L'INTERVIEW SPORT Valentin Liénard (ex-OAC) : "C'est le déplacement de la poule qui me tenait le plus à cœur"
S'il n'a jamais eu le temps de jeu suffisant pour se faire apprécier footballistiquement des supporters au cours des deux saisons passées en Cévennes, Valentin Liénard y est parvenu autrement. L'homme aux 337 000 abonnés sur YouTube grâce à son concept #QDF (Que du foot) qui met en lumière son quotidien de footballeur semi-professionnel garde tout de même un excellent souvenir de sa pige oacienne. Mais c'est désormais avec l'ambitieux club de Thonon-Évian-Grand-Genève (TEGG) que le joueur formé à l'OGC Nice et à l'AS Monaco poursuit son aventure footballistique déjà riche.
Ironie du sort, c'est à Alès que celui qui a joué la montée avec Jura Dolois Foot (JDF - N3) la saison dernière pourrait disputer ses premières minutes de la saison en National 2 avec ses nouvelles couleurs. À quelques heures des retrouvailles à Pibarot (ce samedi à 18h), le footballeur-YouTubeur s'est prêté au jeu de l'interview. Avec la gentillesse qui est la sienne et a déjà séduit une communauté faite de centaines de milliers de fans.
Objectif Gard : Peux-tu nous raconter les coulisses de ta signature à Thonon-Évian-Grand-Genève alors que tu avais rempilé avec Jura Dolois, club auquel tu étais très attaché ?
La saison avait commencé. J'étais parti pour me réengager avec le JDF (Jura Dolois Football, Ndlr) après une belle saison que ça soit individuellement ou collectivement. Mais il y a eu cette proposition du TEGG (Thonon-Évian-Grand-Genève, Ndlr) que je ne me suis pas vu refuser. Je m'étais attaché à ce club que je suis un peu triste de laisser, mon pote Jordan aussi (Jordan Aidoud, alias "Choupinou", Ndlr). Mais je suis surtout très heureux de m'être engagé dans une nouvelle aventure aussi ambitieuse que celle du TEGG.
Quel rôle Grégory Campi, ton ancien coach à Villefranche, a-t-il joué dans ce recrutement ?
Le coach Bryan Bergougnoux cherchait à compléter ce poste car il y avait des soucis au niveau des latéraux. Il voulait un joueur capable de jouer à droite comme à gauche. J'ai eu la chance que Greg Campi parle de moi. Derrière, le staff a trouvé ça intéressant. On a entamé des échanges et je suis allé les rencontrer. On a réussi à se mettre d'accord.
As-tu été surpris qu’un club de National 2 s’intéresse à toi ?
Oui et non, car lorsqu'on fait une belle saison en N3, en jouant beaucoup et en finissant sur le podium, on est très regardé. D'ailleurs, il y a six joueurs du JDF qui ont signé en N2 cet été. Je suis quand même surpris du timing car je ne m'y attendais pas du tout à ce moment-là. C'est très très valorisant qu'un club comme le TEGG s'intéresse à mon profil.
Ta réputation de footballeur-YouTubeur et les centaines de milliers de vues que tu enregistres sont-elles une plus value pour ta carrière de footballeur, ou au contraire un frein ?
Cette réputation, beaucoup peuvent la voir comme quelque chose qui pourrait m'avantager. Mais je pense que beaucoup oublient que je fais des vidéos depuis cinq ans alors que je joue au foot depuis l'âge de 5 ans, donc depuis 20 ans. Le foot, ça a toujours été toute ma vie et je me suis toujours donné les moyens d'atteindre les objectifs. D'ailleurs, bien avant mes vidéos, j'ai été en centre de formation (à l'OGC Nice et à l'AS Monaco, Ndlr) et j'avais déjà joué pas mal de matchs de N3. Je pense que comme c'est quelque chose qui est nouveau, il y a parfois un décalage avec certaines générations. Ça a pu me freiner par moments, par crainte de certains clubs. Aujourd'hui, certains comprennent que ça peut être une belle mise en lumière et j'espère que ça pourra m'aider à l'avenir. De toute façon, je pense que ce n'est que le volet sportif qui paye.
"Ce coach m'a énormément fait progresser"
Val' Liénard, au sujet de l'entraîneur adjoint de Thonon, Greg' Campi
Après des discussions avec plusieurs supporters de Jura Dolois, beaucoup me disent que tu leur manqueras autant en tant que joueur qu’en tant que YouTubeur. As-tu le sentiment d’avoir progressé en tant que joueur lors de cette dernière saison, notamment en te pliant à l'exigence athlétique de la division ?
