NÎMES Inquiétudes et énervements autour des pépinières Pichon
Le futur parc urbain Jacques-Chirac intrigue, les riverains s'inquiètent.
La requalification des 14,5 hectares des anciennes pépinières Pichon en vaste parc au sud de Nîmes est un projet ambitieux initié par la Ville. Les travaux doivent commencer en 2023 pour une ouverture de la première partie du parc en 2024.
« Nous demandons une rencontre sur site avec les porteurs de projets et l’ensemble des acteurs associatifs concernés le plus rapidement possible. Nous saisissons en parallèle les services de l’État sur la question des mesures compensatoires et de l’arrêt des coupes d’arbres et des défrichements », avertissent Christophe Darpheuil et Stéphan Arnassant, de deux associations locales.
Le projet de parc urbain plaît à Nîmes. Non loin du centre-ville, l’emplacement des anciennes pépinières Pichon a été choisi pour devenir le parc urbain Jacques-Chirac, pour prolonger et créer une trame verte. Cette diagonale verte, sur laquelle les déplacements doux et les parties boisées pourront apporter des instants de sérénités, a du mal à voir le jour.
Christophe Darpheuil parle pour l’association Zerynthia dont il est le président : « Depuis près de 25 ans, à travers les actions notamment du Collectif pour la sauvegarde de la diagonale verte et du comité de quartier des Marronniers, les citoyens nîmois se mobilisent sur la nécessité d’un parc urbain de grande envergure au sud de la ville entre la gare SNCF et le Vistre. Si les pépinières Pichon doivent en constituer la colonne vertébrale, il est bien évident que les urgences écologiques et climatiques nous obligent à agréger autour de ce cœur de nature des zones vertes supplémentaires telles que le parc des noyers, le parc privé du mas de l’Orangerie, les berges du Vistre de la Fontaine et du Vistre, les jardins ouvriers de la route d’Arles ou le stade de l’Assomption. »
Situé derrière le triangle de la gare et allant jusqu’au périphérique, cet espace boisé, longtemps horticole et accueillant le lit d’un Vistre encore sauvage est en effet un endroit idéal pour créer de la beauté verte mais urbaine.
Coincés entre le Parc Georges Besse et le triangle de la gare, les lieux sont laissés à l’abandon depuis des lustres. Quelques jeunes viennent y fumer, quelques SDF y ont élu logement et quelques soirées plus ou moins estivales s’y déroulent autour de feux improvisés. La Ville a acquis les lieux et veut donc les remettre au service du plus grand nombre.
Stéphan Arnassant, du Collectif pour la sauvegarde de la diagonale verte, est clair : « Ces anciennes pépinières Pichon caractérisées notamment au sud du boulevard périphérique par des boisements denses et riches en faune et flore, le long du Vistre de la Fontaine comme il n’en existe quasiment pas en zone urbaine nîmoise... Il est l’heure de déchanter malheureusement. Alors même déjà que le nouveau siège de la CCI en construction vient empiéter sur les pépinières Pichon et que le bois de platanes de l’Orangerie juste en face est condamné par un programme immobilier, voilà que les aménagements de l’Agglo et de la Ville concernant le PAPI 3 et la voie urbaine sud vont finir de saccager la partie arboricole la plus riche et intéressante du futur parc Jacques-Chirac. »
Au-delà du recalibrage et de l’artificialisation du lit du Vistre de la Fontaine entre le boulevard Périphérique et l’autoroute A9, des déboisements « injustifiés » et « écologiquement catastrophiques » autour de la rivière sont en cours et inquiètent les riverains. Bientôt, c’est le prolongement de la voie urbaine sud qui devrait couper en deux cet espace car les platanes du stade de l’Assomption seraient eux aussi prochainement coupés.
« Que restera-t-il des pépinières Pichon après ces aménagements si éloignés des objectifs de végétalisation arboricole de la ville et de concrétisation de la diagonale verte comme élément structurant nord-sud de notre agglomération ? Nous demandons un arrêt immédiat des travaux de déboisement à l’intérieur du périmètre du futur parc Jacques-Chirac. Notamment en ce mois de mars où la reproduction des oiseaux dans les arbres a débuté et où la réglementation l’interdit ! »
De même, les deux associations exigent que les mesures compensatoires de cette atteinte écologique majeure (sous la forme d’une réservation de zones agricoles ou naturelles à boiser) soient prévues à proximité immédiate en aval et non pas en garrigues comme prévu par facilité, sans aucune logique environnementale.