Publié il y a 12 jours - Mise à jour le 02.09.2024 - Propos recueillis par Abdel Samari - 3 min  - vu 1684 fois

L'INTERVIEW Le médecin urgentiste Philippe Fournier : "La coqueluche est une maladie grave chez les nourrissons"

Philippe Fournier, responsable du service des urgences pédiatiques du CHU de Nîmes.

- Photo Objectif Gard

"Le niveau d'épidémie de la coqueluche est important depuis le début de l'année partout en France, y compris dans le Gard" explique Philippe Fournier, médecin urgentiste, chef de service des urgences pédiatriques au CHU de Nîmes.

Philippe Fournier, médecin urgentiste, chef de service des urgences pédiatriques au CHU de Nîmes, nous en dit plus sur l'épidémie de coqueluche qui touche la France depuis plusieurs semaines et particulièrement le Gard. 

Objectif Gard : Santé Publique France annonçait fin juillet une poursuite de l’épidémie de coqueluche sur le territoire national observée depuis le début de l’année 2024 avec une circulation de la bactérie très importante qui s’est intensifiée sur les derniers mois. Est-ce le cas aussi à Nîmes et dans le Gard ?

Philippe Fournier : Le niveau d'épidémie de la coqueluche est en effet important depuis le début de l'année partout en France, y compris dans le Gard. Même si la tendance depuis quelques semaines est à la stabilisation. Cependant, on a des cas avérés, surtout pour les petits. Pour les nourrissons, c'est le plus sévère avec des transferts en réanimation pédiatrique. On le sait, la coqueluche est une maladie grave chez les nourrissons. Particulièrement pour les moins de deux mois pas vaccinés. On compte déjà 26 décès depuis le début de l'année, à ma connaissance, aucun dans le Gard. Par contre, nous avons des bébés que nous avons transférés vers les services de réanimation. 

Comment expliquer cette épidémie ?

Aucune affirmation à ce stade pour comprendre ce rebond épidémique. La coqueluche, c'est une question de couverture vaccinale des enfants. Il faut aussi systématiser la vaccination de la maman pendant la grossesse. Les anticorps vont ainsi protéger le nourrisson avant la naissance. Et jusqu'à la vaccination après la naissance. Une vaccination que l'on réalise généralement entre le 2ᵉ et le 4ᵉ mois après la naissance. Après, je veux dire que les statistiques sont claires. Il n'y a pas une baisse aujourd'hui de la vaccination. C'est plus une question de manque de couverture. Dans les cas qui se déclenchent, c'est souvent l'entourage aussi. Un entourage à proximité du nourrisson qu'il faudrait aussi vacciner.

Quels sont les signes de la coqueluche ?

Il n'y a pas de signes spécifiques au début de la maladie. C'est une infection respiratoire classique avec de la toux. Il se développe ensuite par des quintes régulières qui peuvent gêner la respiration. Dans les cas plus graves, cela entraine des vomissements et des difficultés de respiration. Après, il est encore difficile de faire la part des choses avec toutes les infections respiratoires, mais l'enquête à partir du diagnostic des contacts et potentiellement un test permet de lever tous les doutes.

La vaccination est primordiale pour les enfants en bas âge, mais quid des adultes ?

Un traitement avec un antibiotique limite le risque de contamination des autres. Il faut toutefois rappeler que cette maladie est moins grave chez l'adulte déjà vacciné, sauf pour les publics fragiles. Il est donc recommandé à partir de 25 ans et tous les 20 ans de faire un rappel. Comme je le disais tout à l'heure, il y a aussi une communauté "cocooning", ce sont les parents et entourages avec un enfant en bas âge où la vaccination est primordiale. Le rappel doit se faire tous les 10 ans. Ce n'est malheureusement pas le cas. 

Un nouveau traitement préventif est disponible contre la bronchiolite désormais. Est-ce qu'il est efficace aussi contre la coqueluche ?

Le traitement préventif est efficace contre la bronchiolite, pas contre la coqueluche. Mais j'ai envie de vous dire que les réflexes de prévention sont les mêmes pour les deux maladies. Aux premiers signes, il est nécessaire d'éviter tout contact avec d'autres personnes pour éviter la circulation. Comme lors de la COVID, les mêmes gestes apportent la même efficacité. Isolement, lavage des mains et port d'un masque chirurgical quand on tousse et que l'on est obligé de sortir de son domicile. 

Depuis quelques mois, on parle aussi de la variole du singe. Qu'est-ce que vous pouvez nous en dire ?

Je n'ai pas de compétences particulières sur la variole du singe, mais cette épidémie est déjà connue. Ce sont jusque-là surtout des cas importés qui ont voyagé. Il faut donc adopter un principe de précaution quand on voyage dans un pays où l'épidémie est importante en procédant à une vaccination en amont.

Propos recueillis par Abdel Samari

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