FAIT DU SOIR Nîmes Olympique en chute libre
Nîmes Olympique subit sa deuxième relégation en trois saisons. Les Crocodiles retrouvent le National qu’ils avaient quitté en 2012. Sans supporters et sans âme, le NO poursuit sa dégringolade. Pour avoir négligé certains fondamentaux, le club est puni sportivement.
Après avoir avalé le calice de la honte et du dégoût, les supporters de Nîmes Olympique ont la gueule de bois. Cette descente en National, ils s'y préparaient depuis plusieurs mois, mais elle fait quand même très mal. Surtout quand ils se souviennent que deux ans plus tôt, ils vivaient leur dernier match de Ligue 1. Mais cet échec est le résultat d’une politique, celle du président du club, Rani Assaf. Nous pourrions refaire la liste des décisions du président-actionnaire qui semblaient dangereuses pour le NO (abandon de l’agrément du centre de formation, conflit avec les supporters, politique tarifaire des places au stade, recrutement à bas prix, changement d’entraineur raté...) mais cela serait trop long.
Le travail du duo Blaquart-Boissier dilapidé
Nous ne retiendrons que l'une des plus récentes : celle de supprimer la musique au stade des Antonins, par souci d’économie, malgré les sommes dérisoires en jeu. Si cette décision n’a rien de grave et n’est pas responsable des mauvais résultats, elle est symbolique d’un état d’esprit incompréhensible. 2022-23 n’est que le prolongement d’une chute enclenchée avec le départ de Bernard Blaquart à l’été 2020. Depuis, le club vit une longue agonie. C’est dommage car le bon travail du duo Blaquart – Boissier méritait peut-être quelques égards.
Au lieu de cela, les semences qui avaient propulsé les Crocodiles dans l’élite du football français, ont été dispersées et rien n’en renaîtra. Mais les dieux du football nîmois réunissent rarement l’homme qui peut et celui qui veut. C’est donc sans recrutement de qualité, sans supporters, ni même de jeunes du club que le NO a chuté. Avoir ces éléments n’assure en rien de se sauver, mais s'en priver sciemment confine à la faute professionnelle. Au mépris de l’évidence, Rani Assaf trace sa route avec en ligne de mire son nouveau stade et son projet immobilier.
Aujourd'hui, le football se venge
Pendant ce temps, le drapeau de Nîmes Olympique, qui n’est pas sans gloire, pend le long du bâton qui le porte, parce qu’aucun souffle de vie ne le soulève. Aujourd’hui le football se venge et le NO fait partie des punis. Ailleurs, d’autres clubs comme Nantes, Niort et Valenciennes payent les gestions fantaisistes de leur président.
Management autoritaire, tentative d’effacer le passé, abandon du centre de formation, les raisons de la colère sont nombreuses dans d’autres clubs français tenus par des hommes d’affaires arrivés avec une vision personnelle de la gestion d’un club où la passion n’a point de place.
Les chiffres sont là pour personnifier la cause des échecs, la nature des malheurs et la raison des tourments. Nîmes Olympique n’a gagné que 32 de ses 112 derniers matches de championnats, et cela, avec quatre entraîneurs différents (Arpinon, Plancque, Usaï et Bompard). Cette période restera dans les annales du football nîmois comme une des plus belles manifestations du gâchis sportif. Face au désastre, les responsables politiques nîmois manifestent leur tristesse. C’est peut-être un peu tard alors que les supporters les alertent depuis des années.
Rendez-vous de la dernière chance avec la Mairie ?
Le ressenti qui est aujourd’hui installé entre les fans du club et sa direction apparait rédhibitoire. Alors quel avenir pour le NO ? Avec Assaf ? Avec les supporters ? Avec un nouveau stade ? Les questions sont plus nombreuses que les réponses et le chantier est considérable. Un rendez-vous entre le propriétaire du club et la Mairie est programmé. Une bonne partie de l’avenir du NO pourrait bien se jouer lors de cette entrevue. Faut-il en attendre une révolution ? Rien de moins sûr, car le président-actionnaire n’a jamais émis l’idée de vendre le club. Il reste le maître à bord.
Quant aux supporters, ils rêvent probablement un peu moins qu’il y a deux ans. Lors de leur manifestation devant la Maison carrée, le maire, Jean-Paul Fournier, avait promis qu’il serait ferme à l’égard de Rani Assaf. « On va voir ce qu’il a dans le ventre », disait-il avant de laisser échapper quelques larmes. Cette fois, les Nîmois resteront méfiants avant de s’enthousiasmer. La saison 2022-23 n’est pas encore terminée que l’on peut se tourner vers l’exercice suivant, à l’étage inférieur.
Le traquenard du National
Mais Nîmes aurait tort d’y faire preuve de suffisance car ce qui l’attend ne ressemble pas ce qu’il a connu en 2011-12 lors de son dernier passage dans la D3 du football français. Le niveau s’y est singulièrement relevé. Avec deux montées en L2 et six descentes en N2, l'endroit a tout d’un traquenard. À Nîmes, on n’oublie pas que le pire n’est jamais certain.