Ce sont des gens que j'ai vâchement appréciés. C'était vraiment génial là-bas ! On a fait le record du club en termes de classement à cet échelon là. J'ai réussi à performer dans une équipe très compétitive de N3. Donc c'était un bel objectif d'arriver à m'imposer dans un club comme celui-là. J'ai été bien aidé et j'avais eu un gros déclic lorsque j'avais rejoint Greg Campi au VSJB (Villefranche Saint-Jean Beaulieu, Ndlr) en N3. Ce coach m'a énormément fait progresser, même si la saison n'avait pas été bonne collectivement. En jouant autant de matchs de N3 en deux saisons, on prend de l'expérience.
Tu as intégré le club au plus gros budget de la poule A de National 2. Les infrastructures sont dignes d’un grand club pro. As-tu le sentiment que c’est encore plus difficile de gagner des matchs quand on se présente sur le terrain en tant que candidat déclaré à la montée ?
Oui, forcément c'est plus difficile quand on affiche ses ambitions. On l'avait vu avec Alès en National 3. Nous étions attendus de partout ! Je l'ai vécu aussi l'an dernier avec Dole. Comme on jouait la montée, les équipes jouaient leur vie contre nous. Et je pense que ça va être le cas cette année en N2. Après, la petite différence, c'est que dans cette poule, il y a énormément de clubs qui ont l'objectif de monter. Presque un club sur trois a l'ambition de rejoindre le haut niveau.
Après avoir disputé tes premières minutes avec ton nouveau club en Coupe de France, tu es dans le groupe pour ce qui pourrait être ton premier match de National 2 de la saison à Alès. Quel lien/souvenir gardes-tu de ton passage à l’OAC ?
Je suis très content d'avoir été titulaire en Coupe la semaine dernière. Très heureux d'être du déplacement à Alès. C'était sans doute le déplacement de la poule qui me tenait le plus à cœur parce que j'y ai passé presque deux saisons. Et même si ça a été des saisons compliquées à cause du Covid, j'en garde des souvenirs extraordinaires, notamment grâce au parcours en Coupe de France. J'ai gardé des liens avec mes anciens coéquipiers. Tous les joueurs de mon époque qui sont encore au club sont des gens que j'apprécie, je pense notamment à Éric Moreau avec qui j'ai une belle amitié.
"C'est un club ambitieux et très sain"
Je garde un lien fort par le biais des joueurs, mais aussi avec tous les membres du club, de la direction au kiné en passant par les supporters avec lesquels j'avais beaucoup échangé. C'est tout un environnement que j'avais énormément apprécié et je suis très heureux qu'ils aient réussi à atteindre le niveau N2. Je suis certain qu'ils continueront à grandir dans les prochaines années. C'est un club ambitieux et très sain. Je garde tout de même un peu de frustration de ce passage car ça avait été deux saisons Covid où je n'avais pas beaucoup joué. L'aventure en Coupe m'avait marqué individuellement et marqué l'histoire de ma chaîne Youtube (rires).
Dans une vidéo que tu avais faite lorsque tu étais à l’OAC, Théo Peyrard avait remporté un jeu spécialement dédié aux attaquants (voir ci-dessous). Ne crains tu pas sa précision redoutable ce samedi ?
Théo, on peut le craindre. Pour moi, il représente tout ce qu'on peut attendre d'un joueur. Non seulement il a des qualités techniques, mais surtout c'est un gagnant, un compétiteur, quelqu'un qui est déterminé et qui a une envie supérieure à la moyenne. Quand quelqu'un est aussi affamé sur le terrain, c'est dangereux pour tout le monde et c'est pour ça qu'il s'impose dans un club comme l'OAC. D'après moi, beaucoup de supporters l'apprécient car en plus d'être un bon joueur, c'est un top mec. J'échange de temps en temps avec lui. C'est quelqu'un que j'apprécie énormément ! Mais ça m'arrangerait si ce samedi il pouvait laisser sa précision de côté.
À 25 ans, ton rêve de football professionnel est-il toujours d’actualité, sachant que le National 1 pourrait devenir la Ligue 3 ?
Bien sûr, c'est toujours d'actualité. Même si je sais que c'est très très difficile. Je suis très humble par rapport à ça car à mon âge ça reste très ambitieux de continuer à y croire mais je pense que la vie est faite de rêves et d'objectifs. Si cette réforme arrive, ça peut permettre à un rêve de devenir réalité. Mais on en est encore très loin, on va déjà essayer de s'imposer et de prendre du temps de jeu dans un club comme Thonon.