FAIT DU SOIR Nîmes Citoyenne à Gauche prévoit une lutte animée
La politique nîmoise fait parler. L’opposition de Gauche organisait ses vœux ce samedi au stade des Costières, comme un symbole.
C’est comme l’an passé dans le salon Paul Calabro du stade des Costières, encore debout pour un certain temps, que les élus de la liste Nîmes Citoyenne à Gauche présentaient leurs vœux à leurs soutiens. Vincent Bouget, Jo Menut, Corinne Giacometti, Bruno Ferrier, Sylvette Fayet, Christian Bastid et Marianne Bernède sans oublier Pierre-Edouard Detrez sont les huit élus dans l’opposition au conseil municipal de la cité des Antonin.
« Il est des moments plus difficiles que d’autres, qu’il est des contextes plus anxiogènes que d’autres. Aujourd’hui nous sommes servis ! Ne pas écouter les infos le matin devient presque une prescription médicale pour qui veut passer une bonne journée. Et je ne parle pas particulièrement de l’annonce du nouveau gouvernement, ni même de la nomination de Rachida Dati, ou de la première sortie de la nouvelle ministre de l’Éducation Nationale… Il y a pire sans doute que cette farce tragi-comique que nous subissons depuis une semaine, même si elle en dit long sur l’état démocratique de notre pays. »
L’annonce de ce nouveau gouvernement est donc, pour Nîmes Citoyenne à Gauche le prolongement du vote de la loi sur l’immigration et Vincent Bouget a tenu à redire fermement son opposition à cette loi, au nom de la raison car les arguments donnés par la Droite ne résistent pas, selon lui, à l’examen raisonnable de la situation de l’immigration en France. L’élu poursuit avec les valeurs de solidarité, d’humanisme et de justice qui guident l’action de son groupe.
« Notre engagement dans la cité ne s’arrête pas à notre trottoir, à notre quartier, à notre ville. C’est d’ailleurs aussi le cas des ténors LR locaux qui ont tendance à donner des leçons de morale quand ils ne distribuent pas des médailles du Sénat. De temps en temps, ils pourraient se rappeler que leur engagement national renforce les mauvais coups pour les salariés, pour les plus fragiles que ce soit quand il faut voter le recul de l’âge de la retraite ou l’augmentation du prix de l’électricité… »
Une chose est sûre pour l’élu à la Ville et au Département, pas de divisions inutiles, factices et surtout pas de replis identitaires pour des idées qui sont celles de la Gauche nîmoise.
« Ce moment est donc un moment privilégié d’échange, une occasion ajoutée à d’autres de nous retrouver. Dans un écrin superbe… Ce stade des Costières qui fait tant couler d’encre, à juste titre, et pas seulement pour des questions sportives. Mais parce que finalement, il est assez symbolique de la gestion de notre ville par la majorité actuelle. »
Pour Vincent Bouget, c’est un bâtiment prestigieux d’un grand architecte considéré comme le nec plus ultra de l’enceinte sportive, mais c’est aussi un bâtiment public qui n’est pas entretenu et qui s’est très vite dégradé. Et puis, l’élu remet en cause le choix idéologique, celui de la privatisation pour faire des économies et offrir à un investisseur privé la possibilité d’une exploitation assez juteuse du domaine public.
« Ajoutez, le mépris pour l’histoire de la ville et de sa culture populaire, rajoutez l’agressivité érigée en réponse à ceux qui contestaient ce choix et puis, pour finir, admirez l’ardoise qu’on va laisser à la ville… »
Et l’élu de poursuivre après avoir noté l’inscription à l’Unesco de la Maison Carrée et quelques travaux épars. « Hors du circuit menant de la gare aux Jardins de la Fontaine en passant par la Maison Carrée, la ville est dégradée. Je veux parler de la voirie dont le budget reste insuffisant et dont on peine à voir comment elle est traitée, de la saleté de nos rues, du très mauvais état de du patrimoine municipal… Toujours, la même politique de vitrine. Le Palais des Congrès sort de terre sans que l’on soit rassuré d’ailleurs sur son utilité et sa rentabilité même. En dehors de la vitrine, le reste est souvent oublié. Ma ville est belle, ma ville est malade dit la chanson. C’est à se demander pour qui fait-on la ville ? Pour les touristes, ou pour les habitants. Bien sûr, je ne dis pas qu’il ne faut pas de tourisme. C’est un secteur d’activité important et pour lequel il faut aussi suivre les évolutions, mais est-ce là le seul horizon ? »
Pour la liste d’opposition, Nîmes n’est pas qu’un lieu à visiter, c’est d’abord un lieu à vivre ! Et pour la majorité municipale, cela ne semble pas toujours être évident. « Nous n’avons pas besoin d’élus qui se prennent pour des guides touristiques… Les chiffres de l’INSEE qui montrent une baisse de la population quand celle du Gard augmente devraient pourtant alerter. Il y a plus de touristes, mais il y a moins d’habitants ! S’il ne s’agit pas pour nous de vouloir une ville qui ne soit plus à taille humaine, la perte d’habitants n’est pas le signe d’une bonne santé. » Cadre de vie, services publics, équipements sportifs et culturels, transports…. Et bien d’autres sujets du quotidien sont essentiels pour Nîmes Citoyenne à Gauche.
