, il achève son parcours académique avec les félicitations du jury. Il vit et travaille à Nîmes depuis.

« Roulé-Lavé » revient sur quelques projets récents de Won Jy – parfois réactualisés pour l’occasion – autour des questions d’altérité, d’hospitalité, et de transformation des paysages urbains. Le titre de l’exposition fait allusion à la transformation de la roche par le mouvement de l’eau.

Elle rappelle à l’artiste une expression coréenne qu’on pourrait traduire par « pierre roulante », « pierre roulante arrive » ou « pierre roulante déloge une pierre fixée », qui associe les galets avec la figure de l’étranger. Il est fréquemment question de cette figure ici, comme l’évoque directement le mot « gharib » (étranger en arabe) qui figure sur une sculpture-formulaire à la fin de l’exposition. Particulièrement, de la manière fluctuante dont les étrangers sont reçus à leur arrivée en France, selon l’époque à laquelle ils et elles arrivent et l’endroit d’où ils et elles viennent.

Won Jy est familier des parcours migratoires, de par son expérience personnelle bien sûr, mais également par son investissement dans différents collectifs militants implantés dans le département qui œuvrent à l’accueil de mineurs non accompagnés.

Si certaines œuvres témoignent immédiatement de cette implication – comme la présentation de paires de chaussures abandonnées récemment dans un squat du quartier voisin de Valdegour – la question de la conditionnalité de l’hospitalité infuse dans toute l’exposition.

Déjà vu ?

Si on écrit « Roulé-Lavé » sur Google en France, l’expression fait directement référence au monde du bâtiment. Il s’agit d’un type de graviers de construction, qui obtient sa forme par l’érosion naturelle ou artificielle de pierres immergées. On retrouve ces graviers un peu partout dans le CACN, à même le sol ou agrégés dans du ciment, qui s’inscrivent dans différents registres.

Pissevin et les abords du CACN (Photo Archives Anthony Maurin)
Pissevin et les abords du CACN (Photo Archives Anthony Maurin)

Lorsque Won Jy les ramasse le long de l’Hérault, à la recherche de la pierre la plus singulière, on peut le lire comme une douce flânerie. Lorsqu’il les collecte dans la décharge de Pissevin, on y lit un mouvement plus complexe, une histoire plus longue et brutale qui a vu s’élever des tours de béton dans les périphéries des villes françaises au tournant des années 60, et qui les voit s’effondrer aujourd’hui dans des grands plans de rénovation urbaine.

Les gravats de ces anciennes barres d’immeubles seront à leur tour roulées, lavées ou concassées pour bâtir ce qui suit. Ces cailloux portent en eux la mémoire des individus et des familles qu’elles ont hébergés pendant plusieurs décennies. Ils parlent plus largement des politiques migratoires nationales et de la considération des différents quartiers qui constituent une ville.

En miroir des gravats qui prolifèrent dans les salles de cet ancien centre médico-social, le CACN est également occupé par de nombreux pigeons. Il s’agit d’un oiseau dont le statut a beaucoup évolué auprès des humains. Il a longtemps été un signe de réussite sociale dont attestent encore les pigeonniers dans d’anciennes grandes bâtisses de campagne – le guano étant un matériau prisé pour la fertilisation des champs. Il a également beaucoup servi l’armée en délivrant des messages par voie aérienne.

CACN - Centre d'Art Contemporaine de Nîmes, 4 place Roger Bastide, 30 900 Nîmes. Entrée libre et gratuite, accessible aux personnes à mobilité réduite, ouverture du mardi au samedi de 11h à 18h non-stop.

Anthony Maurin

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