NÎMES La forme d’une ville
Christian Liger le disait si bien, « dans la lumière dorée d’une fin d’après-midi, l’avion nous offre Nîmes entre le vert et l’ocre de la plaine, et le gris des garrigues. »
On le sait mais il faut toujours rappeler… Avant les Romains, il y avait d’autres peuples ! Ici, les Volques Arécomiques s’installent autour de la source (La Fontaine), une résurgence d’eaux pluviales, vers le VIe siècle av. J.C. L’oppidum gaulois, déjà protégé par une enceinte, s’étend dans la plaine et sur les pentes du Mont Cavalier. La source a un caractère sacré. Le nom de son dieu tutélaire Nemoz, devenu Nemausus à l’époque Romaine est à l’origine du nom de la ville.
Souvent appelée la Rome française, Nîmes connaît un développement urbain important au début de l’empire sous le règne d’Auguste. Autour de la source sacrée, les Romains créent un grand sanctuaire dédié désormais non seulement à Nemausus mais surtout au culte impérial. Aujourd’hui encore on trouve dans les Jardins de la Fontaine les principaux éléments de l’Augusteum : le bassin de la source, le nymphée bordé de colonnades, l’édifice dit « temple de Diane ».
Auguste dote la ville d’une des plus grandes enceintes de la Gaule romaine, longue de plus de six kilomètres et ponctuée d’une dizaine de portes et de plus de 80 tours dont subsistent la porte Auguste, la porte de France et la Tour Magne sur le Mont Cavalier.
Puis… le drame ! La ville médiévale s’est considérablement rétrécie. Elle s’organise autour des arènes transformées en forteresse, siège du pouvoir féodal, la cathédrale, symbole du pouvoir de l’Église, et la Maison Carrée. L’ancien temple romain deviendra maison noble. Le territoire intra-muros correspond au centre historique actuel, cerné par les boulevards Gambetta, Victor-Hugo et Amiral Courbet, construits sur les fossés du rempart médiéval.
« La ville d’aujourd’hui est confite de maison », écrit au début du XVIIe siècle l’érudit Anne Rulman. En raison de la densité du parcellaire et de la surpopulation, les aménagements urbains sont réalisés seulement hors les murs à proximité des portes : une promenade plantée à l’emplacement de l’actuelle esplanade Charles-de-Gaulle, un jeu de mail (en 1636) aujourd’hui disparu, la destruction d’une partie de l’enceinte médiévale pour la création d’un cours en 1688 (l’actuel boulevard Gambetta) et l’intégration à la ville du fort construit en 1687 (maintenant l’université Vauban), la construction des casernes (1695-1700), d’un hôpital général (1694) et d’un Hôtel-Dieu (1659).
Deux projets d’urbanisme caractérisent le XVIIIe siècle. À l’est, le lotissement du faubourg Richelieu où sont construites des maisons modestes pour les ouvriers du textile. À l’ouest, l’architecte des Jardins de la Fontaine, Jacques-Philippe Mareschal propose la création d’un quartier résidentiel le long d’un canal qui conduit en ville l’eau de la Fontaine.
Trop cher et contraire aux habitudes des grandes familles nîmoises qui préfèrent habiter leurs anciens hôtels particuliers à l’intérieur des murs, le projet ne sera réalisé qu’au XIXe siècle. De 1785 à 1793, la Ville entreprend la démolition des remparts vétustes, inutiles et gênants pour la circulation entre le centre et les faubourgs.
Les travaux de dégagement et de mise en valeur des monuments romains sont achevés. La gare des voyageurs est construite en 1842 pour la ligne Nîmes-Montpellier. Au-delà des arches du viaduc s’installent les familles de cheminots, des usines de gaz et d’électricité, les ateliers ferroviaires et plus tard le dépôt des tramways.
De la gare, l’avenue Feuchères offre la perspective sur la fontaine monumentale de James Pradier et au loin la tour Magne. Sur les nouveaux boulevards autour du centre ancien, de nombreuses réalisations publiques (palais de justice, les églises, la galerie Jules Salles) et privées (cafés, grands magasins et banques) donnent à la ville un aspect de modernité et monumentalité.
Le besoin d’espace et de confort dans les années d’après-guerre est amplifié par l’arrivée de nouvelles populations à partir de 1962. Des nouveaux quartiers sont construits, le Chemin-Bas à l’est et les quartiers Valdegour et Pissevin à l’ouest.
La fin du siècle est marquée par les réalisations d’architectes et d’artistes de renommée internationale : Nemausus de Jean Nouvel, le stade des Costières de Vittorio Gregotti, le Carré d’Art de Lord Norman Forster, l’Université Vauban de Andrea Bruno, l’aménagement des places d’Assas et du Marché par Martial Raysse, de l’avenue Carnot par Philippe Starck. Les travaux d’urbanisme qui ont transformé les avenues Feuchères et Jean-Jaurès les dernières années ont rétabli les fonctions sociale et urbaine des ces grands axes historiques.