C’est le cas des mobilités par exemple. Selon l’élu, les Nîmois paient encore la gare de Manduel et les travaux pour les deux lignes de TCSP. « Mais on est toujours à la traîne pour les parkings relais, les pistes cyclables et la nouvelle DSP inquiète à juste titre les chauffeurs et pas seulement pour leurs conditions de travail. Pas loin d’ici, Montpellier vient de lancer la gratuité et nous n’entendons pas parler de la part de l’Agglo de la loi SERM (services express régionaux métropolitains, NDLR), votée en fin d’année et dont Nîmes pourrait s’emparer pour développer l’offre multimodale de service de transports en commun en renforçant la desserte ferroviaire… »
Pas d’ambition non plus pour le développement urbain de la ville à en croire Vincent Bouget alors qu’il est nécessaire de réfléchir et d’anticiper les formes urbaines de demain surtout pour une ville qui est et sera très impactée par le réchauffement climatique. « Qu’attendons-nous pour réviser le PLU de la ville tout en réfléchissant à sa dimension intercommunale et en pensant à la fois le plan d’ensemble, mais aussi la fabrication d’une ville à taille humaine et végétale à l’échelle du quartier ? On nous vend par ailleurs le concept périmé "d’attractivité" de la ville, à la fois pour les grandes réalisations, mais aussi pour la politique économique de l’Agglo… »
Vincent Bouget a évoqué la situation complexe du quartier de Pissevin et des autres grands quartiers populaires de Nîmes. « On a l’impression que tout continue comme s’il ne s’était rien passé et qu’on ne fait qu’attendre la rénovation urbaine… Les médecins qui souhaitent depuis plusieurs mois s’installer à Pissevin n’ont toujours pas les algécos qu’on a fini par leur accorder à la rentrée de septembre dernier… C’est à peine croyable ! Pourtant, il faut le redire, les habitants de ce quartier sont des Nîmois eux aussi. »
L’élu relève que la Droite municipale semble nerveuse et fébrile si l’on en juge par l’agressivité dont elle fait souvent preuve à l’égard de l’opposition. « On a envie parfois de créer un "journal des bonnes nouvelles", que des bonnes nouvelles, petites et grandes. Je le crois, ce sont ces gestes, ces initiatives que nous devons accompagner, faire grandir. Comme nous devons accompagner encore davantage nos artisans, nos entrepreneurs qui créent de l’activité, qui inventent et innovent. Toutes ces activités sont autant de victoires au quotidien qui prouvent que la mobilisation de chacun, et de tous n’est pas toujours vaine, la mobilisation pour la Poste Gambetta était de ce point de vue-là exemplaire… »
Pour la Gauche, les germes des changements sont bien souvent là. Pour imaginer la ville de demain, c’est un des vœux que la liste forme, il faut être attentifs, observateurs. Écouter et comprendre. Respecter le présent et l’histoire, toute l’histoire de la cité. Il en va de même pour le souvenir. Vincent Bouget apprécierait que la municipalité s’empare du 80e anniversaire de la Libération d’abord en rénovant les « plaques des Pendus » de Nîmes, puis en rendant hommage à la résistance comme pour honorer Andrée Jullien et Jacqueline Vigne par exemple.
« Pour conclure, je forme le vœu de voir les forces de paix, de tolérance l’emporter sur les forces de la division. Nous devons unir les habitants de la ville, quels qu’ils soient, où qu’ils habitent, d’où qu’ils viennent. C’est une des conditions importantes pour engager les changements rendus nécessaires par les défis du temps : défis sociaux et écologiques, que nous devons regarder comme autant de défis enthousiasmants, donnant du sens à notre vie en commun. Il faut aujourd’hui mettre nos forces en commun, les conjuguer avec humilité et détermination. Nous avons des idées. Nous les avions en 2020. Elles s’enrichissent avec le temps. Elles ont vocation à s’additionner à d’autres. Chers amis, il est grand temps de changer d’ère. »