Publié il y a 2 mois - Mise à jour le 05.09.2024 - Propos recueillis par Abdel Samari - 4 min  - vu 897 fois

L'INTERVIEW Vincent Bouget : "La gouvernance de la majorité municipale à Nîmes ne fonctionne plus"

Photo Abdel Samari

"La difficulté depuis quelques années maintenant, c'est que l'on a du mal à comprendre comment fonctionne la prise de décision. Il y a beaucoup de flottement au cabinet politique du maire, dans l'administratif", explique l'élu d'opposition communiste.

Le secrétaire départemental du Parti communiste français fait sa rentrée politique sur Objectif Gard. Après les législatives anticipées du début de l'été, le pays n'a toujours pas de Premier ministre. Localement, la campagne pré-électorale de 2026 débute. Dans quel état d'esprit se trouve l'élu d'opposition nîmois ?

Objectif Gard : Comment analysez-vous la situation politique au niveau national ?

Vincent Bouget : C'est une crise inédite avec un double facteur. D'abord, le refus d'Emmanuel Macron de prendre en compte les résultats des élections législatives qui lui ont signifié sa défaite. Il ne l'accepte pas. Et n'accepte pas que l'alliance de la Gauche, sans avoir de majorité absolue, est arrivée en tête. Pourtant, c'était à elle d'essayer de trouver des majorités texte par texte. Et le deuxième facteur : le sentiment de toute puissance du président. Au lieu de reconnaître que désormais la vie parlementaire sera une vie libre et que les députés devront travailler ensemble, il continue à mettre en avant sa prédominance malgré les deux échecs électoraux majeurs et successifs.

Parlons du PCF. Fabien Roussel est populaire, médiatique. Cependant, votre mouvement a subi plusieurs revers électoraux. Comment expliquer que les propositions des communistes impriment moins aujourd'hui ?

Je mettrai les législatives un peu à part puisqu'il y a eu un accord électoral avec le Nouveau Front populaire. Mais je reconnais que les résultats sur les scrutins précédents ne sont pas à la hauteur des activités des communistes. Dans la dernière période, nous ne sommes pas arrivés à apparaître comme une alternative, une solution crédible et utile pour les gens. Une partie des électeurs a de la considération pour nous, les médias traitent bien notre secrétaire nationale. Mais les électeurs ont tendance à voter utile. Peut-être que c'est difficile pour les gens de comprendre ce que c'est d'être communiste aujourd'hui par rapport à avant. Certainement que les électeurs ne voient pas l'intérêt immédiat de voter pour nous au niveau national...

Les propositions du PCF dans une volonté d'alternative apaisée ne sont-elles pas en marge avec la politique d'aujourd'hui ?

Oui, c'est vrai dans le temps politique d'aujourd'hui. Avant, nous avions cette fonction tribunitienne. Cela n'apparait plus aujourd'hui, c'est davantage la France insoumise qui joue ce rôle. C'est moins notre façon de faire. LFI est très ancrée dans la société contemporaine, très efficace sur les réseaux sociaux. Nous, on est présents localement, on exprime ce vote de colère. Mais moins nationalement sûrement. Il suffit de voir que dans le Gard, nous avons une fédération très importante, la 10ᵉ de France après la région parisienne. 

À Nîmes, le vote Insoumis est plus prédominant sur les dernières élections. Est-ce que cela vous inquiète ou au contraire, est-ce une force ?

Déjà, les électeurs à Gauche sont plus libres dans leur vote. Un coup PS, un coup communiste, et ensuite, Insoumis. C'est souvent en fonction des enjeux. Il y a une tradition à Nîmes d'une Gauche radicale forte. Cela existe depuis longtemps. Et donc, ne m'inquiète pas. Moi, j'observe que le vote de Gauche a progressé ces dernières années, sur des scrutins nationaux ou locaux. On a réussi au-delà des différences ou divergences nationales, on a travaillé localement à l'unité des forces de Gauche. J'observe donc un bon œil la progression globale. Il vaut mieux être dans cette situation-là que dans celle des autres forces à Nîmes...

Le maire de Nîmes est en convalescence en cette rentrée. Avez-vous pris de ses nouvelles ?

Je lui souhaite une bonne convalescence. Le problème n'est pas que l'on se fasse opérer. Cela peut arriver et c'est normal de se soigner. La difficulté depuis quelques années maintenant, c'est que l'on a du mal à comprendre comment fonctionne la prise de décision. Il y a beaucoup de flottement au cabinet politique du maire, dans l'administratif. Alors, nous, on continue à travailler, mais quand cela touche la vie de la cité, c'est problématique. Beaucoup de gens viennent nous voir pour nous demander comment avoir de l'écoute... À qui s'adresser pour des problèmes variés. C'est compliqué. La gouvernance de cette Ville ne fonctionne plus. Cela vient se rajouter aux choix politiques que nous contestons.

Les Français réclament plus de sécurité et plus de pouvoir d'achat. À Nîmes, ces deux thèmes sont aussi très prégnants avec les drames dans les quartiers populaires connus encore cet été. Sans compter que la ville se paupérise davantage. Dans cette période pré-électorale, allez-vous travailler sur ces sujets ?

Les Nîmois veulent, comme l'ensemble des Français, vivre bien. Tout simplement. Manger à leur faim, se loger, des activités pour les enfants, des services publics qui fonctionnent. Et vivre dans la tranquillité. Ce n'est pas un sujet tabou pour nous. J'ai lancé l'appel de Nîmes il y a quelques mois avec quelques autres personnalités nîmoises, sur la question du trafic de drogue et les conséquences dans notre ville. Cela s'est un peu calmé avec les interventions de forces de sécurité qui ont fait le boulot. Mais on sait aussi que tout cela nous dépasse, car les trafics sont internationaux. Sur la question du pouvoir d'achat, vous le savez, notre ville, notre département ne sont pas les plus fortunés de France. C'est pour cela qu'il faut un accompagnement fort pour ceux qui en ont besoin. Encore plus qu'avant, il faut aussi être très à l'écoute sur la façon dont les Nîmois vivent cette ville, la perçoivent, et comment ils envisagent leur avenir. Moi, dans la période qui vient, je veux d'abord comprendre qui sont les Nîmois.

À titre personnel, comment abordez-vous les 18 prochains mois ?

Je l'aborde dans la continuité de ce que nous faisons depuis des années. Il va falloir beaucoup travailler, associer et échanger. De toute manière, il va falloir dessiner un avenir commun. 

Propos recueillis par Abdel Samari

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