La cérémonie se tiendra le jour anniversaire des 80 ans de la mort du héros de la Résistance, fusillé par les forces d'occupation nazie sur la colline du Mont-Valérien, aux côtés des 22 autres résistants, dont 21 membres, comme lui, des francs-tireurs et partisans de la main-d'œuvre immigrée (TP-MOI).

Le secrétaire de la section du PCF à Nîmes, Denis Lanoy, qui co-organise les événements avec l’association loisirs populaires, explique : « De manière iconoclaste, commençons par la lecture d’un poème de Missak, l’appel de la multitude qu’il a écrit en décembre 1933, 11 ans avant d’être arrêté et assassiné. Ce poème est très révélateur sur son état d’esprit. Il avait sans doute envie d’être poète mais il était obligé de travailler, il était déchiré entre le retrait du monde, ce dont il a besoin pour être poète, et ce qu’il constate autour de lui. Il a choisi. Il choisit l’engagement, il a eu cette force. »

Le 1er mars à 9h au Sémaphore aura lieu la projection du film L’armée du crime de Robert Guédiguian qui sera suivie d’un débat animé par Frédéric Podetti. De nombreux lycéens seront présents. À 18h, à la Maison du protestantisme, c’est une conférence/débat avec Georges Duffau-Epstein et Xavier Aumage, qui se tiendra. Denis Lanoy indique : « Il a fui l’Arménie qui comptait alors un million d’habitants et dont 500 000 sont morts. En France, la diaspora est conséquente et Manouchian a vécu à Marseille après s’être arrêté au Liban, à Beyrouth, où il a découvert la littérature française, la poésie et Baudelaire. »

Avant le rendez-vous du 1er mars, les organisateurs veulent aussi se joindre à la cérémonie du 21 février. C’est à 11h et au monument à la mémoire des martyrs de la Résistance (pyramide sur le Jean-Jaurès) qu’un dépôt de gerbe, accompagné de prises de parole et de musique, aura lieu.

« Le PCF, jeune parti, accueillait les étrangers dans une pensée internationaliste. Cette guerre a connu la stigmatisation des juifs et des étrangers et la propagande de Vichy y est allée de bon cœur pour dénoncer ces étrangers sur des affiches validées par les nazis. Dans le contexte actuel de remise en cause du droit du sol il est bon de rappeler les mots de Missak devant son peloton d’exécution. Vous avez hérité de la nationalité française, moi je l’ai gagnée. N’oublions pas. La nationalité n’est pas automatique, les enfants doivent la choisir à leur majorité ! », poursuit Denis Lanoy.

Ses cendres seront transférées au Panthéon, accompagnées de celles de son épouse, Mélinée. Une plaque commémorative symbolisera, à leurs côtés, l'entrée de l'ensemble des FTP-MOI dans le mausolée des grands hommes. En effet, sur le mur, à l'entrée du caveau, figureront les noms de ses compagnons tombés avec lui. Ceux du groupe Manouchian et de « l'Affiche rouge » (celle dont nous parlions plus haut), sans oublier Olga Bancic, guillotinée le 10 mai 1944 et Joseph Ipstein, responsable des PTP-MOI parisiens, fusillé le 11 avril 1944.

Rappelons que le lundi 21 février 1944 à la prison de Iresnes, Missak écrit à Mélinée, sa « petite orpheline bien-aimée » : « Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures... Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand. »

Mélinée, elle, a échappé à l'arrestation avec le secours de la famille Aznavourian. Ce nom vous parle ? « Pour la petite anecdote, Missak a fait sauter Charles Aznavour sur ses genoux alors qu’il était enfant », conclut avec le sourire Denis Lanoy. Signalons enfin qu'il se passera aussi plusieurs événements en terre alésienne.