L'INTERVIEW Sébastien Larcier : « Prolonger le contrat de Frédéric Bompard, ce serait bien »
Alors que les Crocodiles vivent une période compliquée sur les pelouses et en coulisses, Sébastien Larcier évoque ses relations avec Frédéric Bompard et Rani Assaf. Le directeur-sportif du NO parle également de la décision de la Commission nationale d'aménagement commercial (CNAC) de rejeter le projet immobilier du nouveau stade. L’ancien joueur de l'Olympique d'Alès en Cévennes (OAC) revient avec nostalgie sur son passage dans les Cévennes et ses jeunes années en Normandie. Rencontre avec le nouvel homme fort de Nîmes Olympique.
Objectif Gard le magazine : Quel bilan faites-vous de ce début de championnat ?
Sébastien Larcier : Le bon, c’est l’ambiance et la qualité du travail. Le groupe, que l’on a construit, est très à l’écoute. En ce qui concerne les résultats ça pourrait être mieux. Il nous manque encore le détail qui nous permettrait d’être dans le bon wagon, en haut du classement.
Avez-vous identifié ce détail manquant ?
C’est un brin d’expérience, un brin de malice et quelques leaders. Sans cela, on perd le fil du match. Soit on continue de tous presser très haut, à condition d’avoir les moyens physiques de le faire, soit on accepte d’avoir un bloc plus bas et de laisser le ballon à l’adversaire, mais de réduire les espaces en restant solide.
Avec le manque de réussite, n'y a-t-il pas un risque que le doute s’installe dans l’esprit des joueurs ?
Bien sûr. On sent dans certains matchs qu’on recule, on concède beaucoup de coups-francs et on offre des occasions à l’adversaire.
« J'aimerais bien recruter des joueurs de Ligue des Champions, mais ce n’est pas la réalité du Nîmes Olympique »
Comment jugez-vous les performances des recrues qui sont arrivées cet été ?
Nous avons eu du mal à mettre tout le monde au même niveau athlétique en même temps. Je pense à Mathis Picouleau qui commence à être régulier, à Jonathan Mexique qui monte en puissance et qui nous apporte de la qualité technique au milieu de terrain avec son aptitude à casser les lignes et à varier le jeu long et court. Nous sommes aussi satisfaits des leaders et notamment du capitaine Formose Mendy qui prend beaucoup de place dans les vestiaires. Il est ce joueur de tempérament et de parole comme on en fait rarement dans le football.
Que vous inspirent les débuts des joueurs moins expérimentés ?
Parfois c’est bien et parfois on aimerait qu’ils grandissent plus vite. Ils manquent un peu de concentration, de malice et de vice.
Huit des joueurs que vous avez recruté évoluaient la saison dernière en N2 ou N3, ce qui suscite des inquiétudes et des critiques chez certains supporters. Que leur répondez-vous ?
On fait avec les moyens financiers que l’on nous accorde. J'aimerais bien recruter des joueurs de Ligue des Champions, mais ce n’est pas la réalité du Nîmes Olympique. Je pense que notre équipe est amenée à grandir et elle sera performante. Je l’espère dès cette année, mais au moins dans les années à venir.
« C’est plus facile de changer le coach que 22 joueurs »
Comment jugez-vous le recrutement nîmois de l’hiver dernier qui n’a pas permis de maintenir le club en Ligue 2 ?
C’est une déception. Pas sur la qualité des joueurs, mais sur leur niveau athlétique. On n’a pas pu ou pas su les amener rapidement au niveau souhaité.
Frédéric Bompard explique souvent que c’est Sébastien Larcier qui gère le recrutement. Êtes-vous le seul responsable en cas d’échec sportif ?
Sur le recrutement, oui. Le coach doit coacher et nous on doit mettre les structures en face pour lui permettre d’être performant. Je préfère me tromper sur un entraîneur que sur 22 joueurs. Si on doit changer quelque chose, c’est plus facile de changer le coach que 22 joueurs. Le coach a raison, il doit y avoir de la complicité entre lui et moi pour se tromper le moins possible, mais chacun sa partie.
De quand date votre complicité avec Frédéric Bompard ?
Notre association date de six mois. Elle reste à peaufiner, car même si on se connait depuis longtemps, nous n’avions jamais travaillé ensemble.
Comment faire revenir le public au stade des Antonins ?
On a ouvert les entraînements au public et on veut renouer le contact avec ceux qui veulent nous suivre. Mais nous ne sommes pas responsables de la billetterie, de la politique vis-à-vis des supporters. Du côté sportif, on fait le maximum.
Le président Rani Assaf s’est fait très discret ces derniers mois. Est-il facile de travailler avec lui ?
Il y a un contact régulier. Parfois on aurait besoin de plus de présence, mais il ne faut pas oublier que l’on a beaucoup de liberté dans le travail. Il joue son rôle dans la validation financière et sur les grandes orientations stratégiques du club. De mon côté, je n’ai pas envie de le solliciter pour un oui ou un non, alors ça me va bien.
Que pense-t-il du début de saison des Crocodiles ?
Il regarde tous les matchs. Il se demande pourquoi on mène souvent au score avant de se faire rejoindre.
Frédéric Bompard a déclaré, en début de saison, que l’objectif n’avait pas été fixé par le président. Quel est votre objectif cette année ?
On est d’accord que cette saison c’est le maintien. L’objectif que je me fixe pour le club, c’est de monter car je ne travaille pas pour me maintenir. On veut jouer la montée dans les deux prochaines saisons. Dans le football, ce qui fonctionne c’est la continuité.
La continuité, cela signifie prolonger Frédéric Bompard dont le contrat expire en juin prochain ?
Évidemment que prolonger le contrat de Frédéric Bompard ce serait bien car s’il faut recruter un autre coach qui a un autre style de jeu, ça pourrait être un handicap puisque j’ai fait un recrutement qui correspond à Fred.
Le 14 septembre dernier, la CNAC (Commission nationale d'aménagement commercial) a émis un avis défavorable au projet de nouveau quartier de Rani Assaf. Qu’en pensez-vous ?
La décision de la CNAC est un coup de frein au développement du club. La mairie se désengage et on n’aura pas de permis de construire. Il faudra en déposer un autre si on veut aller au bout de ce projet mais ça demande du temps et des coûts supplémentaires. Ce n’est pas un bon signal envoyé au club.
« Le plaisir ne dure que trois minutes le soir d’un maintien ou d’une montée »
Ce nouveau stade est-il indispensable pour le Nîmes Olympique ?
Tous les stades peuvent faire l’affaire, tout dépend ce que l’on ambitionne pour son club. Quand on voit ce que les nouveaux stades permettent de générer en termes d’argent, on ne peut plus s’en passer dans le football moderne. Après, on peut vivre sur ses acquis et sur le football romantique d’il y a 20 ans. J’aime ça aussi, mais il ne correspond plus à la réalité. Rani Assaf a conscience que ce n’est pas une bonne nouvelle.
En tant que directeur sportif, comment prenez-vous du plaisir ?
Je suis un passionné de foot et j’aime le regarder. Après le plaisir ne dure que trois minutes le soir d’un maintien ou d’une montée. C’est fugace et très vite on passe aux problèmes du lendemain.
Comment avez-vous découvert le football ?
Ma maman a treize frères et sœurs et mon papa a sept frères et sœurs. Mes oncles m’ont emmené voir les matchs du FC Rouen à Robert-Diochon. L’ambiance était folle dans ce stade. À cette époque, on avait encore le droit de jouer au foot à la récréation donc je jouais beaucoup à l’école sous le préau.
Quel était le joueur qui vous faisait rêver ?
J’étais fan de Diego Maradona. J’avais une cassette vidéo sur ce joueur que je n’arrêtais pas de regarder. C’était un magicien, un personnage hors-norme. À côté, Messi et Zidane sont très lisses.
À quel moment avez-vous pris la voie du football professionnel ?
Ma mère était urgentiste et mon père chauffeur routier, donc je ne le voyais pas beaucoup. Ma maman n’a jamais voulu que je passe par un centre de formation, car elle souhaitait que je privilégie les études. Mais je jouais à Pacy-sur-Eure en National, puis à Alès.
Comment s’est passé ce déracinement ?
J’étais à 800 kilomètres de chez moi, ça m’a fait bizarre. Nous sommes arrivés, avec ma petite amie qui est devenue ma femme. Au début, à Alès avec l’accent du sud, je ne comprenais pas ce que les gens disaient (Rires). Il y avait Nicolas Usaï, qui a un accent marseillais à couper au couteau, je lui demandais tout le temps de répéter, car je ne comprenais rien à ce qu’il disait.
Restez-vous attaché à l’OAC ?
J’ai adoré Alès et les Cévennes. J’aimais le côté familial. J’y ai rencontré des gens qui sont restés mes amis comme Loïc Chalier, Sirama Dembélé et Allan Petitjean. Et puis j’aime la nature et là j’y ai trouvé mon compte. Il y avait le côté évasion, c’était génial.
Comment s’est terminée l’aventure Cévenole ?
Quand Alès est rétrogradé, je signe à Martigues en National. Mais une semaine plus tard, la DNCG rétrograde le club et je m’engage avec Dijon. Au bout de six mois je veux quitter la Bourgogne car il y fait froid, il neige et les gens sont froids aussi. Mais à l'arrivée, j’y suis resté ans !
Auriez-vous pu jouer à l’étranger ?
L’année avant de venir à Alès, j’ai fait un essai à Saint-Mirren en Écosse, mais j’ai refusé de partir car je ne voulais pas quitter ma famille.
Avez-vous des regrets sur votre carrière de footballeur ?
J’ai arrêté le jeu parce que mon corps n’en pouvait plus. J’avais 31 ans, de l’arthrose aux hanches et on m’a trouvé une hypertrophie cardiaque. Je me suis immédiatement reconverti dans le recrutement parce que j’avais envie de voyager. J’ai découvert l’Afrique, l’Asie, et l’Amérique du Sud. J’ai ouvert mon horizon.